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Jour 63

Publié le 24 mai 2011 par Miimii
Jour 63

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D. est venu me sauver, moi qui étais prisonnière de ma forteresse noire, alors que le menaçant violeur d’enfants qui m’a foutu les boules, n’était autre que le gardien de la résidence que je n’ai pas reconnu dans le noir car il portait une capuche ...

Nous montons chez moi. Il m’explique qu’il est arrivé aujourd’hui mais qu’il avait enchaîné une visite chez son père et ensuite le pot d’anniversaire d’une amie... Ou je ne sais pas quoi ?! J’étais encore sous le choc des petits coups sur la vitre, j’en avais encore le cœur qui bat. Je me jette sur mon canapé pour enlever mes chaussures, il vient pour s’asseoir près de moi, m’embrasse sur le front et me dit : « Tu pues la cigarette ma puce. Ça va ? Raconte moi ce que tu as fais ces jours ci ?! »

Je le regarde froidement, ..., je suis mal à l’aise, je ne trouve rien d’autre à raconter qui le concernerait :

« Tu as envies de dîner ? »

« Non, pas vraiment... et toi ? »

« Non, du tout » et dans ma tête, je me disais que j’étais dégoutée... et gênée. Comment lui dire que Sam est là et que demain on dîne tous les deux pour mettre les points sur les « i ». Moi qui me suis promis de ne plus rester secrète, il fallait que je le dise. Des jours et des jours de travail sur moi-même, d’espoir et de résolutions que je jette au premier obstacle ?

Je garde le silence, j’ai l’air pensif. Je le regarde j’ai envie de pleurer, il a l’air très content de me voir et la culpabilité me ronge, et d’ailleurs ce changement de comportement radical de ma part me met dans l’incompréhension totale. D’habitude, je n’y aurais même pas pensé, ce n’est pas son problème ce que j’ai à faire demain soir, et il est même totalement interdit de me poser des questions sous peine de me voir fuir prétextant d’étouffer.

Il allume la télé, et comme je suis toujours muette, il me regarde : « Tu vas bien ? ... Dis-moi... »

« Quoi ? »

« Ben ch’ais pas... T’as l’air bizarre...Tu veux que je parte ? »

« Mais non, jamais de la vie... Raconte-moi-toi, ça a été ? »

« Oui, j’arrête mon job d’étudiant... J’en ai marre, je trouve ça débile à mon âge de faire des figurations ou des petits rôles, ça n’a jamais été mon aspiration. Je suis allée à Londres faire le dernier truc dans le domaine, je te le montre dès qu’on me l’envoie, tu me dis ce que tu en penses. Je pense que je suis trop vieux pour ces conneries. Je vais vieillir avec une étiquette si ça continue, et ça ne me dit rien. Et puis, Papa se fait vieux, et il ne peut plus assurer, je dois m’occuper des terres agricoles familiales où j’ai des projets de modernisation, d’ailleurs j’ai visité quelques boîtes d’équipements agricoles et je pense sérieusement à étendre l’activité. Qu’est ce que tu en penses ? Que j’arrête de faire le beau à la télé et de passer pour un mec superficiel ? »

Il me fait éclater de rire.

« Je pense que c’est bien, et que c’est une décision à laquelle tu as du réfléchir longuement. Et puis, je suis contente de voir que tu as des plans... Je suis fière de toi. »

« Oh, déjà, ..., je n’ai encore rien fait ma chérie, si je me retrouve dans la dèche, je repartirais montrer ma gueule pour me faire quatre sous... Je serais bien obligé. »

« Tu n’auras besoin de rien. »

« Tu te portes garante ? »

« Quelque part, oui... D’ailleurs, je voulais te dire... »

Je comptais me lancer, lui dire qu’il m’avait manqué...que je pensais qu’il avait raison et que j’aimerais m’installer sérieusement et que s’il était prêt... Je ferais officiellement ma demande de relation en vue de devenir un couple digne de ce nom.

« Et toi ? Tes affaires, tu avances ? Au boulot ? Le local et Samuel ? »

Aïe !

« Heu... Oui, au boulot mon bosse a les boules, je ne suis quasiment jamais là, et j’envoie des mails à pas d’heure. Je veux dire, je fais mon taf, alors il ne peut vraiment rien dire. Mais je n’ai pas d’horaire, je ne suis jamais présente au bureau et je ne préviens même pas quand je vais voir un client, alors il n’est pas vraiment content. Pour le local, j’ai trouvé un bureau sympa au lac, mais je dois encore négocier le prix et voir avec Samuel si c’est bon. Tu sais je n’ose pas trop prendre des décisions, il est un homme d’affaires chevronné, je préfère le regarder faire et apprendre. Donc, il est venu aujourd’hui, pour quelques jours, histoire de régler les derniers petits détails avant de passer aux choses sérieuses. J’ai vu un avocat et un comptable et j’attends d’y retourner avec lui. Il a dit avoir relancé quelques contacts ici pour entrer en contact avec d’éventuels revendeurs et surtout des gens qui pourraient nous aider au niveau de la promo. On va essayer de les voir les prochains jours... »

J’attendais sa réaction...craintive.

« Et bien, je suis heureux de voir que tout roule, essaie d’en tirer profit au max tant qu’il est là, pour avancer, et essaie de nouer les contacts, si un jour t’as envie de naviguer en solo. Je suis tout aussi fier de toi, ce n’est pas facile, j’en suis sûr, de concilier les deux... le boulot et ton projet. »

« Et, tu oublies la recherche. Tu sais je n’ai toujours pas terminé ma part pour l’article sur l’achat impulsif que mon encadreur veut publier dans le prochain RFM (revue française de marketing). Pourtant Dieu seul sait, que le soir dans mon lit, j’essaie de lire ces putains d’articles en anglais sur la psychologie du consommateur, mais je suis KO. »

« On s’entraidera... j’ai pas mal de recherches à faire sur les nouvelles technologies dans le secteur agricole, je n’ai pas choisis l’activité parce que je dois voir des experts qui doivent me conseiller en fonction du type et de la qualité de la terre. Et ensuite, j’aurais sûrement besoin de préparer un business plan et des dossiers pour des demandes de financement et de subventions. Tu connais mon père, à lui seul, la hiérarchie est aussi sclérosée que la banque mondiale. Il faut tout lui présenter par écrit pour avoir son aval et commencer à travailler. C’est le projet de sa vie, je ne vais pas tout reprendre et faire des changements sans son accord. »

« Je comprends, ... Je comprends... Tu es un fils à papa... » Et j’explose de rire.

« Dis ce que tu veux sale gamine... comme si toi, tu n’en n’étais pas une. La rebelle à papa. »

« D. ... Sam est là et il veut qu’on dîne demain pour mettre les choses à plat... »

... on rigolait, et tout allait bien... je devais lui dire... je n’ai pas pu me taire, c’est sorti...Il a bien compris qu’il ne s’agissait pas de questions professionnelles mais bel et bien personnelles.

« Oui, vas y. mais appelle le « Samuel ». Sam ça fait de lui un proche, pour le moment j’ai encore du mal. »

« Arrête tes bêtises, mais OK. »

Il ne dit rien ... Je reprends, l’angoissée de service.

« ça te pose un souci ? »

« Non pas à souci à proprement dit, mais bon... Je me dis qu’on en aura bientôt fini. »

« Ecoute, je lui ai dit que je n’avais rien à lui dire... mais bon lui, il en aurait à dire. Alors, je lui dois bien ça et d’autant plus que je ne supporte plus cette ambigüité qui réside entre nous. Je veux l’entendre, lui répondre et m’assurer que c’est un sujet clos. »

« Oui, c’est pour ça que ça ne me pose aucun souci, je connais ton intention... je la vois dans tes yeux. Ils ne mentent pas, ils te trahissent quand tu mens... alors à eux... je leur fais confiance. Je vois que tu es contente de me voir et que cette histoire te pèse. C’est la première fois que tu me parles de toi-même, sans que je te pose de questions. J’ai confiance en toi, et je vois les efforts que tu fais. J’ai confiance que tu es une fille géniale et je l’ai toujours pensé, et je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu ne sois plus cette fille torturée, par elle-même, permet moi de le préciser... Tu mérites le bonheur, parce que je t’ai vue heureuse, tu es tellement sublime quand tu es heureuse. C’est là que je dois devenir jaloux... Quand je te rendrais heureuse. »

J’en avais les larmes aux yeux, et mes yeux riaient, mon cœur riait, je me jette dans ses bras et je n’arrive plus à le lâcher et j’ai même failli cracher les trois mots. Je me suis retenue in extremis.

Il a passé quelques minutes encore près de moi, il ne m’a pas touchée... Il faisait bien attention de se retenir. Je le voyais, il me mangeait des yeux et c’était réciproque, mais je considère que j’en ai assez fait pour ce soir... Et puis, j’aime bien cette torture... elle est saine, c’est un jeu de séduction qui pourrait aboutir à un ... « couple ».

Il a finit par partir,... je sais pourquoi il est parti, il veut que je me décide une fois pour toute. Je le connais bien maintenant.

Je me sens comme une adolescente, j’écoute cette chanson « someone like you » (Adele, 21), en boucle, vautrée sur mon canapé, en souriant bêtement et en roulant une mèche de cheveux autour de mon index... D’ailleurs comment s’appelle le doigt qui est juste après ?... J’ai un trou... j’ai oublié :).

Mais on s’en fout, je me sens heureuse avec des ailes qui poussent. Il est à croquer et il vient de partir et il me manque déjà. Il est déjà 01h00 du matin, j’ai un rendez vous au bureau à 9h, je dois être fraîche comme une rose. Je ne ressens pas la sensation de faim, pourtant je n’ai rien mangé depuis le petit dèj, un café noire... comme était mon âme. Mais je l’ai pissé ce café pour blanchir mon âme... Je me sens mieux... Je vais bien... Ne t’en fais pas...


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