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Vale un Potosi

Publié le 29 juin 2011 par Keimuta

J'avais vraiment envie d'y aller et puis d'un autre côté j'avais un peu peur de ce que j'allais voir. C'est pas que j'ai peur de ramper dans le souffre et dans l'amiante, c'est juste que j'avais peur de rencontrer des gens très pauvres et de pas savoir quoi faire pour les aider. Combinaison, casque, lampe. On aurait cru que je descendais une nouvelle fois dans les catacombes. Sauf que là, c'était pas pour faire la fête ou jouer à cache-cache avec les policiers. Boisson rafraîchissante, feuilles de coca et dynamite à la main. La montagne rouge et or se dressait devant nous.

Vale un Potosi   On est devant la coopérative. Les murs de l'entrée sont tâchés de sang. Hier, 8 lamas ont été sacrifiés pour honorer la Pachamama. Un homme me serre dans ses bras. Il a de ces bras ! Son travail consiste à remonter des sacs de 50kg, il en prend un dans chaque main. C'est vrai qu'ils ont l'air sympa. Nilsa, notre guide n'a pas menti. On entre. Le vent froid glisse dans mon cou et me pousse dans le dos. Je n'y vois pas grand chose et je ne dois pas regarder en face les gens que je vais croiser pour ne pas les éblouir. On marche. Il fait chaud maintenant. Peut-être 30°C. Nilsa dit qu'il faut ramper. Je me dandine, ma tête cogne la roche et j'arrive face à Tio. Il est assis mais je vois bien que s'il se met debout, il est plus grand que moi. Il a des feuilles de coca plein la bouche, des cigarettes à portée de main, de l'alcool et un sexe énorme. Tio est une divinité protectrice. Nilsa nous parle des rituels, des croyances et je me demande petit à petit si elle n'est pas la fille de quelqu'un qui travaille ici. L'arrivée des espagnols. L'esclavage. Les morts. Les dangers de ces galeries. Je suis un peu émue et je me mets à ressentir ce que les gens d'ici doivent vivre. Ça me rend un peu triste. Comment on peut faire ça à un peuple? Comment on peut croire que l'argent peut tout acheter? Don Juan n'est pas là. On continue de marcher. Clarey et Ezequiel eux sont là et creusent des trous à la barre à mine. Ils disent que c'est dur, épuisant mais peut-être qu'ils vont trouver le filon ! 35°C. De l'eau rouge coule sous mes pieds. Du souffre? Un goût étrange dans la bouche. Comme si je mangeais 1 franc et 20 centimes. Je décide de laisser ma dynamite aux deux hommes. Nilsa nous parle des temps anciens, des pensées des Andes. Ce peuple me passionne. Il est si doux, si drôle, si accueillant. A son époque de gloire, Potosi était la 3ème ville du monde avec Paris et Londres. On marche encore quelques minutes puis il est temps de rebrousser chemin. Deux hommes poussent un chariot. Ils sont en sueur et demandent de l'aide. Mon dieu qu'est-ce que c'est lourd ! Il y a bien 2 tonnes de cailloux qu'il faut remonter. C'est pas grave, on peut bien suer un peu avec vous ! Et puis voici quelques présents pour offrir au Tio. J'espère qu'il vous protégera, que la mine vous offrira le plus gros filon d'argent du monde, que vous arrêterez de travailler ici avant qu'il ne soit trop tard et que jamais vous ne perdrez votre gentillesse, votre humour et votre sourire.   Vale un Potosi Cervantes avait bien raison lorsqu'il disait que tout ça vaut un Potosi et lorsque Charles Quint donna pour devise à la ville: « Je suis la riche Potosi, le trésor du monde, la reine des montagnes et la convoitise des rois. » ! Aide aux routards: Hôtel 10 de Noviembre, av Serrudo: café au lit + TV pour 40 Bs Restaurant El Mana, calle Bustillos : menu très copieux à 15 Bs le midi avec choix entre 3 plats Café Cima de la plata propose un excellent ponche de vino ! Agence Claudia pour les mines: 80 Bs / pers.

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