Magazine Journal intime

One Day

Publié le 08 juin 2011 par Stephanenyc @500mots

- Hey !

- Bonjour.

- Comment va ?

- C’est lundi…

- Demain c’est mardi. Merci pour l’info. Ça roule ?

- Lundi. Boulot. Galère.

- T’as passé un bon weekend, au moins ?

- J’ai survécu le weekend. En dépit de la fin du monde et de ce maudit pollen.

- Tu as survécu. D’autres sont morts. Des vieux, des moins vieux. Maladies. Tragédies. Partout. Tout le temps. Tiiiic-taaac. Tiiiic-taaac.

- Ne jouez pas au con. Je ne suis pas d’humeur.

- C’est toi qu’est con.

- Je vous demande pardon ?

- J’dis que t’es con. Tu survis le weekend pour mieux agoniser la semaine. C’est con.

- Il faut bien vivre. Payer les factures.

- T’appelles ça vivre. Moi j’appelle ça être en vie.

- Vivre, être en vie, exister. Même principe. L’espace entre le début et la fin.

- Être en vie c’est manger, dormir, baiser. Vivre c’est avancer. Exister c’est créer.

(amertume)

- Je survis. J’agonise. Je suis con. Je n’existe pas. J’ai l’impression d’étouffer.

- TU T’ETRANGLES avec ta putain d’cravate. Ce noeud coulant. De pendu. Tu manques d’air. Ne respire pas simplement pour survivre. Respire pour exister.

Soupire.

- C’est quoi ta passion?

- Ma passion? Ma passion. Ma passion…

- Y a bien un truc qui t’fait vibrer.

- Vibrer

- Ouais, vibrer. Un truc qui t’branche. Un truc qui t’définit.

Silence

- Me définit? Rien. Plus rien.

- T’es qui, mec?

Long silence.

- Personne. Rien. Depuis l’enfance, on construit une image de soi-même, expérience après expérience, une mosaïque composée de petits morceaux d’existence. Puis un jour on ouvre ses yeux et le miroir de sa conscience reflète l’image d’un étranger. La mosaïque est bâtie sur du sable. Sur du sable mouvant. Le temps dissout l’être, le squelette. L’âme.

- Ok, ok… heu… c’est quoi ton rêve?

- Mon rêve ? Dans mon rêve, je tombe.

- Tu tombes ?


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