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Monsieur A.

Publié le 27 septembre 2011 par Madamebine @madamebine

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Monsieur A.

Le beau risque

OK tout le monde. Aujourd’hui, c’est spécial. Aujourd’hui je vous parle de quelqu’un qui est certes un voisin, mais qui est aussi  - et surtout – notre co-propriétaire et ami. Plusieurs parmi vous le connaissent, mais nous allons quand même tenter de préserver ce qui lui reste d’anonymat; nous l’appellerons donc Monsieur A. Une présentation en règle s’impose, puisque comme nous habitons la même maison – lui en haut, nous en bas – il est vraiment au coeur de notre histoire d’amour avec nos voisins. D’ailleurs, je serais injuste de ne pas le mentionner: c’est lui qui a baptisé Mami Poubelles. C’est tout dire.

Avec Monsieur A., nous célèbrerons bientôt notre première année de vie commune. Dit de cette façon, ça fait un peu ménage à trois, mais quand on y pense, les liens sacrés de l’hypothèque sont une sacré corde au cou. Cela dit, depuis un an, ici, c’est l’harmonie et vous ne trouverez personne parmi notre joyeux trio pour s’en plaindre. Même si, à la base, l’entreprise était risquée. J’avais beau avoir un bon feeling, Monsieur A. n’était pour moi qu’un ami de mon chum dont je ne savais à peu près rien, sinon qu’il était cute, qu’il avait déjà été dans l’armée et qu’il savait sauter du toit d’une maison sans se tuer. Jamais de ma vie je n’aurais pensé qu’un jour, j’aurais un compte conjoint avec lui.

Oui, c’est un fait, Monsieur A. est beau gosse et pogne invariablement avec à peu près tout le monde. De ma mère qui le trouve « beau comme un petit St-Jean Baptiste », à la petite fille de 13 ans qui avait passé l’été d’il y a deux ans à le voir jouer un chevalier dans les parcs et qui avait fini par lui écrire une lettre d’amour avant la rentrée scolaire, en passant par un ou deux metteurs en scène – j’ai pas de nom, mais je mettrais ma main au feu. Pour nous, voisins d’en bas, spectateurs du quotidien et amis VIP, tout ça est assez divertissant. L’autre jour, Mamie Poubelle, qui héberge sa petite-fille de 20 ans pendant l’année scolaire, m’a demandé sans aucune subtilité, quel âge il avait et a lâché dans la même phrase que « en tout cas Marie-Pierre a ben hâte de le croiser! » Ce n’est pas pour lui enlever du mérite, mais il faut aussi mentionner que Monsieur A. joue dans un téléroman écouté par la moitié de la province et que même si son personnage est quelqu’un de très méchant qui vole des bébés et qui bat des gens, ça fait grimper sa cotte de popularité. Popularité dont il n’abuse pas du tout, dont il ne se sert jamais, dont il n’est pas conscient en fait, si vous voulez mon avis. Et s’il lui arrive de temps en temps, d’avoir une visiteuse, c’est surtout parce que en dehors de tout ce que je viens de raconter, c’est quelqu’un d’exceptionnel. Mais avant d’embarquer là-dedans, je tiens quand même à le dire en passant: oui, quand il a une date, on écoute! Quoi!? S’il y a UN avantage à avoir une maison mal insonorisée, c’est bien celui-là. Sa chambre est au-dessus de la nôtre, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise? Même si on voulait pas entendre. On entend. Je vous le dis, là, les filles: on entend TOUTE. OK, c’est dit.

J’allais donc dire que Monsieur A. est quelqu’un d’exceptionnel et c’est vrai. C’est quelqu’un de profondément bon et gentil. Il est conciliant et facile à vivre. Il a aussi un gros penchant écologique et en dehors du fait que je suis stressée sans bon sens quand je lave la vaisselle devant lui parce que je laisse couler l’eau, je trouve ça super. Il est le chef du compost (on marche par chefs de départements, on aime ça. Moi je suis genre la chef des taxes et Francis, le chef du divertissement. Ben oui, chacun son domaine.), il sauve nos plantes à l’agonie (toutes les plantes sont rendues en haut) et il est en train de faire une demande de sub pour qu’on ait une ruelle verte. Eille, non mais, qu’est-ce qu’on peut demander de mieux? À ma fête, il m’a même donné des savons écologiques. J’adore ça. J’ai l’impression de prendre ma douche avec un sapin.

Sinon, il y a bien sûr mille et un petits avantages, mille et une petites joies à vivre dans notre belle commune. Parmi elles, il y a pour les gars le plaisir chaque jour renouvelé d’avoir son ami à portée de main, de se parler en criant à travers le plancher et de faire d’infinis tournois de Call of duty. Bon OK, quand ils ont commencé à parler de faire un trou dans mon plafond pour installer une pôle de pompier, j’ai un peu haussé le ton, mais en dehors de ça, leur bonheur est le mien.

Il y a aussi les petits côtés pratiques et sympas, du genre s’emprunter des ingrédients quand on fait à manger. Le pot de mayonnaise a d’ailleurs fait tellement d’aller-retours de haut en bas et de bas en haut, qu’on ne sait plus trop qui l’avait acheté au départ. Même chose pour le vinaigre balsamique: il y en a une bouteille dans la maison et elle appartient à tout le monde. C’est niaiseux, mais on aime ça. Et puis bon, puisque nous y sommes: ça fait aussi qu’il y a deux salles de bains d’accessibles. Eh oui, ça a déjà servi.

Pas besoin de vous dire que très rapidement, Monsieur A. est aussi devenu mon ami. En fait, ami n’est pas le mot exact. C’est plus que ça. Une sorte de mélange entre un beau-frère, un co-loc et un ami. Notre relation est le résultat d’un dosage parfait de familiarité et de réserve. On entre chez l’autre en cognant, mais une fois entré, on fait comme chez soi. On sait que ça fait longtemps qu’on s’est pas croisés quand on se donne des becs en se voyant et si, par hasard, par inattention ou par mégarde, Monsieur A. entre chez nous sans prévenir et me prend à un mauvais moment, je crie: « nudité! » et il attend sagement sur le pas de la porte.

Si c’est pas du beau voisinage, ça, je sais pas ce que c’est.

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