Magazine Humeur

Vue de Belgique...

Publié le 22 mai 2011 par Trinity

le_vif

jeudi 19 mai 2011 à 15h49

Pascal de Sutter, sexologue et professeur de psychologie à l’université catholique de Louvain, revient sur l’affaire Dominique Strauss-Kahn. Expert en psychologie politique, il est l’auteur du livre à succès Ces fous qui nous gouvernent.

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Dominique Strauss-Kahn et son épouse, Anne Sinclair. © Reuters/Charles Platiau

Le Vif/L’Express : Quelle lecture faites-vous de l’affaire DSK ?

Pascal de Sutter : Quelle que soit l’hypothèse, même celle d’un coup monté, il y a eu une erreur stratégique de la part de Dominique Strauss-Kahn et de son entourage proche. L’homme a depuis longtemps une réputation de séducteur, de harceleur même. Dès lors, vu son passé et le contexte – il aurait été le meilleur atout de la gauche dans la future campagne présidentielle -, on n’aurait jamais dû laisser DSK seul, dans une chambre d’hôtel. C’était une folie. Bref, son environnement l’a mal protégé. Dans le cas où DSK aurait fait des avances appuyées à une femme de chambre, sans qu’il ait commis une agression ou un viol, voire dans l’hypothèse où la victime présumée relaterait la vérité, cela démontre ce que j’ai déjà écrit : les hommes politiques agissent de façon bien plus émotive que rationnelle.

On dit que le monde de la politique est celui de la séduction.

Pour être un leader, il faut être un mâle dominant : l’un ne va pas sans l’autre. Ainsi, les hommes politiques aiment s’entourer de belles femmes. Beaucoup d’entre eux sont des grands consommateurs sexuels, parfois de façon compulsive : ils ont alors des rapports sexuels plus fréquents ou accumulent les partenaires, ou parfois, recourent à la prostitution.

Les femmes de pouvoir développent-elles le même appétit sexuel ?

Chez les hommes de pouvoir, le sexe sert souvent de déstressant. Chez les femmes, au contraire, la recherche a montré que le stress annule tout désir sexuel. On voit parfois des femmes de pouvoir se masculiniser : ces femmes couguars adoptent alors la position du mâle dominant.

On ne note pas ce type de dérapage en Belgique. Nos hommes politiques produiraient-ils moins de testostérones ?

Non ! De nombreux hommes politiques ont une vie sexuelle très active. Mais la majorité d’entre eux sont des séducteurs, pas des prédateurs. Il ne faut pas jeter le discrédit sur l’ensemble de la classe politique. Quelques-uns, en revanche, ont des comportements inadmissibles. Ce sont des faits rares mais connus. Les journalistes le savent, qui restent très discrets. Ils ne s’y risquent pas, car la population rejette ce qu’elle considère comme « agressivité » journalistique. Cela n’est pas le cas aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne.

Vous évoquez également la « complicité » de l’entourage de Dominique Strauss-Kahn.

Celui de DSK, mais des hommes politiques en général. Leur entourage les pousse en quelque sorte au « crime ». Ils sont entourés de belles femmes, qui parfois les « allument » et certains craquent. Mais ils sont aussi habitués aux faveurs : on leur fait sauter leurs petites amendes, on leur offre la plus belle chambre, alors pourquoi ne pourraient-ils pas « avoir » les plus belles femmes ? Ils en viennent peu à peu à penser qu’ils peuvent tout se permettre, grâce à leur position et parce que les autres laissent faire.

Propos recueillis par Soraya Ghali

vendredi 20 mai 2011 à 17h39

Les hommes de pouvoir, comme  Dominique Strauss-Kahn, ont tendance à multiplier les conquêtes. Mais sans passer à la violence pour autant.

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© Image Globe / HORACIO VILLALOBOS

Les rapports entre pouvoir et sexe ont déjà été analysés sous tous les angles. C'est qu'ils sont nombreux, ces dirigeants à s'être distingués par leurs frasques sexuelles : de Mussolini à Mao, en passant par Mitterrand, Clinton ou Berlusconi, le pouvoir semble développer un appétit sexuel sans limites. L'exercice de la puissance est une arme de séduction d'autant plus efficace qu'il apporte avec lui l'argent et la sécurité. Le physique n'est pas déterminant : des femmes interrogées jadis lors d'un sondage trouvaient que Raymond Barre ne manquait pas de sex-appeal... Et plus près de chez nous, il suffit de voir la cour de jeunes dames qui entourent certains hommes politiques.

Mais l'amour du pouvoir et, donc, de la domination peut parfois conduire à des dérapages. Car, plus le succès grandit, plus le code moral se rétrécit. C'est ainsi qu'on passe de la « banale » aventure extramaritale consentie avec une employée ou une stagiaire (Clinton, par exemple) à un viol ou une tentative de viol punissable par la loi. DSK a-t-il franchi cette ligne rouge ? En lisant le témoignage de la femme de chambre du Sofitel de New York, cette affaire-ci suivrait la même logique que la mésaventure relatée par la journaliste et écrivaine Tristane Banon, en 2002. La jeune dame avait sollicité une interview de Dominique Strauss-Kahn. Selon elle, l'homme s'est comporté comme un « chimpanzé en rut » et l'entretien s'est fini « très, très violemment ». Tristane Banon n'a pas déposé plainte, car le pouvoir fascine autant qu'il fait peur : « Je n'ai pas osé aller jusqu'au bout, je ne voulais pas être jusqu'à la fin de mes jours "la fille qui a eu un problème avec un homme politique" », concluait-elle en 2007. L'omerta sur le sexe n'est pas l'apanage de la seule Eglise : elle se pratique dans tous les milieux où s'exerce le pouvoir.

Si les faits de New York sont avérés, DSK rejoindrait ainsi un club plus fermé de détenteurs de l'autorité devenus délinquants sexuels, réels ou supposés, où l'on retrouve l'ancien président israélien Moshé Katzav, qui a dû démissionner en 2007 à la suite de deux viols dont il s'est rendu coupable sur une de ses subordonnées à l'époque où il était ministre du Tourisme, il Cavaliere Silvio Berlusconi, accusé de relations sexuelles avec des mineures d'âge, le président africain Jacob Zuma, finalement acquitté (par faute de preuves) du viol d'une jeune fille séropositive en 2006, l'ancien vice-Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, devenu chef de l'opposition et bientôt jugé pour actes de sodomie à l'encontre d'un ex-conseiller...

D'après le Pr René Zayan (UCL), hommes politiques et chefs d'entreprise sont des dominants, riches en testostérone et en dopamine, et donc naturellement polygames. Sans présumer de la suite de l'enquête américaine, la comparaison entre DSK et un « chimpanzé en rut » (dixit Tristane Banon) vient toutefois à point nommé pour illustrer les rapports entre sexe et pouvoir. « Chez les grands singes, les chefs sont toujours les plus actifs sur le plan hormonal, ce qui leur donne priorité pour couvrir les femelles », rapporte Gilles Goetghebuer, spécialiste du dopage et rédacteur en chef du magazine Sport et Vie. Ces fluctuations de testostérone ne seraient pas la cause mais la conséquence du pouvoir : « Si l'on dope un singe dominé, on n'en fait pas un dominant pour autant, poursuit le journaliste. En revanche, si les hasards de la vie lui permettent d'occuper une place de leader, un réveil hormonal se produit. »

Cette prérogative dure jusqu'à ce qu'ils chutent de leur piédestal. La théorie est cependant battue en brèche par le psychiatre français Laurent Karila, pour qui l'addiction sexuelle n'a rien à voir avec le pouvoir. Selon lui, elle est comparable à l'assuétude au tabac ou à l'alcool (aux Etats-Unis, toutes ces addictions sont placées sur le même plan), et à l'incapacité pour une personne à réguler sa consommation, « même si elle sait que cela peut lui être préjudiciable ». D'où la théorie d'un acte quasi suicidaire de la part de Strauss-Kahn. L'homme aurait choisi la prison pour éviter une autre prison, celle de l'Elysée, dont il ne voulait pas dans son for intérieur. C'est finalement un comportement bien plus rationnel que bestial...

FRANÇOIS JANNE D'OTHÉE

vendredi 20 mai 2011 à 10h30

Dans l’affaire DSK, un mystère semble planer autour de celui qui se présente comme le « frère » de la victime. Celui-ci, Blake Diallo, s’est exprimé publiquement à propos de la femme de ménage qui accuse Dominique Strauss-Kahn de l’avoir agressée sexuellement dans la suite n°2806 du Sofitel newyorkais.

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Blake Diallo est le gérant d’un café-restaurant à Harlem, où Nafissatou a ses habitudes. © Reuters / Lucas Jackson

Blake Diallo a déclaré à propos d’Ophélia (dont on connaît maintenant le vrai nom, Safissatou Diallo) : « Ma sœur m’a appelé samedi après-midi en pleurant pour me dire : ’’ quelqu’un m’a fait quelque chose de vraiment mal ’’. J’ai été agressée. » Avant de préciser qu’elle était « en état de choc » et qu’elle « pleurait tout le temps ».

Blake Diallo est le gérant d’un café-restaurant, boulevard Frederick Douglass, à Harlem, où Nafissatou a ses habitudes. En réalité, il n’est pas le frère biologique de Nafissatou. D’ailleurs, elle est guinéenne, lui est Sénégalais. Des membres de la communauté sénégalaise en Belgique, l’ont formellement reconnu à la télévision : Blake Diallo vient de Ziguinchor, la capitale de la Basse-Casamance dans le sud du Sénégal, où son père, greffier au tribunal et président du club Casa-Sport, est un notable de la ville.

Pourquoi Blake présente-t-il alors Nafissatou comme sa sœur ? Elucubration ? Mythomanie ? En réalité, Blake peut très bien être le « frère » de Nafissatou, au sens où les Africains l’entendent. Au Sénégal, on appelle « mon frère » ou « ma sœur » non seulement les membres de sa famille biologique, mais aussi les proches avec lesquels on a tissé une relation affective et de confiance. Celui ou celle qu’on appelle « ami(e) » dans nos pays est souvent appelé « frère » ou « sœur » au Sénégal et dans les pays voisins. La famille africaine est plus élargie que la famille occidentale… Et les Diallo sont très nombreux dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest, comme les Dupont en France ou les Smith aux Etats-Unis. Blake serait donc bien le « frère » de Nafissatou. Au sens africain.

Thierry Denoël

vendredi 20 mai 2011 à 09h20

Le tabloïd "The New York Post" a accusé jeudi dans un article au vitriol les "décadents", "dépravés", "malodorants" qui commettent des "crimes passionnels" à New York d'avoir un point en commun: être "étrangers", en référence aux démêlés judiciaires de Dominique Strauss-Kahn.

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"Assez, c'est assez! Il faut se débarrasser des salauds. De l'automne à l'été, ils arrivent sur nos rives, les décadents, les dépravés, les malodorants, les cupides, les saouls, les déments", écrit le NY Post.

"Ce sont des hors-la-loi, des violeurs présumés. Les criminels mesquins qui commettent des crimes passionnels... Ils ont un point en commun: ce sont des étrangers", poursuit le tabloïd à grand tirage dans une chronique d'une de ses commentatrices.

Le "NY Post" tire à boulets rouges sur des dirigeants étrangers et des diplomates qui, selon lui, ont corrompu la Grosse Pomme, car ils n'ont "aucun respect pour les valeurs américaines".

En France, les compatriotes de DSK préféreraient "manger de la moutarde plutôt que de forcer un mécréant à faire face à la justice américaine", poursuit le journal dans un article coiffé de la photo de Roman Polanski, célèbre réalisateur franco-polonais qui avait fui les Etats-Unis début 1978 avant la décision du juge pour des accusations de viol.

Levif.be avec Belga


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