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Noël vs culture 2.0

Publié le 09 décembre 2011 par Fracturedenuit

Cette année, j’éprouve une tristesse particulière à l’approche de Noël.  J’ai la nostalgie d’avant,  avant même l’introduction de l’ère nouvelle.
La famille a loué une salle : «C’est plus pratique».
On ne se fera pas de cadeaux : «L’important c’est d’être ensemble. »
On ne chantera pas : «C’est plus simple.»
Et puis ce sera …le 18 :«Ça convenait à plus de monde».

Cette année, on innove. Tout s’est décidé très vite, online. Façon Doodle des disponibilités de chacun et recherche du plus petit dénominateur commun. Chacun étant libre de déployer son individualité, ses priorités et ses “valeurs” personnelles, il n’est plus resté grand chose entre la semaine des skis des uns , l’athéisme ou la foi chamanique des autres. Rien que la bouffe, les vins. Cf. supra.
Je n’ai rien contre l’athéisme ou la foi chamanique, notez. Mais quelle est leur légitimité pour déterminer comment on fête Noël dans ma famille ?

Ma foi modeste, vacillante,  et moi, on est donc restées toutes seules à aimer les cantiques chantés en famille avec tantes et cousins, autour du sapin le soir du 24. Sommées de s’adapter à la volonté commune.
Je croyais que nous adhérions à nos traditions familiales  passées, ce n’est pas ou plus le cas. Passons donc à autre chose.
Pourquoi pas à un retour aux sources avec d’autres chrétiens, à célébrer la naissance de Jésus, la lumière dans la nuit, Dieu qui se fait homme et, déjà, repousse les ténèbres du dénuement et du rejet, rassemble autour de lui une humanité hétéroclite. L’irruption inconfortable de la transcendance dans nos vies.
Avec des amis ou des inconnus, à célébrer ce qui nous dépasse. Et pas nous-mêmes ou la réunion de nos individualités. Loin des “dîners presque parfait”, des “Masterchefs” et des “décors de Noël scandinave”.

Voilà un programme qui me console un peu.
Reste le “Noël” du 18.
J’y vais, j’y vais pas ?
Étrangement, ma famille tient à ce que ce Noël du 18 soit «une réunion de famille avec tout le monde». J’ai exprimé mon manque d’envie, on m’a reproché mon manque d’adhésion «au vrai esprit de Noël», vrai esprit de Noël qui consiste à«être tous ensemble». Bref, le clan bat le rappel pour son auto-célébration et conçoit difficilement qu’un rite religieux puisse avoir un sens autre.

Je reste avec ma nostalgie. Le souvenir de ma grand-mère au piano (RIP), les cantiques de plus en plus hésitants au fil des couplets – les refrains repris en chœur, le reflet des bougies, la naissance miraculeuse.
Je m’interroge aussi. Est-on si habitué à s’auto-célébrer sur facebook, youtube & co, à créer nous-mêmes les “contenus”  de nos existences online , à se rendre à des événements de notre sous-sous tribu /niche que nous ne supportons plus de nous plier à des rites dont le contenu nous préexiste et sont indifférents à toutes ces “spécificités” que la culture 2.0 nous présente comme si fondamentales ?

Peut-être sommes-nous juste une famille banale, qui désinvestit un rite au profit d’un liberté factice.



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