Magazine Journal intime

Aujourd'hui, j'ai osé donner

Publié le 20 février 2011 par Toutautourdemoi @toutautourdemoi
Aujourd'hui, j'ai osé donner

après ma journée de tournage, j'ai dû me présenter une fois de plus à l'urgence de l'hôpital. Ayant terminé ma médication depuis peu, j'ai eu droit, à une autre crise d'urticaire et de l'enflure au visage. J'ai donc été admise à l'urgence, branchée sur soluté, cortisone intraveineux et j'ai revêtu la chic et sexy jaquette bleu d'hôpital et tout le tralala...

Ce matin, tout était bien contrôlé, vu le médecin, "re et re" prise de sang. On verra dans les quelques jours qui suivent ce qui se passe dans mon body. Je ne suis pas trop inquiète. Ce matin, la démangeaison et la sensation de brûlure étaient disparus. J'ai juste la face rouge, pour le reste, je suis top shape!


Je commence donc à travailler un peu dans mes documents (un peu de retard au boulot dû à toute mon épopée des dernières semaines.


Et un peu avant le diner, j'ai eu mon congé. Mais avant de retourner chez moi, je dois attendre la "re" prise de sang et mes nouvelles prescriptions.

Une ainée comme tellement d'autres...

Les préposés prenaient soin d'une vieille dame, une mamie, le lit juste à côté du mien. Elle ne voulait pas boire, ni manger, ni ouvrir la bouche pour recevoir ses médicaments. Elle ne s'ouvrait même pas les yeux. Elle ne parlait pas. J'ai su d'une autre voisine qu'elle avait été victime d'un ACV ...quelque chose du genre.

J'avais le coeur gros de voir cette dame seule, personne pour lui prendre la main, lui parler doucement. Une vieille dame laissée à elle-même. Je pensais à ma grand-maman de 87 ans que j'aime tant. J'avais le coeur gros. J'aurais aimé que ma mamie à moi soit près de moi pour la serrer dans mes bras.

Plus je regardais cette dame coucher dans son grand lit d'hôpital, recroquevillée dans ses draps, plus j'avais vraiment envie d'aller lui parler, de lui prendre la main, mais j'hésitais... Qu'est-ce que le personnel va dire, et les autres patients? Cette patiente a-t-elle vraiment envie d'être abordée par une pure inconnue? Est-ce un geste envahissant de ma part? Est-ce que c'est de mes affaires?

J'étais gênée, hésitante, mal à l'aise. J'avais peur. Franchement, peur de quoi la grande? De me faire dire non? Ouin? pis après? Ça fait pas mal ça ?!

Et pis là je me suis dit: si elle n'a pas envie que je l'approche, elle va surement me le démontrer d'une façon ou d'une autre, j'ai rien à perdre. Je ressentais un réel désir d'aller à son chevet pendant mon attente et de prendre un tout petit peu soin d'elle, à ma façon.

Je me suis approchée d'elle et j'y suis allé avec douceur. Je lui parlais doucement, j'ai mis ma mais sur son front et je lui ai caressé les cheveux. Elle ouvrait le yeux péniblement. Le contact visuel était fait. Je lui ai demandé si ça faisait du bien, elle fit signe que oui. Ses yeux se sont ouvert à nouveau. Cette dame avait de magnifique yeux bleus comme le ciel. Quand je lui ai dit que les hommes devaient aimer ses beaux yeux bleus, elle a rit! En prononçant péniblement des mots qui sortaient à peine de sa bouche. Je lui ai demandé si elle aimait la musique, elle fit signe que oui.

J'ai choisi les quelques versions de l'Ave Maria que j'ai dans mon Iphone. Ben oui, j'aime cette chanson sacrée. Ça me touche, ça me calme, ça vient chercher mes émotions, c'est thérapeutique même! C'est un chant qui est très puissant pour moi. J'écoute pas ça à tous les jours mais quelques fois dans l'année.

J'ai réglé le volume, lui ai mis mes écouteurs dans ses oreilles, et là, j'ai vu une transformation. J'ai pu voir de mes propres yeux l'effet de la musicothérapie. Les traits de son visage se sont décrispés, elle avait un doux sourire sur ses lèvres, elle semblait paisible. Elle disait du bout des lèvres, Ha! c'est beau, c'est beau. Elle appréciait le moment présent. Elle me tandis sa main au-dessus de son lit, je l'ai prise dans les miennes. Sa main était froide, sa peau âgée tellement mince et fragile. Elle semblait réconfortée, rassurée, même sereine.

Je peux pas vous dire tout le bien que ça m'a fait. Pas que je ressentais de la fierté, mais plutôt une dose incroyable d'amour et de compassion. Par ce petit geste d'attention, de douceur et d'écoute, j'ai fait du bien à cette dame, à ma façon. Les préposés sont revenus la déplacer pour la coucher sur le côté. Je lui ai frotté le dos pour revigorer un peu ses muscles, pour y faire circuler le sang. Quand on est couché dans le même position plusieurs heures, y de quoi avoir de l'inconfort. Ça avait l'air à lui faire un tel bien. Juste ça, se faire frotter le dos! J'observais les bienfaits thérapeutique du toucher, du contact humain.

Elle qui ne voulait rien boire ni manger, elle m'a demandé de l'eau. Le préposé est venu la faire boire doucement avec une paille.

Je lui ai demandé son nom avant de la quitter des yeux. Et lentement et difficilement, mais avec le son de sa voix, elle me répondit: Yolande. L'infirmière qui arrivait à mon lit pour ma prise de sang n'en revenait pas que j'ai réussi à la faire parler.

Dans le fond, j'ai juste mis mes peurs de côté et j'ai osé donner, tout simplement!

Merci Yolande d'avoir croisé mon chemin. J'espère que ce doux moment de tendresse et de petites attentions vous a rempli le coeur autant que le mien.

L'autre voisine de lit m'a dit avant que je quitte: "Je sais pas pourquoi on fait pas ça plus souvent, de quoi on a peur dont?! Ce soir, moi aussi j'irai près d'elle pour lui jaser un peu, maintenant que tu as cassé la glace, merci ! "

Je vous invite vous aussi à casser la glace et à oser donner, à faire une toute petite différence dans la vie des gens que vous croisez sur votre passage. Parfois, on n'a pas l'énergie pour le faire, parfois, c'est à soi-même qu'on doit oser donner, et c'est très correct ainsi. Mais quand on a un élan, je dis go! Allons-y!

Aujourd'hui, j'ai osé donner

En arrivant à la maison, devinez quoi? J'ai téléphoné à ma grand-mère. Ça m'a fait du bien de te parler grand-maman, je t'aime.

Aujourd'hui, j'ai osé donner


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