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Ben il est passé où mon annuaire ? Appel du 15 juin #ruebottin

Publié le 14 juin 2011 par Paumadou

Le projet de survie du roi des éditeurs est en marche !
Demain, la nouvelle étape est la suivante : obtenir la reconnaissance de la postérité en piquant la rue d'un autre.

A Paris, la rue Sébastien Bottin devient la rue Gaston Gallimard. Mais seulement du n°1 au n°7, après de toute façon, on s'en fiche, c'est une voie privée.
Et puis le siège des éditions Gallimard est au n°5, c'est pas la peine d'en faire trop (ça se verrait !)

Ben il est passé où mon annuaire ? Appel du 15 juin #ruebottin

Alors, c'est un acte de plus vers le déclin ? Obtenir le nom d'une rue, c'est entrer dans le quotidien des gens, au point d'en être oublié.

"Vous savez où se trouve la rue Boucher de Perthes ?
- Euh, non... Mais je sais qui c'est !" répondis-je bêtement à une dame, un jour dans la rue.  La culture a l'art de vous rendre idiot parfois.

Alors la rue Sébastien Bottin ? Ben non, je ne sais pas où c'est... elle n'existe plus. Parce que la demie-rue Sébastien Bottin qui restera demain soir,  c'est une rue privée comme il y en a tant : un truc pour les riches qui peuvent se permettre un élitisme culturel. M.Gaston Gallimard, mort (quel dommage d'ailleurs ! Une rue de son vivant, c'est la classe... pourquoi ne pas avoir réclamé une avenue comme Victor Hugo, tiens ? Ca aurait VRAIMENT été la classe ! A la place on se contente d'un morceau d'une toute petite rue, on a la gloire qu'on peut), M.Gaston Gallimard, donc, pourra désormais dire

"Ci-gîsent les éditions Gallimard : nous avons publié Gide, Camus et Céline, nous avons refusé Proust, nous avons survécu par Harry Potter et nous remplaçâmes le Bottin."

Tout le monde sait que le bon vieux bottin (même si l'on n'en conservera que le nom de famille, devenu nom commun) disparaîtra un jour. Il suffit de voir les volumes jaunes et blancs s'accumuler chaque année dans les entrées d'immeubles : plus personne ne prend la peine d'en avoir un sous la main. Il y a internet pour ça. Mais tout le monde sait ce qu'est un bottin. Il existe maintenant en version numérique à prix plus qu'abordable : il est gratuit ! Il s'est adapté au numérique au point d'être une entreprise florissante et attirer la concurrence.

Ca me fait penser à ses volumes d'invendus publiés par centaines (milliers ?) chaque année, qu'un éditeur ne prend même plus la peine de  faire vivre : accumulant les publications, inondant les libraires sans leur donner le choix. Comme chaque année en janvier, viennent s'accumuler les bottins dans l'entrée de mon immeuble. On ne les voit plus, on ne les regarde plus, et ils finissent par repartir comme ils sont venus. Pour être envoyé au pilon. Les éditions Gallimard n'existent dans le monde numérique que par leur positionnement résolument moderne (l'époque moderne en art se situe entre 1905 et 1960) et leur absence flagrante dans le monde de la littérature numérique.
Au moins, à Sébastien Bottin, il restera ce nom devenu commun. Car combien de temps la rue Gaston Gallimard survivra-t-elle ? Les noms de rues sont des modes passagères... La rue Sébastien Bottin aura survécu 82 ans. Un bel âge pour une belle mort.
On ne peut guère souhaiter longue vie au roi des éditeurs, puisqu'il est déjà mort.

Pour informations :

Jacques Boucher de Crèvecoeur de Perthes est l'inventeur de la préhistoire française. Il sait vivre avec son temps puisqu'il a une page Facebook.
Sébastien Bottin est un statisticien français, auteur (entre autres) des éditions annuelles de l'Almanach des commerces de Paris et des principales villes du monde (nos pages jaunes actuelles) et mort dans la misère et l'indifférence la plus totale.
Gaston Gallimard est un éditeur français, fils de rentier.

Vous êtes évidemment invité à publier un billet hommage à Sébastien Bottin sur vos blogs en répondant à l'Appel du 15 juin. En twouittant le hashtag #ruebottin et en visitant le blog d'Actualitté en hommage à Sébastien Bottin !
Le communiqué de presse de l'initiative sur Actualitté


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