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Départ tardif de Mimizan. Pas avant midi. Lever tôt pourtant....

Publié le 31 juillet 2011 par Fabrice @poirpom
Départ tardif de Mimizan. Pas avant midi. Lever tôt pourtant....

Départ tardif de Mimizan. Pas avant midi. Lever tôt pourtant. Paquetage, arrimage, itinéraire approximatif, clope au soleil et hygiène dentaire. Mais les chatons, les trois donzelles au groove endiablé, sont des usines à sommeil. Les réveiller avant onze heures revient à les condamner à l’inutilité pour la journée.

Au réveil, elles sont délicieuses. Mal au cul, mal aux pieds, mal au ventre, coups de soleil, migraines. Hyper-hypocondriaques.

Chatons en pyjama câlinés à midi, décollage.

D’abord sortir du merdier côtier. Retourner dans les terres. Onesse, Morcenx, Tartas, Montfort. 100% Landes, 100% plat, 100% lignes droites. Des pins et des fougères. Des zones déboisées, des troncs en tas de vingt mètres de long.

Pause déj’ un peu avant Montfort. Le cul dans l’herbe, face à un héliport verdoyant. Gazon taillé au millimètre. Deux hélicos. Deux apprentis aux manettes. Exercice du jour: atterrissage et décollage. À tour de rôle, chaque hélico s’élève de quelques mètres, s’élance en prenant de l’altitude, fait une grande boucle dans le ciel, revient lentement au point de départ, descend progressivement, redresse son nez sur les derniers mètres et se pose. Une courte minute au sol, le temps d’un débrief’, et le manège recommence. Quand l’apprenti aux manettes manque de feeling, le rotor de queue manque la pelouse de quelques dizaines de centimètres à peine.

Saut de puce jusqu’à Peyrehorade pour une sieste dans l’herbe au bord de L’Adour. Sur l’autre rive, circulation de fin de jour ouvrée. Camions-bennes en fin de chantier, camionnettes en fin de tournée, employés administratifs en fin de journée, tar-mos vrombissants, touristes en vadrouille. Affalé dans l’herbe et somnolent, tout cela n’est que ronronnements.

Retour en selle.

Ô douce ivresse de la pratique motocycliste. C’est sur le chemin vers Bidache que la nature reprend méchamment le dessus et dicte sa loi aux services de voirie qui font, sans nul doute, un métier formidable. Grimpette, courbes rapides et prononcées, velours bitumé. Le soleil, dans sa mansuétude sans bornes, accompagne la ballade. Dans un seul souffle et quelques poussées sur le guidon, croisière jusqu’à Espelette. Sans changer de rapport. Escorté par une 207 à l’avant et une série 3 à l’arrière. Entouré de collines et de montagnes verdoyantes, de troupeaux de moutons et de vaches. Bercé par la vibration du 4-cylindres à la souplesse de gymnaste.

Atterrissage au pied de l’église d’Espelette. Et son cimetière qui déborde. D’abord limité par des cloisons, la population cadavérique a, un jour, exigé plus d’espace. Alors on les a placé partout autour. Parterres de gazon et terres en friche. Ce qui aurait pu être un magnifique parking bitumé à l’arrière de l’église est aujourd’hui une HLM de rubriques nécro et d’épitaphes.

À notre bien aimée soeur

Notre regretté ami

Que le diable t’emporte

À l’Alegera, le bercail du soir, situé à quelques kilomètres à la sortie d’Espelette, c’est fête ce soir.

Le vieux proprio de l’endroit descend de son caddie de golf.

C’est bien, là, non?

Pas loin de soixante-dix ans. Il a ouvert cet endroit il y a quarante-quatre ans. À l’époque, il a tout fait avec deux amis. Nettoyer, creuser, aplanir, planter.

C’est du boulot, un camping.

Il va taper la discute quelques minutes avec les voisins. Quelques minutes plus tard, il se réinstalle à bord de son bolide.

C’est la soirée Taloa et Rétro disco. Faut venir faire un tour.

Une annonce au micro vient confirmer ses dires.

… Suivi d’un bal de vingt-deux heures à vingt-quatre heures. Animée par Dédé, notre animateur du jeudi soir. Ambiance assurée par vous, amis campeurs. À tout à l’heure!

Le vieux bolide estime nécessaire les précisions.

Un taloa, c’est comme une galette bretonne. Mais basque. Pour le bal, c’est facile: on met de la musique, les jeunes y dansent, tout le monde s’amuse.

Il taille. Et les voisins offrent l’apéro.

Avec ou sans coca, le whisky?

Yapu d’saison, tout fout l’camp, la guerre a donné du boulot à tout l’monde pour reconstruire. Il y aussi le reportage télé d’y’a deux jours sur ces motards complètement dingues que la police n’arrive même pas à rattraper.

Pourtant, y zont de bonnes bagnoles, les mecs.

Après un tube de conneries coupées au soda, direction le stand à galettes bretonnes basques.

Le taloa, c’est un parpaing fourré au fromage de brebis et au lomo grillé. Chaque année, des mecs meurent en essayant d’en manger plus de deux d’affilée.

Et la musique démarre.

DJ Dédé. Chauve comme un galet breton, lourd comme un taloa bien garni, enceinte de cinquante ans. Pas de platine, pas de mixette, pas de cross-fade. Deux lecteurs CD.

Fin de morceau, pause, lecture, début de l’autre morceau. Et la foule embraye.

Samantha Fox, Soca Dance, Lambada, Début de soirée… 1991. Pas après. Pierre blanche où Dédé a acheté deux lecteurs CD. Et de la musique pour la dernière fois de sa vie. Depuis, le DJ-ing occupe ses jeudis toute les saisons.

Pas de remix sauce moderne, pas de mash-up audacieux. Rien que de l’original.

Et tu chantes, c’est ta façon d’aimer.


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