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Laurence Verrey, Vous nommerez le jour

Publié le 12 novembre 2011 par Angèle Paoli
Laurence Verrey, Vous nommerez le jour,
Samizdat, Genève, 2005.

Note de lecture d’Annette Luciani

« DANS LE CONTINUEL RECOMMENCEMENT
D’UN PARLER
FRATERNEL »


  Vous nommerez le jour : le titre de ce long poème de Laurence Verrey en donne la clef, tout en gardant entier son mystère, qui est le cœur même de la création poétique.

  L’appel est déjà en soi un échange, un partage créateur. Ayant reçu cet « appel affamé vers l’origine », ce « désir primordial », le poète appelé appelle en retour la « parole », l’incite à « venir », à « creuser », à «  nourrir », à « débusquer la pensée ».
  Nommer, c’est aller au plus près du réel, lui conférer un pouvoir, le dévoiler sans jamais en perdre l’essentiel.
  Qu’on ne s’y trompe pas pourtant, la création n’est pas un acte d’orgueil ; c’est une méditation à la fois humble et solennelle, où l’appelé et l’appelant découvrent leur unité en explorant ses facettes contradictoires et complémentaires (la parole et le silence, le fixe et le mouvant, le fort et le faible, le « je » et le « vous »…). Des liens se tissent, un dialogue s’instaure, dans un équilibre fragile, une « balance inexacte ».
  Contre les dogmes réducteurs, la parole poétique, loin d’ériger des statues, ou de s’ériger en statue, se construit pas à pas, à travers une errance nomade, en « cueillant l’herbe provisoire ». Car de l’éphémère seul peut naître la communication de l’être, des êtres, dans la pluralité du sens :

         « N’oublie pas la promesse faite à ton frère :
        Je ne briserai pas ta parole je la garderai

        / flexible et différente adverse
        / irréductible »

  Surprenante par sa charge d’espérance et de fraternité, la voix unique de Laurence Verrey sonne juste et vrai. Elle entraîne le lecteur, le fait partie prenante de cette intime aventure créatrice, le laissant sous son emprise longtemps après sa lecture.
Annette Luciani
D.R. Texte Annette Luciani [PAROLE]

Parole
vigueur    et    vigilance
vie double   et   débordante
des lèvres
viens
voltige et volcan   fol enchaînement
de vocables renversés dans le temps
qui nous borde
creuse-nous parole comme la vague
ou comme la morsure

Parole infatigable
nourris de tout ton sel
le souffle les élans   ses rapts
d’envahisseur
et débusque la pensée serrée
dans ses buissons !


Laurence Verrey, Vous nommerez le jour, Samizdat, Genève, 2005, page 15.

Verreyjour

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LAURENCE VERREY

Laurence Verrey

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■ Laurence Verrey
sur Terres de femmes

→ Le Grand Prix Schiller 2010 remis à Philippe Jaccottet (chronique)
Nous changeons à tout moment de lumière (autre extrait de Vous nommerez le jour)
Ton pas déjà me quitte

■ Voir aussi ▼

→ le site personnel de Laurence Verrey
→ (sur le Cultur@ctif Suisse) une page auteur consacrée à Laurence Verrey
→ (sur le Cultur@ctif Suisse) d’autres extraits de Vous nommerez le jour de Laurence Verrey
→ (sur le site du Scriptorium de Marseille) un extrait d’Une brève transe de cailloux, précédé d’une note de présentation de Dominique Sorrente

■ Annette Luciani
sur Terres de femmes

→ La Corse, l’enfance



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