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Objet : Remerciement

Publié le 07 septembre 2011 par Jeff @DagenaisJF
Objet : RemerciementSi vous vous êtes inquiétés à mon sujet, me revoici. J'étais resté dans l'ombre parce que j'attendais d'avoir quelque chose de bien à raconter. De recevoir des nouvelles fraîches. Et ça tombe bien parce que j'en ai reçu aujourd'hui même. 
Une jolie lettre que la compagnie d'autobus m'a fait parvenir par la poste. Le genre de nouvelle qui n'augure pas bien normalement. Alors j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai ouvert l'enveloppe blanche dont le logo de la compagnie ornait le coin supérieur gauche.
J'ai pris le temps de lire et de relire soigneusement les trois petits paragraphes imprimés sur la page. Chaque mot résonnait dans ma tête comme un marteau piqueur. Et de plus en plus fort, à m'en rendre malade. Je crois que ça ne saurait tarder. En attendant, voici le contenu intégral du message :

Objet : Remerciement
  Monsieur,
Au nom de Transdev, nous désirons, par la présente, vous remercier du temps que vous avez accepté de nous accorder à l'égard du processus de sélection pour l'obtention du poste de chauffeur.
Malheureusement, nous avons le regret de vous informer que votre candidature n'a pas été retenue pour ce poste. Il va de soi que cette décision ne remet nullement en question votre compétence professionnelle.
Nous apprécions l'intérêt que vous avez manifesté envers notre entreprise et vous prions d'accepter, Monsieur, l'expression de nos salutations distinguées. 
Xxxxx Xxxxxxx
Gérant de division 

J'ignore comment réagir à tout ça. Ça prend du temps à digérer et je ne serais pas surpris de la faire, cette indigestion. Si mes compétences ne sont pas en cause, de quoi s'agit-il alors ? C'est de ne pas savoir, de ne pas comprendre qui me rend malade. Tant qu'à l'être vraiment, aussi bien laisser la cuvette de la toilette ouverte et attendre que le méchant remonte de force.
Objet : RemerciementOn m'a souvent dit de me méfier de moi-même. De mes réactions démesurées. On m'a souvent comparé à une marmite dont le couvercle est muni d'une soupape pour évacuer la vapeur pendant la cuisson. Le trop plein de pression.

Objet : Remerciement

Une cocotte-minute prête à sauter

Je crois que cette comparaison est bien justifiée. Je ne sais pas comment je vais réagir et ça me fait peur. Actuellement, je me sens comme cette marmite qui emmagasine la pression à l'intérieur et qui bouillonne. Et cette fois, il n'y aura pas de sifflet d'avertissement. 
Je le prends mal, c'est clair. Et le pire, je ne vois aucune solution de rechange. Je me sens comme un bon à rien, une nullité qui vient de terminer son parcours. Je dois, à contre-coeur remiser ce métier pour de bon. Je ne saurai jamais pourquoi. Et même si je demandais des explications, on refuserait de me les donner.
Ma vie avait plus de sens grâce à l'espoir. Celui que j'entretenais patiemment. Un espoir maintenant anéanti, simplement d'un revers de la main. Par une lettre rédigée le 31 août et possiblement postée le même jour. Je me connais. Je vais tout garder pour moi. Sauf en cet instant précis.
Je me confie peut-être ici pour essayer d'atténuer la douleur, mais ce sera de courte durée. Je cherche un peu de réconfort dans l'écriture mais la solitude me ramène à la réalité. La mienne. Ma carapace me protégera bien encore une fois. Ce n'est pas la première fois et ne sera pas la dernière.
J'y avais crû il y a longtemps. La foi. Celle qui permet de croire aveuglément en quelque chose de plus grand et de plus beau. Celle qui supprime les doutes. Celle qui ensoleille notre vie. Je crois qu'elle vient de m'abandonner pour de bon.
Ma Tante ne m'a pas entendu cette fois-ci. Elle n'a pas due relayer ma prière à temps ou à la bonne personne. Si j'ai oublié de la faire, j'espère qu'elle pourra me pardonner quand je vais la rencontrer. Elle m'avait tant aidée et priée pour moi durant les dernières années de sa vie. J'ai hâte de la revoir.
Objet : Remerciement
Elle était dévouée et s'inquiétait toujours pour les autres. Pour la famille. Maintenant, je sais qu'elle est heureuse et qu'elle me regarde de là-haut. J'espère qu'elle ne sera pas trop déçue. Je suis tellement bon pour les déceptions. J'excelle plus dans ce domaine que dans celui de chauffeur d'autobus.
C'est terminé maintenant. Va falloir me recycler ailleurs. Je ne sais pas encore dans quoi et je ne veux pas le savoir maintenant. De toute façon, tout est perdu. Je n'ai plus rien. Un homme n'est plus que l'ombre de lui-même s'il a perdu sa dignité et son honneur.
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