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Ne pas se tromper de taxi...

Publié le 24 avril 2011 par Anik

Il y avait ce marin qui, soucieux de ne pouvoir se faire entendre du cheuffeur de taxi, ni en japonais ni en anglais, alors qu'il demandait à être conduit à Yokohama, le port de Tokyo, eut l'idée géniale de dessiner un bateau.

" Wakarimas! " s'écrie le chauffeur avec un sourire : "Je comprends"... Le taxi se lance alors dans une course folle à travers les gigantesques dédales anonymes du grand Tokyo. A l'heure où le marin aurait dû embarquer, le port n'était toujours pas en vue. En revanche, le chauffeur de taxi, très souriant, l'avait mené à quarante-cinq minutes du centre de la ville, devant un cabaret à l'enseigne d'un bateau.

C'est ce qu'il risque d'arriver à qui veut "expliquer" ou s'expliquer sur la poésie. On conduit au cabaret au lieu d'aboutir au port et au navire pour prendre la mer. Cmment expliquer ce qui est inexplicable : la poésie ? Sinon comme le fait l'Evangile, lorsqu'il veut mettre en présence du mystère : il s'efface derrière une parabole. Il y a, entre le poète et nous, la même différence qu'entre le marin et le chauffeur de taxi. Terminer au cabaret menace essayiste, philosophe, professeur ou journaliste. A quoi aboutissent nos livres, nos articles et dissertations sur "la fable mystique", l'herméneutique, la catéchèse ou l'exégèse ? Au bar ou au port ? Manquerait-on d'humour pour admettre la question ?

...Philosophe, théologien, professeur, journaliste, écrivain sont donc investis d'une redoutable responsabilité ! Selon leur interprétation, selon leur regard, selon leur expérience ils conduiront au bar ou au port... Il s'agit de ne pas se tromper de taxi.

extrait de "La beauté sauvera le monde" de Bernard Bro

P.S. bonne méditation...!

Casimir Malevitch : "un anglais à Moscou" - Amsterdam, Stedelijk Museum

http://artsplastiquesdaudet.free.fr/Galerie/galerie1/image27.jpg


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