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Calendula - conte de la toile 6

Publié le 02 juillet 2011 par Adamante

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Comme il fait froid ce soir !

Le soleil, à peine visible en ce jour, se couche derrière un rideau d’argent.

Les Esprits, frileux, semblent impatients de se réunir pour écouter le conte du soir.

Je tente de les faire patienter, mais ils insistent. Alors je cède.

J’allume la lampe du confiturier, juste pour réchauffer un peu l’atmosphère et je déplie le plaid. C’est la ruée, tout le monde se précipite, se colle à moi en ronronnant, en patounnant. J’ai même droit ce soir au regard du chat Peauté de Shrek, je suis vaincue. Mais comme c’est bon de perdre ainsi.

Le livre est là, bien sage, il n’attend que ma main pour m’inventer de nouvelles histoires.

Car il faut tout de même que je vous dise sa particularité, il n’est pas écrit comme les autres livres, bien édités une fois pour toutes. Non !

Ce livre-là, improvise en fonction de ce que je pense et de ce que souhaitent les Esprits. Les mots apparaissent sur la page, révélés par une sorte de typographe enchanteur et invisible qui adapte les histoires à nos humeurs, ainsi ne sommes nous jamais déçus.

Ce livre, c’est un peu de nous et beaucoup de nos rêves.

Lorsque les câlins d’ouverture de séance sont terminés, je le prends.

Je ferme les yeux, je fais corps avec lui, quelques pages tournent et le hasard fait le reste.

Un coquelicot

Feu dans la nuit

Phare pour rêveurs égarés

Papillon de l’ombre

Quelques volutes noires

Mais aucune ténèbre

Œuvre d’art

Rouge porte rêve

Sublimation de la matière

Le sang de la vie

Monte une fumée bleue

L’esprit s’égare

Les mots s’effacent

Un rêve

Ce n’était qu’un rêve

Rouge…

Le silence s’installe.

Tout semble apaisé, le froid a fait place à une douce chaleur.

Qu’il est bon de ne plus bouger, de rester ainsi entre veille et sommeil.

Le temps s’est effacé, l’ombre du soir commence à nous entourer.

Au loin une porte claque, les Esprits sursautent. Ils détestent le bruit.

Je les rassure, un peu déçue de cette interruption intempestive qui met un terme à notre divagation.

Je leur dis :

« ce n’est rien, reprenons notre histoire ».

Je tourne une page, une lumière nous aveugle,

Elle crie sa joie sur les herbes,

Déploie avec fierté des langues rutilantes

Langues de miel bordant un cœur volcanique

Tout n’est que vie chez elle

Tout n’est que passion

Calendula

S’écrie la fleur

Calendula

Reprennent les herbes

Je calme vos blessures

Je me donne

Totalement pour vous aider

Favorite des herboristes

Je suis indispensable du jardin

On dit aussi que je suis belle

Pourquoi donc m’appelez-vous Souci ?

Je crois voir briller une larme dans le regard des Esprits.

Une minuscule cigale, fait alors son apparition sur la page.

Elle chante :

Fleur à la robe de soleil,

Calendula ne pleure pas

Fleur à la robe de soleil

Ta beauté ensorcelle le petit peuple du jardin

Calendula, des fées tu es la reine

Calendula

Fleur à la robe de soleil »

Un Esprit me lèche la main, c’est râpeux et désagréable, mais c’est sa manière à lui de me faire partager son émotion. Je crois entendre murmurer :

« Calendula, c’est un joli nom ».

Une musique de vibrisses et de chants d’oiseaux s’élève du coin de la page en vis-à-vis.

Un chemin, bordé d’herbes folles, s’y enfonce vers des bois

Je sens la douceur de la terre sous mes pieds

Des fougères s’inclinent

Tout est paisible ici

Si paisible

J’ai envie de m’y installer

Je ferme les yeux

J’écoute

Je n’ai plus envie de parler

Le silence me murmure des mots sans importance, de ces mots qui ne veulent rien dire mais qui révèlent une vérité cachée, quelque part, sans doute au fond de soi.

Les Esprits sont endormis.

Il est tard

Le livre reste ouvert

Il est si bien sur mes genoux

J’ai la flemme de tirer les rideaux ce soir

La nuit attendra

Je ne veux pas aller dormir.

©Adamante


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