Magazine Journal intime

Jour 70

Publié le 21 septembre 2011 par Miimii

Jour  70
Suite du jour 67
Il m’attrape la main, me tire en dehors de la cuisine « je vais tout mettre dans la machine, va te doucher. Etlave- toi les cheveux... »
Je le regarde comme une abrutie :« Pourquoi, ils sont sales ? »
« Non, mais ça te donnera letemps de réfléchir à ce que tu vas me dire... »
Il me fout une pression monumentale... Je titube jusqu’àma salle de bain, et j’ai le cœur qui bat. Iln’a pas l’air en colère, il l’air serein mais déterminé. Il a ce regardassassin de « Je n’ai pas envie dejouer maintenant... »
Je suis allée dans la salle de bain, me laver mais j’ai passé tout le tempsà me demander ce à quoi j’allais réfléchir, j’étais bien, mais complètementblasée et confiante à la fois. Je me disais très exactement « Je vais tout lui dire et advienne ce quepourra... »
Je sors de ma douche, et j’enfile un short et un tee shirt. Il estclairement révolu le temps où j’aurais enfilé une petite robe sexy ou un shortdemi fesses pour donner plus de « volume » à mes arguments. J’avaisenvie de lui... Mais pas du tout au sens sexuel de la question, mais surtoutqu’il soit là, que je me blottisse dans ses bras qu’il m’apprenne la vie, commeil la vit, lui qui a l’air de trouver que c’est un jeu d’enfants.
Je sors de ma chambre, les cheveux roulés dans une serviette, la cuisineétait aussi nickel que si je l’avais rangée moi-même. En préparant un plateauavec un broc de citronnade, je me suis aperçue qu’il savait exactement où ilfallait ranger chaque chose. Le constat est probant, il est observateur, ilsait beaucoup de choses de moi et de ma vie. J’avais le sourire au coin deslèvres, j’en aurais presque dis « je t’aime ».
Il est assis dans le canapé, il regarde « Discovery Channel »,c’est quand même pantouflard, non ?
Je passe derrière lui et je passe ma main dans ses cheveux. J’aime sescheveux, ils sont doux, fins et rebelles à la foi... Ils expriment totalementsa personnalité.
Je pose le plateau sur la table basse, et comme quand on chasse le naturel,il ... (je vous laisse finir) en me baissant, j’ai quand même pensé qu’ilallait, ne serait-ce que, mater mon cul, alors pour une bonne mise en matière,et gagner un tant soit peu l’indulgence du juge, j’ai pris mon temps pour merelever.
Je m’assois près de lui et je lui dis « Tu regardes quoi ? »
Il éteint la télé et me dis : « Rien, je vais t’écouter parler,petit monstre, viens on se met dehors, il fait bon. »
Il prend le plateau et quelques bougies et on se met sur la terrasse, je lelaisse allumer les bougies, il branche son iphone à la station et mets saplaylist des moments importants. Oui, mon mec a un style de musique pour chaquechose qu’il fait... c’est ridicule, je sais... J’ai dis mon mec ?... c’estce que je viens de dire ?
Il crée une petite ambiance sympathique, je me suis étendue sur labanquette, il s’est assis sur celle d’à côté. Comme si le pire était déjàpassé, je pose mes pieds sur sa cuisse. Je sais qu’il a un faible pour lespieds, il ne peut pas s’empêcher de les toucher, mais à cet instant, je sensqu’il se retient de me toucher.
« Alors ? Tu meracontes ce dîner et ta réaction à posteriori ? Et ne me dis pas quec’était une nuit d’adieu ... plutôt que de me le dire comme ça, dis moijuste que je dois partir... Je ne pourrais pas t’entendre dire qu’il a mis lamain sur toi...et je ne veux pas t’entendre essayer de te débattre avec ça... »
Sur un ton calme et monocorde, de la personne réaliste et factuelle... queje suis devenue et que je ne reconnais pas.
« Mais t’es dingue, je n’y suispas allée pour ça... »
Il me coupe la parole,
« Mais je sais que tu adores lathéâtralisation et les scènes dramatiques... Tu vis ta vie comme dans unfilm... »
Je baisse la tête et je ne dis rien... J’ai ce sourire en coin et uneattitude assurée...
« Je sais, je me trouvepathétique des fois... Mais cette fois ci, je n’étais pas dans cette optiquelà. Je suis allée pour régler une situation et même si je te l’avoue, j’aifailli partir dans mon délire théâtral parce qu’il a su appuyer, comme à sonhabitude sur les bons boutons... Je me suis rappelée à maintes reprises laraison de ma présence, et je n’ai pas flanché... »
« mmh, (il tortillait deslèvres pour témoigner de son désaccord et de son malaise face à cette situationest aux mots/maux qui allaient suivre...) etdans le détail, ça donne quoi ? »
J’ai vu qu’il était crispé, qu’il n’a même pas essayé d’effleurer monpied... et qu’il n’en avait même pas envie, alors je l’ai retiré. Il l’arattrapé au vol, il a compris que j’étais blessée par son indifférence... Il lareposé sur sa cuisse et il m’a regardé droit dans les yeux, comme s’ilattendait que je commence à parler.
« En fait, pour faire court, ladernière fois que je suis rentrée de Paris, j’ai retrouvé dans mes bagages unweek end pour deux au Château de Courcelles. Il disait dans sa lettre que si jevoulais, je pouvais y aller toute seule. Bref, je l’ai jeté au fond d’un placard,comme d’habitudepour fuir et oublier...Quand je lui ai dis au court du dîner qu’il valait mieux qu’on en reste làaprès s’être raconté toutes nos misères d’amour, il m’a dit OK mais tu parsavec moi pour un week end d’adieu... »
Je marque un temps d’arrêt volontaire pour jubiler gentiment de la paniquedans laquelle il se retrouve. Il doit en cramer des neurones en pensant que jesuis là en train de lui demander de se revoir après le week end,lui qui a l’air de connaître si bien mavie... doit se dire que mes dents acérés et mon ambition, ne m’autoriserontjamais à contrecarrer mes projets d’avenir pour un plan d’un week end d’adieu.
Il me regarde droit dans les yeux il a la mâchoire serrée... je ne pouvaisqu’arrêter son supplice.
« Quand j’ai dit que je verrais,il a insisté et quand j’ai refusé, il a menacé d’arrêter le projet... »
A mon tour de baisser les yeux, et d’imposer un lourd silence...
Il sait maintenant qu’il n’est pas question que je parte de mon plein gré,et il se demande alors, si je vais demander à y aller sous la menace.
« Tu ne peux pasaccepter... » Qu’il balbutie...
« Non, je ne pars pas, biensûr... mais... »
« Il t’a menacéd’arrêter ? »
« Oui, il a dit que ce projetavait plus d’importance pour moi que pour lui et que si je refusais ça lebranchait pas de continuer. »
« Mais quel con ! ... Toiaussi... Tu te mets toujours dans des plans à deux balles Mimi... »
Celle là, je ne l’ai pas appréciée... et ça se voyait à mon regard.
« Merci beaucoup... »
Il se reprend tout de suite ...
« Je suis désolée ma chérie(et il m’attrape le pied) maisfranchement, comment t’as fait pour tomber sur un connard pareil ? »
Je ne dis rien, j’hoche la tête pour que j’adhère complètement et que jen’essaie pas de fuir une réalité. Je m’étonne d’une minute à l’autre de masagesse et quant à lui, je le trouve très calme et très disposé à toutentendre, je me demande presque pourquoi il fait ça.
« Et depuis ? »
« Je ne sais pas, je suis coupéedu monde pour ne pas avoir de ses nouvelles... Téléphone et internet, je neveux rien savoir ?! »
« Et ta mère tu lui asdit ? »
« Quoi ? »
« Je ne sais pas, je me suis disque tu te sentais mal, tu as du l’appeler à la rescousse... »
« Tu crois ça (j’éclate derire) j’aurais peut être fait ça si je mesentais proche de la mort... et encore. Elle est passée me brancher untéléphone fixe, parce qu’elle était inquiète de ne pas pouvoir me joindredepuis hier. »
« Elle est toute gentille et toisa fille tu la décris comme ... »
« Je ne la décris pas... Je n’enparle jamais... c’est différent. »
« Oui, tu en parles avec de laréserve comme si c’était une mauvaise mère... »
« On s’écarte légèrement dusujet... »
« Je suis content de l’avoirrencontrée, ça m’a rassuré ! »
« De savoir d’où jeviens ? »
« Pas d’où tu viens, mais desavoir qui t’as élevée c’était important de mettre un visage sur un de tesproches. Passons... bon... qu’est ce qu’on fait ? »
« Maman m’a dit de m’en foutre,si j’avais un souci avec lui, je prends du recul et je prends une décision mêmeincisive, j’aurais fait un mauvais choix mais j’aurais appris pas mal dechoses... et ce n’est pas plus mal... elle a raison. »
« Tu vois ce que je veux dire part’élever ?... Quelles idées elle a incrustées dans ta tête et quelle lignede vie elle t’a donnée... Elle a parfaitement raison. Maintenant, le temps d’unweek end, n’y pensons plus. Tu continueras de consulter tes mails pros,histoires de continuerbosserconvenablement qu’on n’ait rien à te reprocher, quant à lui s’il se manifeste,je suis là on avisera... Tu veux qu’on parte à Hammamet ? »
Il a complètement changé d’attitude, je sentais qu’il avait décidé,désormais nous serions deux... Il avait mes deux pieds au creux de ses mains,comme si lui, tout entier, était la continuité de mon corps, nous ne faisionsqu’un.
« Ma chérie, je ne veux pas quetu sois blessée ou déçue... Tu aurais raison de l’être, je sais, mais si jepeux faire quelque chose pour que tu te sentes mieux ? Il s’est comportécomme un con, ... est ce que tu te vois, de toutes les façons, continuer aveclui ?... On fera ce que tu veux, mais tant que je suis à tes côtés, jerefuse de te trouver dans l’état où je t’ai vue tout à l’heure. Tout estréparable. Si je suis encore là, je pense que c’est parce que je suisintimement convaincu que tu ne mérites pas ce qui t’arrive mais parce que mêmesi tu cherches sans arrêt la merde, tu récoltes toujours beaucoup plus gros quece que tu as semé. J’essaie juste de te convaincre que tu devrais juste arrêterde faire n’importe quoi, si tu veux arrêter de souffrir...  »
Ces mots m’ont convaincus d’arrêter de vouloir sans arrêt provoquer la viepour qu’elle soit une salope avec moi... J’ai décidé d’arrêter de chercher lamerde et dès que je me la prends en pleine gueule, crier « au loup ! ».Tout le monde sait comment l’histoire d’  « au loup ! » s’estterminée. Moi, je ne voulais plus le quitter...et je ne veux plus mourir...
Jour  70

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