Premier voyage aux USA

Mont Mansfield, Vermont

Je suis revenu tard vendredi soir. Je devais laisser le car à Drummondville afin de récupérer ma voiture. En effet, mon patron m'avait laissé l'opportunité de garder mon H3 avec moi, à la maison. J'ignorais si j'aurais une place assez grande pour le garer près de chez moi. 
Pendant que je ramenais ce monstre, je me creusais les méninges dans ce sens mais je n'allais pas tarder à le savoir. Je me demandais surtout comment allait réagir mes voisins en entendant ce bruit de moteur inhabituel s'approcher de mon édifice. 
J'ai bien cru que tout le voisinage allait sortir dehors lorsque le bruit caractéristique de la marche arrière de mon véhicule s'était soudainement fait entendre. Je devais stationner cet engin en face, le seul trou disponible pour sa longueur (45 pieds) et encore, il prenait quelques pieds du parking privé. 
Je m'étais levé très tôt le lendemain et je me demande encore comment j'y suis arrivé. Cinq heures de sommeil, c'est franchement pas assez pour moi et j'espérais pouvoir dormir quelques heures pendant que les élèves allaient grimper cette foutue montagne et la redescendre sans trop de mal.

Une section du sommet appelée « The Chin »

Je devais me rendre dans une école de la municipalité de Saint-Bruno et je n'allais pas faire tout ce trajet vers le Vermont seul. L'école avait commandé deux autocars et j'allais rouler en compagnie d'une collègue. Oui, la compagnie comptait une femme dans ses rangs et la seule parmi la quinzaine d'employés masculins. C'est une femme admirable et une conductrice très compétente. 
Nous avions quitté notre point de départ depuis belle lurette et tel que convenu, je la suivait et elle, devait me surveiller dans son rétroviseur puisque je ne connaissais pas la route à suivre pour me rendre au Mont Mansfield, une magnifique municipalité connu sous le nom de Stowe. Cette montagne est le point culminant avec une altitude de 1339 mètres et est située dans la région des Adirondacks. 

Au loin, le lac Champlain et les Adirondacks

Une ville pittoresque : Stowe, Vermont

Elle possède donc le plus haut sommet de l'État du Vermont et est voisine du mont Smugglers' Notch et de ses pentes de ski tant recherchées par les adeptes du ski alpin de partout en Amérique du Nord. 

Les pentes de ski de Smugglers' Notch, Vermont

Le trajet devait durer environ près trois heures. Cependant, une halte de quelques minutes à la douane américaine était nécessaire pour ne pas dire évidente et obligatoire. Ce fut l'occasion pour moi de tester ma nouvelle acquisition : mon permis Plus.
Et il a réussi avec succès, en quelques secondes à peine. Le temps pour l'officier des douanes de glisser la carte dans la fente du lecteur. J'étais impressionné et en même temps fier de ce nouvelle trouvaille du gouvernement. Au montant qu'il demandait pour acquitter les droits, ça en vaut largement la peine.

Département américain de la sécurité du territoire

Je ne connaissais pas les nouvelles procédures en tant que chauffeur mais ma collègue était là pour me les rappeler. Je devais signer le registre des chauffeurs en indiquant le nom du transporteur, la date du jour, le nombre de passager au total et une belle signature, lisible autant que possible. Une fois cela fait, je suis remonté à bord pour revérifier mon carnet de bord au cas où un officier l'exigerait. 
Après avoir reçu l'autorisation de quitter les lieux, je me suis empressé de repartir pour rejoindre ma collègue. Nous roulions désormais en sol américain. Les responsables de l'école, les profs que nous transportions répétaient cette activité depuis six années de suite et n'étaient pas peu fiers de cet exploit.
La plupart sont des enseignants en éducation physique et les autres, des professeurs dont la discipline pouvait varier des mathématiques et du français. Ils allaient faire cette ascension pour la première fois. Je les enviais aussi. Pouvoir supprimer 25 ans de ma vie, je me serais joint au groupe volontier. 
Pour le moment, ces quelques adultes et leurs élèves avaient un objectif commun et la montagne allait leur permettre de le réaliser, une fois de plus leurs rêves les plus audacieux. La balade en autocar n'avait durée que trois heures mais j'ai eu la joie et le plaisir d'admirer la beauté du paysage. 

En contrebas, les installations du centre de ski

Le Vermont, comparé à nos propres régions montagneuses possède des montagnes tout aussi belles que les nôtres, sans vouloir vexer les amoureux de la région de Charlevoix, de la Côte Nord ou encore la belle région des Appalaches, sur la rive sud du Saint-Laurent. Mais selon moi, les montagnes de cet État sont plus hautes que celles de la région de la Côte-Nord que j'avais visité plus tôt.

Le Fjord du Saguenay et ses environs

Néanmoins, les profs et les élèves prendront un bon trois heures pour l'escalader et la redescendre jusqu'au sentier qui mène au petit stationnement de gravier situé sur l'accotement de la route 108. Cela étant dit, les endroits permettant à des engins comme les nôtres de pouvoir faire demi-tour n'étaient pas légion. 
Le plus près était bordé d'arbres matures dont les branches dépassaient largement les 12 pieds et 4 pouces (3, 76 mètres) sans l'ombre d'un doute et l'espace pour virer était acceptable, à la condition de lever le tag, la 3e roue. Ce qui allait me permettre de gagner un bon quatre pieds supplémentaires.
Bien entendu et comme je n'avais pas le choix d'exécuter cette manoeuvre, j'entends encore les branches érafler le toit et le pare-brise. Malgré son âge, ma monture n'échapperait pas à son destin ni la couche de peinture qui allait se faire maltraiter pour l'occasion. Et ce ne serait pas la dernière non plus.
Pendant que les jeunes et leurs responsables pratiquaient leur sport favori, l'ascension de la montagne, nous mangions en toute tranquillité dans un restaurant chinois au coeur de la ville. Après plus de trois heures de route, j'avoue que j'avais l'estomac dans les talons et ma collègue aussi. 
Un bon repas et une bonne sieste pour préparer et terminer le retour de cette expédition étaient de mise et même chaudement recommandée par des chauffeurs d'expérience. Pendant le repas, ma collègue et moi avions fait plus ample connaissance. Tout comme moi, elle a trois enfants, deux filles et un garçon, et celui-ci habite maintenant avec elle. 
Bref, on a parlé et bien mangé. Ce n'était pas un buffet comme on le croyait en entrant mais la bouffe était excellente et le prix, franchement raisonnable. J'aurais dû prendre une carte d'affaire. Sait-on jamais ? La suite, j'ai réussi à somnoler une petite heure et me réveiller avec des courbatures. Pas facile de dormir dans un autobus.

Le retour s'était fait sans encombre. Le film « Le flic de Berverly Hills » jouait sur les écrans de 17 pouces et si quelqu'un m'avait observé, ne serait-ce qu'un instant, il aurait vu un chauffeur avoir le visage fendu jusqu'aux oreilles. J'entendais le son et je pouvais l'associer avec les images du film.
Tout comme celui de Top Gun que mes passagers avaient visionnés pendant le trajet du matin. Mais ce qui m'avait touché davantage, c'était cette chanson, à la fin du film. Celle interprété par les Righteous Brothers en 1964 : You've lost That Loving feeling. Bill Medley et Bobby Hatfield formaient le duo du célèbre groupe jusqu'à la mort de Hatfield en 2003.
Personnellement, je préfère la version plus « rythmée » d'un autre duo américain cette fois-ci : Hall & Oates. Ce que j'aime de cette version ? Le synthétiseur. Un instrument qui apporte plus de sensibilité et de sentiment à une chanson déjà sentimentale. Je terminerai ce texte sur cette pièce du groupe Hall & Oates. Ma préférée.
Bonne semaine !