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La fille qui revenait tout juste de l’enfer sans nom des musiques de merde (Medley from hell)

Publié le 04 août 2011 par La Chose

La fille qui revenait tout juste de l’enfer sans nom des musiques de merde (Medley from hell)

Pas besoin de t’apprendre, ma courge, qu’on est désormais en août.
C’est le mois où même les ministres de la République ne font rien d’autre que bronzer sur des plages de rêve, rendre visite à des call-girls de luxe et se taper la cloche au Ritz, le tout aux frais du contribuable moyen.
C’est le mois où les blogueuses influentes et populaires font un peu relâche, vu que leurs annonceurs sont en train de renouveler le stock des produits cosmétiques ô combien vitaux et indispensables qu’elles seront gentiment priées de refourguer début septembre à leurs lectrices bêlantes, au nom (bien entendu) de la solidarité féminine et du billet sponsorisé. En fait c’est un mois tellement creux qu’hier, j’ai dit à mes collègues de boulot (les trois survivants, le reste de l’équipe marketing est allé se perdre entre Bucarest et Tizi Ouzou ) qu’on pourrait peut-être faire une pause et se détendre un peu, entre une séance de branding et un brainstorming de remplissage de schéma décisionnel à l’américaine.
Maéva, qui est PMM (ça veut dire Product Marketing Manager, mais moi non plus ça me cause pas beaucoup), a dit que « oh d’accord, on pourrait faire une partie de Nain Jaune entre midi et deux », et Rodolphe (qui est notre stagiaire en communication) a fait une tête comme si on venait de lui annoncer que Sasha Grey allait arrêter de tourner des pornos pour se lancer dans l’aide humanitaire. Émilie, qui est PDM (ça veut dire Product Design Manager) a dit que ça la mettait un peu mal à l’aise, le coup des nains, vu qu’elle fait partie de tout un tas d’associations de lutte contre les discriminations. Personne n’a pouffé sauf moi, ce qui m’a poussée à conclure que si Émilie n’est pas très vive dans sa tête,  mes autres collègues peuvent quand même soutenir la comparaison avec elle sans rougir.
- Bah on peut faire un karaoké, a dit Rodolphe.
- Oh chic! a couiné Maéva.
- Pourquoi pas, a dit Émilie.
- OK mais seulement si y’a l’intégrale de Gogol Bordello, j’ai dit.
- Tes choses sales avec des putes roumaines dans des maisons closes, tu te les gardes, La Chose, a dit Émilie (qui devrait décidément passer le casting pour « Le bonheur est dans le pré », moi je dis).

Comme Big Boss est parti faire péter son ulcère à coups de margaritas quelque part du côté de Tijuana, on a sorti la console de jeu, celle qu’on planque dans l’armoire où sont rangées toutes les lettres de mise en demeure des clients (c’est plus sûr qu’un coffre-fort, vu que Big Boss se fait un devoir de ne jamais l’ouvrir, c’est pour ça qu’on affiche un taux de satisfaction client de près de 98%). On a plein de jeux destinés à nous détendre entre midi et deux, des choses éducatives comme Call of Duty  (un jeu de fiction complète où les Américains gagnent la guerre en Irak) et Sim City (un jeu de fiction complète où le pouvoir politique municipal se met réellement au service des citoyens).

Donc on a commencé une partie de Singstar, qui est un karaoké virtuel avec des vrais micros. Rodolphe, il voulait mettre l’intégrale des musiques de film de John Williams (avec les génériques de Star Wars, Superman, Rencontres du Troisième Type, Les dents de la mer et tout, ça ne se chante pas avec des mots, il faut hurler « Ta ta…ta ta ta tiiiiiiii taaaaa » en même temps que les violons et faire « pom pom pom pom PO-POM » sur la Marche Impériale de Dark Vador, ce n’est pas un jeu à pratiquer devant des personnes un peu fragiles, surtout que Rodolphe joue souvent déguisé en Storm trooper de l’Etoile de la Mort). (Elle est super longue, cette parenthèse, ou c’est moi?)

Bref, Émilie et Maéva ne voulaient pas en entendre parler, vu qu’elles n’ont vu aucun des films sus-cités et qu’en plus, leur truc, c’est plutôt la musique de merde emblématique des années 80. On est donc tombés d’accord sur la compilation « Et si on écoutait de la soupe? » à l’unanimité moins deux voix.
Le premier duel, c’était Maéva contre Rodolphe, qui essayaient de nous faire croire qu’ils étaient des boules de flipper qui roulent (qui roulent). Heureusement qu’on avait fermé la porte et que les bureaux autour étaient vides (je crois que beaucoup de mes collègues ont des identités secrètes de blogueuses influentes, parce qu’en août, ils disparaissent mystérieusement).
Après, c’était mon tour contre Émilie et je devais braire plus fort qu’elle à propos de la nuit qui est chaude (elle est sauva-aaage). C’était une expérience un petit peu traumatisante, pas seulement parce qu’Émilie se trémoussait comme une dinde qu’on aurait électrocutée avec un chauffe-plat coréen défectueux, mais aussi à cause de Rodolphe qui s’était fait un voile avec un torchon et qui essayait de couvrir la chanson en hurlant (en boucle) « Au secours Obi-Wan Kenobi, vous êtes mon seul espoir! ».

Je ne sais plus qui a eu l’idée de ressortir la bouteille d’eau-de-vie (prunes-pommes-mirabelles-poires à 87°) rapportée par Big Boss d’un déplacement à Hunawihr, toujours est-il qu’à un moment, on a un peu perdu le contrôle de la situation et Maéva était en train de taper sur le clavier de son ordinateur comme sur celui d’un piano, Rodolphe se retrouvait torse nu en et braillait « Dites-nous où est la base Rebelle, sinon je choisirai de tester les capacités de destruction de mes armes sur votre bonne planète d’Alderaan! » (et il ajoutait « salope », mais je suis pas sûre que ça soit dans le film), tandis qu’Émilie discutait vaguement avec Ève en lui demandant de se lever et de danser avec la vie. De mon côté, je crois que j’étais en train d’essayer de jouer au ping-pong avec un iPad et une balle de golf, mais je suis plus très sûre.

C’est là que le téléphone a sonné. Mais comme y’avait un bordel indescriptible dans la pièce, personne ne l’a entendu sauf moi (mais c’est parce que j’étais affalée vautrée assise juste à côté du combiné, en fait).

- Mmmmmmllô? j’ai dit.
- Allô? Merde….putain de combiné téléphonique de métèque de mes deux…Allô? Vous m’entendez?
- Aaaaawwwwi?
- Allô? La Chose? Vous m’entendez? Ici c’est Big Boss, en direct des plages de Cancún, ça vous la coupe, hein,  punaise insignifiante?
- Graaaaaaaave…
- Pays de merde, je vous l’dis, plages superbes mais quelle bande de moules! Même pas une connexion Wifi correcte et des téléphones à cadran, putain! Par contre les gonzesses, alors là, je vais vous dire, ay caramba, comme ils disent, les pouilleux du coin! Mouaaaaaahahahahahaha!
- Ouétrobien, meuuuharghhhh…
- Ta gueule. Comment ça roule au bureau? Je sais que je devrais pas appeler, rapport au fait que je suis censé être en vacances et tout, mais j’ai autant confiance en vous qu’en Michèle Alliot-Marie. Et puis je suis accro, c’est comme dans la chanson de cette pétasse britannique, comment c’est déjà? « Ils ont essayé de m’envoyer en désintox, mais j’ai dit non, non, non ». Mouahahahaa!
- Rgnff…Amy Winehouse…
- (AMY WINEHOUSE! a hurlé Maéva, FAIS PÉTER LA COMPIL, RORO! »
- C’est quoi ces meuglements? a demandé Big Boss.
- Rien, c’est votre téléphone mexicain qui déconne, j’ai dit.
- (THEY TRIED TO MAKE ME GO TO REHAB, BUT I SAID NO, NO, NO)
- Vous écoutez de la musique au bureau?
- Si peu…
- (BLACK, BLACK, BLACK, I GO BACK TO)
- J’entends des trucs pas nets, bordel.
- Mais naaaaan, c’est Patrick, de l’Avant-Vente, qui a une gastro.
- Vous me prenez pour un con, La Chose?
- (VAS-Y METS-NOUS JOHNNY CLEGG, a bramé Émilie en se prenant les pieds dans les câbles de son ordinateur)
- (COPPER SUN SINKING LOW…)
- Qu’est-ce que c’est que ces hurlements de sauvage? Vous avez amené des punks sénégalais dans le bureau?
- (SCATTERLINGS AND FUGITIVE...)

C’est à ce moment-là que Rodolphe a voulu faire un pas de danse zoulou. Mais comme il fallait lever la jambe très, très haut, il a balancé son 44 fillette dans le menton d’Émilie, qui est partie à la renverse en entraînant son PC tout neuf, le moniteur 24 pouces, l’imprimante-scanner-fax- et la cafetière pleine. Comme le café était chaud et qu’il a giclé sur Maéva, elle a un tout petit peu crié en disant des choses que je ne peux pas écrire ici, et Rodolphe est parti dans un fou-rire nerveux irrépressible, comme on dit. Tellement il rigolait, il a reculé en titubant jusqu’à mon bureau et il s’est pris les pieds dans le fil du téléphone, du coup le combiné s’est arraché tout seul de ma main et s’est envolé contre le mur, et là c’était vraiment la hchouma.

On est restés bien bêtes devant le combiné qui trainait par terre et qui crachait des « …vous niquerai tous…pas se passer comme ça…virés comme des merdes », pendant que Johnny continuait à parcourir la route vers Phelamanga sous le soleil de cuivre avec les nomades de l’Afrique.

Là tout de suite, j’ai envie de te dire que si tu as un bon plan boulot qui traîne dans les cartons, je suis preneuse, même si ça un rapport avec des W.C sales. Merci.


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