Magazine Talents

Un regard et tout bascule... Honey bouquet

Publié le 19 mai 2011 par Adamante

JEUDI CHEZ LES CROQUEURS DE MOTS

PASCALE

Rose de miel

 

Honey-Bouquet-11_1100.jpg
Merci à TOUN pour la photo de cette reine, d'autres vous attendent dans son palais.

Elle avait pour nom Rose de miel, avec ce nom, elle aurait pu être fille d’un empereur Chinois ou tout au moins d’un haut dignitaire, mais elle n’était fille que d’un serviteur au parc d’un empereur.

L’histoire ne dit pas de quel empereur c’était, ni s’il était Chinois, ce que l’on suppose, ce que l’on sait, c’est qu’il était amoureux des belles.

Tout dans son palais n’était que beauté, harmonie et perfection des formes.

Chaque matin, il exigeait de voir toutes les dames de la cour réunies au parc du palais. Il tenait à les saluer et choisir celle qui serait l’élue du jour, celle qui viendrait passer la journée en sa compagnie, au palais.

Rose de miel, épanouie, somptueuse ce matin-là, parée de sa belle robe vaporeuse aux tons de miel, comme son nom, attendait craintivement le passage de l’empereur.

Comme chaque jour depuis sa naissance, son père et ses sœurs en faisaient des gorges chaudes, tout le monde voulait être à la hauteur, se montrer sous son plus beau jour, dans ses plus beaux atours.

Ses sœurs quelque peu vaniteuses rêvaient d’être choisies.

Rose de miel, candide, ignorait à quel point elle pouvaient être jalouses de son extraordinaire beauté.

Elle était inquiète ce matin-là, quelque chose en elle lui disait de se cacher. Il courait tant de rumeurs sur le sort réservé aux élues. Certains disaient qu’il n’y avait rien de plus merveilleux, d’autres rien de pire.

Le père de Rose de miel était très fier de sa fille préférée, il faisait tout ce matin-là pour que l’on ne voit qu’elle. Ses sœurs tentèrent bien de la repousser au second rang, tandis que Rose de miel, animée de ce néfaste pressentiment, les laissait faire, mais le père mécontent y avait mis bon ordre. Rose de miel, selon son désir, serait devant, il n’y avait pas de discussion possible.

Quand l’empereur arriva, il salua le père, le félicitant de son talent à honorer à tel point la beauté. Puis il mit un genou à terre devant Rose de miel toute confuse.

Elle pouvait sentir l’haleine haineuse de ses sœurs effleurer sa nuque lorsque l’empereur se mit à chanter sa beauté avec des mots que Rose de miel n’avait jamais entendus.

Il parlait d’étoiles, de firmament, il la comparait à des déesses qui lui étaient totalement inconnues.

Enfin, il claqua dans ses mains. Un serviteur accouru lui remettre un objet avec lequel l’empereur, plein de délicatesse et de respect, sectionna le seul lien qui attachait Rose de miel à son père.

Rose de miel épouvantée se sentit enlevée dans les airs jusqu’au nez de l’empereur, lequel était orné d’une impressionnante moustache qui faillit la faire éternuer.

Elle n’eut même pas le temps de faire ses adieux, elle fut emportée, loin des siens, si petite entre les mains immenses de l’empereur.

Ce géant à la voix douce et grave lui disait qu’elle était la plus belle des belles qu’il eut jamais connues et qu’il la voulait immortelle, afin de la garder près de lui et de pouvoir l’admirer toujours.

Arrivée au palais, au lieu de se retrouver, comme tant d’autres avant elle, dans le vase cloisonné de Chine de la grande salle impériale, où une simple journée venait à bout de leur fraîcheur et de leur beauté, elle fut trempée toute vive dans un bain d’or en fusion par l’alchimiste du palais.

Elle eut un sentiment d’effroi, elle ressentit une brûlure intense puis un froid glacial s’insinua jusqu’au cœur de son âme, la privant à jamais de l’air qu’elle aimait tant. Elle mourut, victime de sa trop grande beauté.

Alors l’alchimiste déposa la dépouille de Rose de miel sur le plus beau des coussins de brocard, et l’apporta en grande cérémonie à l’empereur.

Celui-ci souriant, heureux de pouvoir à loisir l’admirer encore et encore, l’accrocha avec satisfaction au revers de son habit.

On dit que le lendemain, lors du passage de l’empereur, au jardin du palais, le père de Rose de miel, reconnaissant sa fille, plus lumineuse que le soleil sur l’habit de l’empereur, eut une larme qui le fit se dessécher de chagrin en quelques jours.

Rose de Miel

A séduit un empereur

Une robe d'or

Une larme de rosier

Les abeilles se sont tues

©Adamante

LE PALAIS DES REINES


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine