Magazine Journal intime

# 72 — en provenance d’un tas de gravats pakistanais

Publié le 17 juin 2011 par Didier T.

(Communiqué signé: Mollah Omar —qui vous tient à l’œil, bande de mécréants qui serez tous châtiés par la volonté du Créateur de l’Univers.)

“D’après les rampants médias décadents vendus à l’Empire satanique dont la fin imminente est inscrite dans le Livre Sacré, le vénérable Oussama Ben Laden (‘Oussie les deux tours’, pour les copains, ‘Oussie l’ourson’, pour ses femmes, ‘Oussie petit zizi’, pour ses médecins) aurait été traîtreusement exécuté par les répugnantes forces coalisées des juifs immondes et des croisés revanchards, qu’Allah les vomisse eux et leurs familles de rats puants, qu’ils soient tous maudits jusqu’à la millionième génération, zaharma zobi. Oui, je n’arrive toujours pas à croire à une telle horreur, mais... Oussie aurait été assassiné, comme John Lennon et Pierre Bérégovoy. Oussie aurait été plombé comme un faisan d’élevage, c’est la honte pour toute la boutique. Si cette effrayante nouvelle était confirmée par des sources fiables au fin-fond d’une madrasa des zones tribales, l’humanité entière aurait alors subi une immense tragédie, une perte irréparable pour tous les adeptes de la Vraie Foi et les militants de la lutte anticapitaliste (qui ont bien raison de rêver d’un monde débarrassé de ces salopards d’amerloques et leur système de merde qui tue la planète avec la complicité de l’Union européenne déliquescente... faut que je me calme, moi, sinon je vais finir ‘tête de liste’ chez les Rouges radoteurs ou ce qu’il en reste... quelle déchéance à pleurnicher sur la momie de Lénine, les pauvres mecs orphelins de leur Mur de Berlin, faut surtout pas qu’on finisse comme ça, nous, je préfèrerais encore un sort à la Hitler dans son bunker, au moins ça a de la gueule pour la postérité, on ne se terminera pas dans les bras d’un Mélenchon qui vous suce les dernières gouttes, nous).

Au nom de tous les combattants pour la Vérité, moi, mollah Omar, je m’insurge contre le nom de code que le luisant Barack Obama, vipère lubrique, chien traître à ses ancêtres tenus en esclavage par ces porcs d’impérialistes américanosionistes, je m’insurge contre le nom qui fut donné à cet affront inlavable qui souille tous les fidèles: “Opération Géronimo”. Il est impardonnable que l’assaut criminel contre Oussie porte le nom d’un emplumé arriéré dont le seul titre de gloire dans l’existence fut d’avoir été incapable d’empêcher le génocide de son peuple face aux tuniques bleues à la langue fourchue. Géronimo... Et pourquoi pas ‘Opération Caliméro’, tant qu’on y est. Sombres connards de la CIA, je vous vomis. Comparer l’immense Ben Laden à un vulgaire peau-rouge qui puait la sueur à courir les bois dans son string en peau de bison, jamais nous ne pardonnerons un tel outrage. Même s’il vivait parfois dans des grottes pour des raisons logistiques, Oussama Ben Laden n’était pas un sauvage malpropre qui broutait de l’herbe en posant son oreille sur les rails de la SNCF pour écouter approcher le cheval de fer qui livre l’eau de feu. Non mais. C’est injurieux. Hugh, j’ai dit.

Une fois le crime perpétré dans la banlieue de Ouattattabad, le monstrueux Barack Obama aurait dérobé la dépouille du Grand Timonier pour en abuser à loisir selon ses perversions dégénérées, connues jusque dans les hautes sphères du FMI, d’après Wiqiliqs, notre meilleur allié dans la lutte contre ces vermines de capitalistes arrogants et méprisants. Selon les rumeurs de ce site de branleurs qui se la pètent avec un espèce de malade mental infantile aux commandes, la carcasse de mon pote Oussama, préalablement remplie de pâté Hénaff, aurait été ensablée dans le désert du Nevada, la tête toute niquée tournée dans la direction de Washington, un gros saucisson auvergnat enfoncé dans l’orifice que le Tout-Puissant lui avait offert pour se mettre des doigts dedans quand il était petit et pas encore prophète, avec accroché autour du cou un panneau portant cette inscription impie: “Mes petites cailles du djihad, sachez que nous, quand on annonce ‘dead or alive’, on préfère ‘dead’. Voilà qui devrait inciter à la réflexion les éventuels enfoirés de leurs mères qui seraient tentés de prendre la suite de la petite entreprise de démolition de ce fuckin’ rascal avec sa barbouze de zizitop et sa robe de chambre de tafiole emperlouzée de chez ‘la cage aux folles du désert’. Hé Johnny, fais péter le Bourbon et passe-nous “’cross the green mountain”... oh yeah, we got him, damned mothersucker. God bless America.”

D’après une autre petite fuite des petites fiottes de Wiqiliqs, je cite:

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L’odieux et prémédité attentat qui m’aura cruellement ôté à l’affection de Oussie, acte inqualifiable perpétré hors de tout cadre légal, qui plus est contre un Grand Chef Spirituel, pacifiste et humaniste, qui n’œuvrait qu’à l’avènement d’un monde harmonieux, une planète enfin libérée des parasites qui l’exploitent, cet attentat misérable ne restera pas impuni. Dans un premier temps, nous allons porter plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme, pour non-respect de la convention de Genève et concurrence déloyale. Nous appelons tous les progressistes du monde occidental à s’indigner, comme on dit de nos jours pour à peu près n’importe quoi. Allez, soyez sympa, les idiots utiles, indignez-vous! Il est en effet inadmissible que les démocraties nous piquent nos méthodes. C’est du plagiat, et pour tout dire... c’est très vexant. Si ça continue dans le pillage de nos pratiques, les européens vont bientôt lapider leurs femmes adultères et marier leurs gamines de dix ans à un vieux polygame ami de la famille. Nous ne l’accepterons jamais. On en a marre que vous nous copiez. L’assassinat sans sommation, les attaques sournoises et meurtrières, les bombes sales, les mines anti-personnel, les civils butés délibérément, les gamins qui jouent les kamikazes dans les mariages de province, c’est à nous, déposé à l’INPI, alors pas touche à notre méthodologie. Vous, cochons de démocrates voués à la disparition dans des souffrances médiévales, vous devez respecter les règles de la guerre. Sinon, c’est plus du jeu. Quand ils veulent attraper un résistant, les démocrates doivent commencer par frapper à la porte. Et ensuite attendre qu’on les tue dans un noble élan de désobéissance civique, qui nous permet en sus de récupérer leurs flingues qu’on peut ensuite utiliser contre leurs copains. Et “l’opinion publique” des démocraties doit continuer à exiger le retrait de leurs troupes illégitimes, mettant un terme à l’occupation colonialiste des juifs répugnants et des croisés machiavéliques en Afghanistan. L’Afghanistan, c’est à nous, pas à vous. On y a nos amis, nos petites plantations. Faut nous le rendre, notre bled. Sinon... où qu’on va habiter, hein?... vu que ça commence à un peu sentir le cramé pour nos gueules, au Pakistan. Déjà qu’on s’est fait jeter d’Irak comme de vulgaires chrétiens, ça commence à bien faire le harcèlement. Et notre ‘droit au logement opposable’, vous en faites quoi? Chiens d’infidèles. Rendez-nous l’Afghanistan. Barrez-vous. Et on vous rendra gratuitement les inconscients qu’on arrive à choper quand ils vont se balader dans les coins où on se promène aussi. Ou alors vous payez la rançon et on vous les rend, vos mister Magoo de l’humanitaire ou de l’investigation, comme ça après on aura davantage de sous pour faire nos p’tites courses en vue de la suite. Pas que je veuille crier misère, mais... on commence à être un peu dans la gêne... on a des frais, ça bouffe comme quatre un journaliste occidental, surtout Taponier qui reprend à chaque repas trois fois du couscous, et je ne vous dis même pas comment Ghesquière torpille les loukoums, de vrais morfalous ces deux-là... alors, si TF1 pouvait rapidement se fendre d’un ‘envoyé spécial’ à Kaboul, un ‘grand reporter’ du genre anorexique, pour relancer un peu les négociations, ce serait gentil. Si possible un mec, les gonzesses elles s’abîment trop vite et ça génère des tentations chez mes gars quand on se capture de la meuf, je les tiens plus... pour peu que ce soit une blonde ils veulent tous y goûter, c’est Fukushima à la mosquée. Gardez Laurence Ferrari et envoyez-nous Charles Enderlin ou David Pujadas, ça adouciera les mœurs. Ou Harry Roselmack, tiens... comme ça il tâtera de l’immersion le petit. La vraie. Et en rentrant il aura des trucs à raconter, pour une fois, Harry. Si il rentre. Ça dépendra du chèque.

Ah oui, à propos de gonzesses. Je voudrais dire à mes amies féministes qui luttent aussi contre l’impérialisme libéral de ne pas céder au désespoir, en ces temps cruels pour l’avènement du Califat Mondial. Nous ne vous abandonnons pas, amies féministes. Je vous le jure sur la tête de Tariq Ramadan: bientôt, les talibans vous libèreront pour toujours de l’ignoble asservissement dans lequel vous maintient les mœurs dégénérées de l’Occident putride. On vous rendra votre dignité perdue, mes sœurs. Burqa par cas, comme il se doit. Y’en aura pour toutes, n’ayez pas peur, on est du genre organisé. Ce n’est qu’une question de temps.

Quant aux youtres, quand on aura pris les manettes de l’ONU ils vont regretter le bon vieux temps de l’oncle Adolf, ça... On va finir le boulot, c’est l’objectif numéro un. Comptez sur nous. À propos, Stéphane Hessel, l’ambassadeur de la résistance, t’es toujours le bienvenu à la maison, y’aura toujours un bol de soupe pour toi, t’es un frère. Ton cas relève de la médecine, mais... si tous les juifs étaient comme toi, la question serait réglée depuis longtemps. Il en faudrait plus, des pacifistes de ton envergure visionnaire, à Tel Aviv. Pourvu que tu fasses centenaire, Stéphane, on a besoin de toi. Va pas claquer ta pile trop vite, fais gaffe dans les escaliers et mâche bien avant d’avaler. Continue ton œuvre de Grand Sage Vénérable qui lutte pour un monde meilleur. Bisous, Steph’.

Ah oui, j’allais oublier. Une fois leur crime perpétré contre Oussama notre prophète, ces misérables sous-hommes à la solde des impies auraient cambriolé la demeure de notre saint patron, lui pillant sa dévédéthèque, y trouvant certains films qui ne lui appartiennent pas... le précédent locataire les y avait oubliés. Rendez-moi mes dévédés, bande d’enfoirés de votre race, depuis votre visite il ne me reste qu’un vieux Playboy et je n’en peux plus de Pierrette Le Pen. C’est pas humain de m’imposer ça, immondes vermines bourgeoises de mes deux cacahouètes, zoubi zoubi zoubi, nahardine boboq, bouh bouh bouh, Pierrette Le Pen en non-stop depuis des jours et des jours, snif, je veux mes dévédés de Brigitte Lahaie, jamais ils ne me les rendront les yankees, snif snif, c’est toute ma jeunesse qui s’effondre aussi bêtement que deux tours à Manhattan. C’est pô juste, mes dévédés de Brigitte Lahaie, c’est à moi. C’est une atteinte à la propriété privée sacralisée par la Constitution des États-Unis. Je m’indigne. Mes dévédés...”

Nous vaincrons, chiens d’infidèles. Même sans Oussie. Je reste confiant dans l’avenir. Nous ne sommes en rien démoralisés. Car, comme le disent si justement les jeunes glandeurs qui se se sont fait virer à coup de pompe dans le cul des places espagnoles où ils avaient installé leur caravanserail puant de clodos sans espoir ni avenir: “le combat continue sous une autre forme”.

Je vous déteste tous, allez crever. Je veux mes dévédés de Brigitte Lahaie.

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Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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