Magazine Journal intime

Pôle emploi, mon ami... ou presque

Publié le 21 juin 2011 par Wawaa

Tout avait si bien commencé, tellement bien commencé que c'en était louche. Au premier rendez-vous, ç'avait été quasiment le coup de foudre avec les services Pôle emploi. J'avais trouvé mon interlocutrice très réceptive à mes aspirations professionnelles obligatoires. Oui « obligatoires », car reprendre en grande distribution dans l'état physique et moral dans lequel j'en étais sortie, c'était tout simplement envisager mon avenir à la CPAM, indemnisée à peine pour pouvoir payer les suppléments des spécialistes qui, malgré leurs excédents tarifaires, sont parfois incapables d'un minimum de psychologie. Quand j'avais raconté ma vie, expliqué mon cas à madame la conseillère pôle emploi, elle avait compris, et mieux, elle m'avait écoutée attentivement me proposant de faire un premier profil de secrétaire et m'envoyant même , dès la semaine suivante, en bilan de compétences. Ce qui m'avait déçue c'était le moment où elle avait dit que la prochaine fois ce serait pas elle et que quelqu'un d'autre allait m'être attribué.

Mon bilan de compétences terminé au bout de 7 semaines, j'attendais avec impatience mon rendez-vous pour débattre du fait qu'une formation de secrétaire comptable serait favorable à « mon retour à l'emploi » comme ils aiment l'appeler...

Par le même temps, j'attendais aussi de savoir si j'allais être indemnisée. Pas que je voulusse profiter à souhait de la générosité du contribuable, mais le travail ne se bouscule pas vraiment à ma porte... et quand une annonce semble correspondre à mes compétences c'est toujours la même rengaine : il me manque les 12 années d'expérience requises, le bac + 15 spécialisé, les 5 langues exigées et l'envie d'avoir toutes ces qualités et n'être payée que le minimum syndical. Quand il n'est pas question d'expérience, de diplôme ou de polyglottisme, c'est pire : les annonces m'intéressent, correspondent à mon profil, proposent des professions qui pourraient me tenter sans pour autant être difficile, de toutes manières je n'ai pas le « cv » pour être difficile mais elles ont une condition qui m'exaspère. Il faut être éligible au « CAE », contrat d'aide à l'emploi réservé au moins de 26 ans et permettant à l'embaucheur de bénéficier de belles aides financières, ou au « CUI », contrat unique d'insertion réservé à des personnes qui doivent percevoir des aides en particulier … Bref, désespoir.

Le désespoir perdura lourdement quand pôle emploi me fit de drôles de blagues absolument pas drôles d'ailleurs. Pôle emploi n'est pas très organisée, pôle emploi n'est pas très sérieux car pôle emploi ne range pas bien les papiers. La première fois qu'ils ont perdu les ultimes papiers censés compléter mon dossier de demande d'allocation, je me suis dit qu'ils étaient probablement débordé avec tous les chômeurs à aider, et que ça pouvait arriver. Je leur ai donc amené une seconde fois, de la main à la main, un peu énervée. Quand au bout d'un moment je n'ai eu absolument aucune nouvelle, j'ai décidé de téléphoner au 3949. Mais sur ce service téléphonique « automatique », il n'y a pas de service « Réclamation » ou « Problème », et pour avoir un conseiller au bout du fil, il faut aller dans la rubrique rendez-vous. J'ai donc fait en sorte d'avoir une personne au téléphone en m'excusant de ne pas être au bon service mais en exprimant tout mon désespoir. Au bout de 20 minutes de recherche de mon dossier, soit au bout de 2 euros 20 de facturés, le monsieur m'a dit que mes papiers manquaient encore. J'avais effectivement un message dans mon espace internet me l'indiquant. Indignée, je lui explique que je les ai déjà apportés DEUX fois ! Il me dit d'aller à l'agence et de ne pas décoller de là. Il faut donc être radical. J'ai donc amené une énième fois mes papiers, prenant un ton sec, ton auquel l'hôtesse a répondu par un ton sec et hautain. Ce n'était pas particulièrement sa faute à elle, mais je commençais vraiment à être à bout. Elle part déposer les papiers directement dans mon dossier et revient en me disant que ce serait traité sous 5 à 8 jours. Et voilà, attend encore une semaine. Je commençais à cette époque, à me demander si je n'allais pas devoir revendre ma voiture, mes livres, mes vêtements, ma maison pour espérer rester un minimum autonome.

Je retourne donc à l'agence pour savoir ce qui se passait encore. J'avais attendu 11 jours, je pouvais me permettre d'aller faire mon foin. Je suis relativement calme, et ce calme je pense qu'il vient du désemparement. Je demande au monsieur où en est mon dossier. Et là, il dit tout sauf ce qu'il fallait me dire « En fait, votre dossier n'est pas complet, il manque tel et tel papier ».

J'étais réellement à l'extrême bout de mes nerfs, mes synapses étaient trop sensibles malgré mon calme apparent. A l'annonce de cette implicite perte de mes papiers, je fonds littéralement en larmes dans l'agence.. Vous savez, le bon gros chagrin avec trois tonnes de morves, des reniflements élégants, une respiration bruyante, des petits cris frôlant l'hystérie : « AAAAAAAAAAAAWOUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN BOUHOUHOUOUHOUUU WOUIIIIINNN MAIS J'AI DEJA AMENE CA TROIS FOIS ET COMMENT JE VAIS FAIRE JE TROUVE PAS DE TRAVAIL ET JE N'AI PLUS D'ARGENT BOUHOUHOUHOU ... »

Pas moyen de me calmer. La goutte d'eau avait fait déborder le vase qui se remplissait depuis déjà bien longtemps. Je me sens littéralement abandonnée, perdue, ignorée et en plus j'ai mal au bras. Je suis décontenancée. Et le type aussi. Il blanchit et s'arme d'une diplomatie sans faille et me dit qu'il court voir mon dossier. Je sèche mes larmes. J'ai un peu honte quand même. Je sanglote encore un petit peu sous les regards perplexes des agents qui doivent certainement me prendre pour une folle, sous le regard compatissant des autres demandeurs d'emploi qui doivent surement se demander s'ils ne devraient pas faire la même chose.

Au pour de 20 minutes (c'est leur temps fétiche !), il revient et me dit sereinement : « votre dossier est complet, je l'ai posé sur mon bureau, je m'en occupe personnellement cet après-midi ». C'était un vendredi. Et il n'a pas menti puisque le soir même tout était réglé... et j'apprenais par la même occasion que j'étais enfin indemnisée et que j'allais pouvoir réintégrer quelques fruits et légumes à mon alimentation et garder ma voiture, et mes livres.

Mais tout n'était pas fini. Si ce dossier là était clos, il me fallait toujours un rendez-vous avec un conseiller. Je me décide à téléphoner pour prendre rendez-vous car pour prendre les rendez-vous m'avait-on dit au guichet, il faut passer par le téléphone. Je tape donc le 3949, le numéro de téléphone des demandeurs d'emploi, comme ils disent. Et je suis comme d'habitude accueillie par un serveur automatique à qui tu peux dire des mots comme « emploi », « dossier » ou « rendez-vous » et si jamais il te comprend pas, tu te remanges le sommaire pour la modique somme de 11 cents la minute. Ah non, il ne faut pas se plaindre du prix de la communication car tu peux venir téléphoner directement dans les agences, mais pour ça il faut que tu te déplaces, use du carburant, pollue et à pied c'est autant de temps perdu à ne pas chercher d'emploi. Chut, j'ai rien dit, on va me dire que je suis de mauvaise foi.

Je dis donc « Rendez-vous » en soignant mon élocution. J'accède à un nouveau sommaire après m'être identifiée et je suis mise en relation avec le service téléphonique. « Veuillez patienter, un conseiller va prendre votre appel ». J'ai de la chance aujourd'hui, le service n'est pas saturé.

Une très gentille dame me répond. Je lui explique donc qu'ayant terminé mon bilan de compétences j'aimerais voir mon conseiller pour organiser comme il se doit « mon retour à l'emploi ». Parce que je ne chôme pas tant que ça, hein, je suis dans un processus de retour à l'emploi bordel ! Quand elle me dit « Il y a un problème », je crois défaillir, mais je ne m'en étonne point. Les choses suivaient fidèlement leur cour apparemment. Elle m'explique que ma conseillère attitrée est en fait à l'agence de Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne, à rien que 180 bornes de chez moi. Tout à fait logique. La perspective d'une escapade touristique en Tarn-et-Garonne financée par Pôle Emploi ne m'aurait pas dérangé, au contraire, j'aime découvrir du pays et puis le Tarn-et-Garonne c'est joli … Mais soyons sérieux, je ne profite pas de l'argent du contribuable qui soit dit en passant est aussi le mien, le tien, le nôtre, le vôtre, le leur.

Elle me conseille d'aller à l'agence, agence qui m'avait dit qu'il fallait téléphoner pour avoir un rendez-vous. Je me sens comme bloquée sur la case Prison du monopoly. Au guichet, alors que j'explique ma situation, on me dit « Les rendez-vous se prennent par téléphone ». La madame en fait, ne m'a pas écoutée, elle a juste entendu « Rendez-vous ». Je lui réexplique mon cas. Elle imprime alors un papier, y note mon nom et me dit qu'on me contactera...

Moi quand on me dit qu'on me contactera, je me dis que ça va se faire vite parce que moi, malgré tout, j'y crois encore, et comme le dirait Lara « On est vivant tant qu'on est fort »(Oui, je connais des chansons de Lara Fabian par coeur, et alors ? Vous n'avez donc jamais fait d'erreur dans votre tendre jeunesse vous ? ). C'est rien que 4 semaines plus tard que je reçois une convocation pour 3 semaines après … Donc en gros pour un rendez-vous 7 semaines plus tard avec une conseillère qui est dans ma ville! Chez certains spécialistes en médecine ça va même plus vite que ça.

Et vous savez quoi ? C'est cet après-midi, et j'ai une énorme appréhension : la conseillère va-t-elle avoir perdu mon dossier ? Va-t-on me dire qu'en fait j'avais rendez-vous à Strasbourg ? Y'a-t-il un pilote dans l'avion ?

Allez parce que je vous aime bien, la prochaine fois je vous raconterai comment j'ai eu le droit d'assister à une réunion d'info sur une formation au métier que je ne peux plus faire mais pour lequel j'ai 9 ans d'expérience.


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