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Amélie Nothomb - Attentat

Publié le 25 mai 2011 par Naira
Amélie Nothomb - Attentat"Epiphane est un homme laid qui ne s'ignore pas, mais qui est beau d'intelligence et de culture. Il tombe sous le charme d'Ethel, beauté pure qui est la première à lui accorder amitié et douceur. Lui, qui méprise les diktats de la beauté établis par notre société, est en quête du sublime qu'il trouve en la personne d'Ethel, sa muse, sa madone."Il faut l'avouer Amélie Nothomb percute et l'uppercut fait mal. Tordus et tortueux tant du point de vue psychique que physique, les voyages qu'elle offre dans ses livres, voguant à travers l’esprit de ses personnages, suivent de très près leur évolution face à un événement perturbateur notoire et débouchent sempiternellement sur une fin brutale et spectaculaire. C’est ce côté psychologique (exacerbé sans être pour autant trop complexe) et la brièveté de ses opus (qui met en exergue l'impact final) qui font de ses produits de vrais petits pains à la portée de tout le monde. Ce côté tranché - et tranchant - et une originalité non négligeable a vite fait de l'envoyer au sommet. Mais... il y a toujours un mais. Le souci Nothomb? Elle ne se renouvelle pas pour un sous. Le filon découvert, il est - et sera -  exploité jusqu'à la moelle et, à force d'utiliser le même canevas, les erreurs et grossièretés transparaissent. Erreur de jugement, sans doute. S'ajoutent à cela une réelle non-originalité thématique et un manque de consistance qui, excusables les premières fois, déçoivent à la longue.Datant de 1997,  Attentat a le net avantage d'être un de ses premiers romans. Gardant la fraicheur de la jeunesse et touchant celle-là même de par le milieu décrit (à savoir le mannequinat), Amélie fait mouche et l'on se trouve rapidement englué dans la toile du roman. Un thème universel dans un contexte actuel, un rythme narratif sûr, quelques questionnements vaguement philosophiques et deux ou trois mots compliqués (mais juste ce qu'il faut pour ne pas perdre le lecteur), voilà un choix sans erreur  pour toucher une très large partie du public. En plein dans le mille. La question de la monstruosité, obsession de Victor Hugo, est ici remise à l'honneur à travers les carcans de beauté contemporains et l'ascension vertigineuse du paraître, bichon frisé des magazine à sensation.  C'est osé, c'est grotesque et c'est fortement risible dans le monde qui est le nôtre. C'est vrai que l'amour platonique qui en découle est mièvre mais n'oublions pas qu'Amélie ne cherche pas à innover. Après tout, Roxane ou Esmeralda étaient-elles des lumières? Probablement pas. Belles et généreuses, c'est suffisant. L'important, c'est le protagoniste dans toute son étrangeté. Car la supériorité intellectuelle ne rend pas insensible ou moins insensé face aux sentiments. 
Pourquoi? Comment justifier nos sentiments? Comment expliquer notre manque de rationalité face à ceux-ci? Si l'auteur ne répond pas plus à ces questions universelles que ses prédécesseurs, elle offre au lecteur une énième histoire tragique à vivre au fil des pages en guise de catharsis... Cette purge a dès lors le mérite d'estomper très habilement les imperfections incontestables du roman. Une brillante idée... Chapeau!*Pour en revenir à l'auteur, elle n'est certes pas de ceux à lire absolument. Toutefois, à l'heure où la lecture est un luxe, Amélie Nothomb a l'avantage non négligeable de la rapidité de lecture et de l'appréhension globale aisée (et il va de soi que ça paie!). Ainsi, si vous n'avez pas le temps de vous plonger dans des classiques aux 800 pages et plus si affinités ou simplement lorsque vous avez envie d'une lecture rapide et pas trop compliquée - mais qui ne finit pas bien (pour changer du Marc Lévy et consorts) -, il se peut que vous trouviez bonheur ou satisfaction parmi ses oeuvres. Il reste toutefois déconseillé de lire ses ouvrages en chaine. Le risque encouru? Une allergie aux couvre-chefs.* Où ça un mauvais jeu de mots?

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