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Mario Balotelli, la dernière chance?

Publié le 27 septembre 2011 par Africahit

Talent brut du football italien, Mario Balotelli n’a toujours pas confirmé les espoirs mis en lui. Si le racisme qu’il a subi dans son pays n’a pas contribué à son épanouissement, il n’explique pas tout. Aujourd’hui, le joueur d'origine ghanéenne n’a plus le droit à l’erreur.


Puissant, rapide, technique, Mario Balotelli a toutes les caractéristiques de l’attaquant moderne. Mais le grand espoir du football italien gâche son potentiel. Le jeune joueur se doit de réagir.

Un talent précoce

Le prodige italien voit le jour à Palerme, le 12 août 1990. Ses parents, Thomas et Rose Barwuah, sont des immigrés originaires du Ghana. Enfant, le footballeur a des problèmes de santé et à l’âge de deux ans, il est confié à une famille d’accueil italienne de Brescia. Le petit Mario débute le foot à l’âge de cinq ans. Rapidement, le jeune surdoué surclasse ses coéquipiers.

En 2001, il intègre l’école des jeunes de Lumezzane, un club de la province de Brescia. Le 2 avril 2006, Balotelli fait ses débuts chez les professionnels avec l’équipe première de l’A.C. Lumezzane, qui évolue en série C (troisième division italienne). A 15 ans, il devient le plus jeune joueur de l’histoire à jouer dans la division. La même année, l'Inter Milan s'attache les services de la jeune pépite.

L’avant-centre débute en série A (première division italienne) à l’âge de 16 ans. Très vite, Roberto Mancini, l’entraîneur de l’époque, lance l’attaquant  dans «le grand bain». Super Mario arpente pour la première fois les pelouses du Calcio en décembre 2007. Quelques jours plus tard, il réalise en Coupe d’Italie, face à la Reggina, son premier doublé sous ses nouvelles couleurs. Une performance qu’il réitère au tour suivant.

Balotelli inscrit son premier but en championnat le 6 avril 2008 face à l’Atalanta Bergame.  Les débuts de l’Italien sont réussis. Le joueur impressionne, mais ne s'imposera jamais comme un titulaire indiscutable.

Le 13 août 2010, Mario Balotelli s’engage pour le club anglais de Manchester City. Avec 28 buts en 86 matchs, l’attaquant quitte les Nerazzurri sur un bilan personnel mitigé. En revanche, le joueur a bien garni son palmarès: une coupe d’Italie (2010), une Supercoupe d’Italie (2008), trois titres de champions (2008, 2009, 2010) et une Ligue des champions (2010).

Le contrat signé chez les Citizens a une durée de 5 ans et s’élève à 28 millions d’euros, un record pour un joueur de cet âge. Dans le nord de l’Angleterre, il retrouve son premier entraîneur de l’Inter, Mancini. Dès son premier match, Balotelli ouvre son compteur but face à la modeste équipe de Timișoara, en Ligue des champions. Le 28 décembre, il inscrit un triplé face à Aston Villa. Mais depuis son arrivée, l’attaquant n’est jamais parvenu, une fois de plus, à s’imposer durablement dans le onze titulaire.

Le mal-aimé de l’Italie

Tout au long de sa carrière, Mario Balotelli a dû faire face au racisme des stades italiens. Comme beaucoup de joueurs noirs évoluant en série A, l’attaquant a subi insultes et cris de singes de la part de certains tifosi, les supporters italiens.

Le 20 avril 2009, l’Inter Milan affronte à l’extérieur la Juventus Turin. Au cours de la rencontre, l’avant-centre essuie les cris et les insultes racistes d’une partie des supporters turinois. L’affaire crée une polémique en Italie.

Antonio Matarrese, président de la Ligue de football italienne, condamne fermement ces actes:

«Il ne faut plus parler et débattre mais agir. […] Nous avons reçu beaucoup d’appels de joueurs qui manifestent leur soutien à Mario Balotelli et qui nous demandent d’agir. Nous ne mettrons pas cette affaire de côté. Ces manifestations racistes sont inacceptables!»

Mais les comportements racistes se poursuivent. Mario Balotelli est le premier joueur noir à intégrer l’équipe nationale d’Italie, une nouveauté qui ne plaît pas à tout le monde.

«Un Italien noir, ça n’existe pas!»«Noir de merde, tu n’es qu’un noir de merde !»; «A mort Balotelli!», telles sont les injures que le joueur a pu entendre de la part de supporters italiens hostiles à son arrivée.

Mais l’attaquant a toujours crié son amour pour la Nazionale. Il a d’ailleurs décliné l’offre des Black Stars, l’équipe nationale du Ghana. Le 12 août 2008, jour de ses 18 ans, il obtient la nationalité italienne. En septembre, l’avant-centre est appelé chez les Espoirs et marque dès son premier match.

En 2009, le Ghana tente pour la deuxième fois d’enrôler la pépite et essuie un nouveau refus:

«Je suis italien, je me sens italien, je jouerai toujours avec l'équipe nationale italienne», a-t-il déclaré.

L’attaquant fait ses débuts en équipe A le 10 août 2010. Certes, la situation de Mario Balotelli est très complexe en Italie. Premier joueur noir de la squadra azzura, l’attaquant essuie les plâtres. Mais plus que le racisme, c’est la personnalité du joueur qui bloque son évolution.

Un gamin immature

Immature. C’est sûrement ce qui définit le mieux le caractère du joueur. Provocateur, arrogant, Balotelli en irrite plus d’un. En Italie, certains considèrent que plus que sa couleur de peau, c’est son attitude qui provoque les cris et les insultes dans les stades. C’est aussi la raison avancée par le gardien de la Juve, Gianluigi Buffon:

«Nous, joueurs, devons faire attention à ne pas avoir des comportements qui pourraient faire réagir certains supporters. Balotelli est un bon joueur mais il doit faire attention à ce que son caractère ne devienne pas son talon d’Achille

Si nombre de tifosi des équipes adverses ont manifesté leur hostilité à l’égard de l’attaquant, le joueur ne faisait pas non plus l’unanimité au sein même de l’Inter. Entre José Mourinho, l'entraîneur, et Mario Balotelli, les relations étaient exécrables.

Les supporters du club n’ont pas été plus tendres avec lui. Lors d’un match face au FC Barcelone, l’attaquant a été copieusement sifflé par les supporters intéristes. Lassé de subir des insultes racistes, le joueur en a jeté son maillot de rage. Un acte que lui ont reproché son coéquipier Marco Materazzi et des supporters qui l’ont pris à parti.

A ce mauvais caractère s’ajoute un égo surdimensionné. Balotelli a en effet une haute estime de lui et le fait savoir. Le 21 décembre 2010, dans un article du Daily Mirror, l’attaquant parle de lui:

«Il n'y a qu'un joueur qui est un peu plus fort que moi —Messi. Tous les autres sont derrière moi.» 

Balotelli est encore loin du niveau de Lionel Messi. Et sa mentalité laisse à désirer. En mars 2011, le joueur «s’ennuie» et décide de jouer aux fléchettes… sur des joueurs du centre de formation des Citizens. Un incident qui, heureusement, n’a fait aucun blessé.

Le 24 juillet, Manchester City affronte les Los Angeles Galaxy dans le cadre de leur tournée américaine. A la 28e minute, l’avant-centre se retrouve face au gardien américain et n’a plus qu’à frapper. A la surprise générale, l’attaquant tente une talonnade improbable. Ce geste irrationnel provoque l’ire de son entraîneur, qui le fait remplacer sur-le-champ.

Lors de la trêve internationale, Super Mario fait à nouveau parler de lui. Appelé en équipe nationale, le joueur débute le match contre les Iles Féroé sur le banc des remplaçants. Alors qu’il s’apprête à le faire entrer, Cesare Prandelli, le sélectionneur italien, le découvre en train de jouer avec son iPad. Du jamais vu. Finalement, le joueur n’entrera qu’à six minutes de la fin.

Le 15 septembre, Balotelli est entendu par le procureur de Naples sur ses liens présumés avec la Camorra, la mafia napolitaine. Le même jour, Roberto Mancini décide d’écarter le joueur de l’effectif pour les prochains matchs. Victime de la forte concurrence et surtout de ses écarts de conduite, l’attaquant n’entre plus dans les plans du coach des Blue Sky.

«Je me considère très chanceux de compter sur quatre attaquants, surtout dans une situation où l’équipe a besoin de jouer tous les trois jours. Pour l’instant Mario va devoir s’adapter à la situation, il ne jouera pas les prochains matchs à venir», explique Mancini.

Mario Balotelli a tout pour devenir l’attaquant de demain. A 21 ans, l’avant-centre a son avenir devant lui. Mais la personnalité du joueur excède au plus haut point. Cette saison s’annonce donc décisive pour le natif de Palerme. S’il veut entrer dans le club très fermé de Messi (Ballon d'Or 2009 et 2010) et des autres, le jeune prodige va devoir mûrir et prouver rapidement sa valeur.

Jacques-Alexandre Essosso


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