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Témoignage: « Notre fille Joséphine est née sans vie, atteinte d’une trisomie 18 diagnostiquée à 4 mois de grossesse. »

Publié le 09 décembre 2011 par Madameparle
Témoignage: « Notre fille Joséphine est née sans vie, atteinte d’une trisomie 18 diagnostiquée à 4 mois de grossesse. »

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Notre fille Joséphine est née sans vie, atteinte d’une trisomie 18 diagnostiquée à 4 mois de grossesse.

« Je suis à 36 SA, 36 semaines pendant lesquelles tous les sentiments se sont succédé: la joie, la peur de te voir partir, l’angoisse, l’horreur, le sentiment d’injustice… Nous avons appris à 18SA que tu ne vivrais pas. Que tu avais une maladie tellement grave, que même si tu naissais en vie tu ne vivrais pas longtemps, au mieux 10 mois. Mais l’amour que nous te portons déjà, toi qui a mis du temps à venir dans nos vies, l’amour est plus fort que tout et avec ton papa nous décidons d’aller au bout, de continuer ce chemin là avec toi et de te laisser vivre ta vie aussi longtemps que tu le décideras.

Et voilà nous sommes à 36SA et depuis 2 jours je ne te sens plus bouger. Nous arrivons aux urgences et la sage-femme confirme nos pires craintes: Ton petit coeur à cessé de battre.

Nous entrons à la maternité 2 jours plus tard dans un état second. Envolé mes rêves d’accouchement naturel: je vais avoir le droit à un déclenchement.

Début des hostilités à 9h30, je commence par refuser la péridurale, je veux ressentir les contractions savoir ce que ça fait cette douleur. Mais à 11h30 je n’en peux plus, la nuit blanche de la veille, la force des contractions, l’absence de pause entre 2 ont raison de moi et on me pose la péridurale. Je suis soulagée et je plane même un peu. Nous avons attendu ce moment depuis le jour ou ces 2 traits bleu tant attendu ont fait de moi une maman en devenir, alors malgré la situation difficile cette journée sera belle. Notre sage-femme libérale est même présente, elle ne m’accouche pas et ne me fait aucun soin mais sa présence rend la journée plus douce. Elle me fait faire de la sophrologie, des mouvements pour faciliter ta descente…

C’est un peu long mais peut être ais-je besoin de ça pour t’accueillir sereinement ?

Et puis en début de soirée, nous y sommes il est temps de pousser, je mets un peu de temps à comprendre ce que je dois faire, à trouver la bonne recette pour pousser correctement. Heureusement je sens un peu les contractions et ça me guide, ça m’aide dans mes poussées.

A 22h35, tu naîs dans un silence de paix et d’amour, la pièce n’est éclairé que d’une petite lampe de chevet que la sage-femme a apporté pour l’occasion. L’ambiance est feutrée douce et calme. Ils t’enroulent dans un lange et te mettent un bonnet, et enfin je peux te tenir dans mes bras.

Sensation étrange, sur le coup je ne ressens rien: ni peine, ni joie, ni peur, ni tristesse. Rien du tout.

Ton formidable papa, qui a été incroyable durant tout l’accouchement est en pleurs. Ils t’emmènent pour t’habiller et te peser et là je m’endors. Avec le recul c’est étrange, et je n’explique ça que par la fatigue et l’inquiétude qui s’est accumulée, ainsi que par les produits de la péridurale qui me font planer.

Nous te retrouvons toute habillée, nous faisons quelques photos. Nous te donnons de l’amour, te berçons à tour de rôle, nous essayons de construire notre famille dans ces instants si courts. Nous t’avons vue et tenue dans nos bras durant deux heures. Deux heures tellement courtes mais tellement fortes, deux heures qui vont nous marquer pour le reste de notre vie, qui vont donner une nouvelle dimension à notre histoire et à notre famille et qui vont chambouler pas mal de choses. Deux heures qui balaient tous mes doutes, deux heures pour faire de moi une maman, deux heures avec ma fille, deux heures pour nous et rien que pour nous sans plus aucune inquiétude ni angoisse. Deux heures sereines et douces.

Je suis maman.


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