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Le zoom d'Olivier Père

Publié le 17 juillet 2011 par Jlk

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À quinze jours de l’ouverture de la 64e édition du Festival international du film, le directeur artistique pointe quelques moments forts selon son goût. Entretien.

- Quels sont vos coups de cœur personnels sur l’édition 2011 ?

- Je ne m’étendrai pas trop sur les films en compétition, par devoir de réserve, mais ce que je remarque, par rapport à l’année dernière, c’est que le concours réunit cette année plus de grands noms de réalisateurs familiers des festivals mondiaux. Je pense au Japonais Shinji Aoyama, avec Tokyo Koen, à Nicolas Klotz et son Long Life, à Julia Loktev et son Loneliest Planet ou encore à Danielle Arbid, une habituée de Locarno, avec Beirut Hotel.

Du côté des révélations, je signalerai le premier film de l’Israélien Nadav Lapid, Hashot, d’une très grand force, ou Saudade du Japonais Katsuya Tomita, illustrant la nouvelle génération de son pays, et cet OVNI roumain d’ Anca Demian  que représente le film d’animation Crulic, premier du genre à participer à la compétition internationale.

Côté suisse, je relèverai trois films, à commencer par Vol spécial de Fernand Melgar, nouveau documentaire très attendu de l’auteur de La Forteresse, et qui tient ses promesses me semble-t-il. En outre deux films atypiques montrent l’ouverture du cinéma suisse sur le monde : Mangrove de Frédéric Choffat et Julie Gilbert, qui démarre en apparent documentaire, filmé sur une île mexicaine, et qui tourne au film fantastico-poétique où l’on voit une jeune Européenne revenir avec son fils sur les traces d’un meurtre non élucidé, d’une part ; et, d’autre part, réalisé par une  Suissesse d’origine argentine, Milogras Mumenthaler, Abrir puertas y ventanas (Back to stay), très beau premier film en coproduction helvético-argentine.

- Quels films en concours ont-ils des chances de se retrouver en salle comme, l’an dernier, Le Directeur des ressources humaines d’Eran Riklis  ?

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- Certains d’entre eux dégagent déjà une certaine aura, comme Un amour de jeunesse de Mia Hanen-Love, qui sera distribué en salles pendant la durée du festival. À cet égard, il me semble que l’image (d’ailleurs fausse selon moi) du Festival de Locarno comme ghetto de films expérimentaux ou hyper-radicaux se modifie de plus en plus. Si l’effet de la crise s’est fait sentir l’an dernier, nous avons mieux travaillé en amont cette année où plus de films « porteurs », à large notoriété, ont pu être obtenus des « majors » américaines, tel Super 8 de J.J. Abrams que nous découvrirons en ouverture, que j’aime personnellement beaucoup.

- De quoi s’agit-il plus précisément ?

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- C’est un très beau film produit par Spielberg et rappelant d’ailleurs l’esthétique spielbergienne des années 80. C’est en outre un film sur le cinéma puisqu’il est construit sur le filmage, par des ados américains, d’un déraillement spectaculaire impliquant des extraterrestres.Par ailleurs, les thèmes de la SF se retrouvent sur la Piazza Grande avec Attack the Block de Joe Cornish, scénariste de Tintin… Et avec le Blockbuster de l’été qui sortira bientôt aux Etats-Unis et que nous montrons en première européenne : Cow-boys & Aliens de Jon Favreau, qui devrait satisfaire le plus large public de la Piazza…

- Et plus précisément ?

C’est un film très proche de la BD, combinant  la tradition des westerns et des films de science fiction, qui échappe à la routine des éries et des remakes mais auquel la présence de Donald Craig et Harrison Ford ajoute évidemment le cachet référentiel de James Bond et d’Indiana Jones…

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- Qu’est-ce qui nous vaut la reprise du chef-d’œuvre de Tarkovsy, Andrei Roublev ?

- C’est d’abord l’Année russe, que nous marquons à notre façon par une ouverture vers cette culture, qui sera aussi représentée par un des membres du jury des Léopards de demain, le Russe d’origine georgienne Bakur Bakuradze, dont nous projetons deux films que j’aime beaucoup :  Shultes et The Hunter.

Deux mots sur Le Havre, le dernier film d’Aki Kaurismäki que nous verrons sur la Piazza ?

- J’ai eu beaucoup de plaisir à le découvrir à Cannes, et je me suis dit que ce serait formidable, après l’hommage qui lui a été rendu à Locarno, de ramener l’un des derniers grands réalisateurs capables de toucher le public le plus varié. Lui-même ne sera pas du voyage, mais ses acteurs le représenteront.

- Pensez-vous qu’une révélation telle que celle de La vie des autres, découvert en 2006 sur la Piazza avant la carrière qu’on sait, couronnée aux Oscars, puisse se répéter cette année ?

Je l’espère. Je pense notamment à Bashir Lazka, film canadien très émouvant de Philippe Falardeau, qui pourrait susciter un grand engouement du public et de la critique.  C’est l’histoire d’un prof suppléant qui vient s’occuper de jeunes élèves dont l’enseignante s’est pendue dans leur classe. Plus léger et plus poétique qu’Entre les murs, et porté par l’acteur comique algérien Fellagh, c’est  un très beau film sur l’univers de l’école dont on peut attendre beaucoup…

- Comment, une année après votre nomination au poste de directeur artistique, succédant à Frédéric Maire, vous sentez-vous à Locarno ?

- Je n’ose trop parler d’« état de grâce », comme Marco Solari, mais je constate qu’après une année de rodage et beaucoup de travail avec notre équipe, de bonnes conditions générales et pas mal de chance, je ne puis que me réjouir chance de participer à une belle aventure…

Le blog d’Olivier Père : http://olivierpere.wordpress.com


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