Magazine Journal intime

Ce Chacal De Banquier.

Publié le 03 mars 2008 par Mélina Loupia
Comme il y a certains paradoxes qui  ne s'oublient pas, je ne pouvais pas ne pas me servir  de ma  plume bien pendue pour l'ouvrir un peu et chier dans les bottes de mon banquier. Banquier dont j'ai découvert que c'était un garçon après que la banquière que je n'ai jamais vue a disparu de l'agence pour se faire péter la promotion sous des cieux plus roses. Donc l'histoire se passe vendredi matin. Levée depuis peu, je traîne toute la matinée en attendant que le facteur  ne fasse sa tournée matinale de midi. C'est à cette heure précise que la lettre que nous n'attendions plus est enfin arrivée à la maison, faisant la joie du foyer. Le Tribunal de Grande Instance nous avait enfin fait la faveur - je cite, "Monsieur Copilote, estimez-vous heureux de n'avoir attendu que  trois mois là où certains jurés attendent depuis plus de deux ans leurs indemnités" -  de nous défrayer. "T'as gagné de l'argent papa? -Oué, plein, maman va pouvoir vous acheter des marques et on va même pouvoir à nouveau gaspiller le lait et le chocolat dans les bols, les enfants, allumez toutes les lumières de la maison, les chauffages à fond et les fenêtres ouvertes, ce soir, les chats mangeront du poulet rôti!" Dès treize heures trente, je suis au guichet de la banque afin de déposer le chèque tant attendu. Mais comme la remise de chèques fait perdre du temps à ces pauvres employés qui sont sommés d'essorer leurs clients, c'est donc personnellement que je me remets l'enveloppe et le  précieux sésame. Je me congratule, je me dis  que ça va aller mieux maintenant, que je vais être plus polie avec moi-même quand je vais consulter mon compte ou effectuer un retrait d'espèces, que non merci, pour autant, je n'ai pas les moyens de prendre une assurance  sur ma vie ou celle de Copilote, que si on meurt, on mourra fauchés, mais heureux. Je me remercie et je me souhaite un bel après-midi de février, le 29 donc. Je vais gagner péniblement mon salaire de nouvelle attachée culturelle à mi-temps et je me rentre tout gaiement. Le lendemain matin, après que Maurice nous a réveillés au chant de son pâté de raclette, le facteur nous fait la grâce de nous porter le courrier dès dix heures. Après m'avoir une nouvelle fois complimentée sur la densité de la végétation que je plante depuis six ans devant ma maison et qui ne poussera probablement jamais, je déchire les diverses enveloppes destinées à me faire signer un crédit de trois mille Euros sans conditions chez l'un, de cinq mille avec accord préalable chez l'autre et enfin, ouvre plus délicatement une missive provenant de ma banque et de ma ou mon banquier. "C'est probablement un truc qui dit qu'ils sont ravis qu'enfin le TGI nous ait remboursés. -Oué, tu penses, encore un de leur services à la con d'assurance pour l'assurance. -... Perdu, rejet de chèque. -Formidable, tu leur en portes un et eux t'en refusent un autre, les vases communicants, ils connaissent." La lettre en question  date du vingt-sept février, je porte le chèque du TGI le vingt-neuf, je reçois la lettre le premier mars, tout va bien, je me dis qu'il s'agit de courrier croisés dus  aux rigueurs informatiques  qui déclenchent des  invectives automatiques. Mais tout de même, le fait m'inquiète. En plus de quinze ans d'identité bancaire et malgré les galères que tout monde connaît, jamais je n'avais eu un chèque rejeté. "Attends, de toutes façons, on est samedi, on peut pas bouger, attends, on va regarder le compte sur Internet. -Ptain, pourtant, le chèque du TGI a été encaissé. -Mais regarde, celui dont ils disent qu'il a été rejeté a été encaissé aussi." En effet, la lettre ne parlait que d'une information préalable au rejet d'un chèque. Le créditeur ne devait pas en être informé si la situation s'améliorait dans les plus brefs délais. Ce qui était le cas. Mais tout de même, le fait m'inquiète. D'autant plus que nous sommes menacés de nous voir ce courrier d'information facturé de vingt-huit Euros dans le cas où nous ne porterions pas la provision suffisante très rapidement. Ce matin, remontée comme une pendule, je prends mon téléphone avant de boire mon café. "Bonjour, je suis Madame LOUPIA, je vous appelle au sujet d'un courrier super agréable datant du vingt-sept que nous avons reçu le premier  et qui nous a pourris le week-end. Je vous donne mon numéro de compte? -Oui, s'il vous plait... Je vous écoute Madame LOUPIA. -Je vois que vous me rejetez un chèque alors que la provision a été apportée et que finalement, ce chèque est encaissé et je voudrais connaître également le montant des frais de ce courrier. -Douze Euros qui viennent d'être prélevés sur votre compte et en effet, je vois la provision ainsi que le débit du chèque rejeté. -D'autant plus que le chèque de mon salaire va vous être apporté par mon mari dès cet après-midi. Cependant, la provision insuffisante n'est pas de notre fait, en effet, il s'agit d'un retard de paiement de la part du TGI. De plus, nous n'avons pas été prévenus de la position alarmante de notre compte, comme vous l'avez déjà fait par le passé. Il est évident que si nous l'avions su, nous aurions fait soit un virement, soit évité d'émettre des chèques. -Mais vous ne nous avez pas prévenus du retard du paiement du TGI. -Tout simplement parce que le TGI nous disait tous les jours que le paiement allait arriver le lendemain. Je ne suis pas sûre que vous appeler tous les jours pour vous communiquer ce genre d'information vous aurait rassurés. -Certes, je vous propose de faire une copie au TGI du courrier afin qu'ils vous remboursent nos frais. -FBI, fausse bonne idée, je voudrais parler à ma conseillère s'il vous plait. -C'est un conseiller. -Il a changé de sexe? -Je vais voir s'il peut vous prendre. -Vous êtes bien urbain. -Madame LOUPIA? -Oui. -Merci d'avoir patienté, malheureusement, votre conseiller est en entretien, mais je prends note qu'il vous rappelle dans la matinée. -J'y compte bien. -Je vous remercie de votre patience et vous souhaite une très... -Merci." Lorsque midi sonne, le téléphone est resté muet. La mort dans l'âme, je descends manger chez maman. Copilote finit par m'y joindre au téléphone. Il venait d'avoir notre conseiller, tâche qui pourtant normale s'était révélée bien difficile. "Je suis arrivée au guichet après avoir déposé le chèque de ta paye et j'ai demandé à la charmante demoiselle de parler à notre conseiller. Elle est allée dans son bureau, porte ouvert, j'ai bien vu qu'il n'avait personne en rendez-vous et quand elle est revenue me dire qu'il était en rendez-vous, j'ai insisté. Elle a alors demandé à quel sujet je voulais le voir et comme j'ai refusé d'étaler la situation devant tout le monde, j'ai monté un tout petit peu le ton. Je lui ai également dit qu’il devait nous rappeler dans la matinée et l’espèce de greluche a répondu qu’il n’avait pas reçu le message." Copilote, et ceux qui le connaissent vous le diront, il est très gentil, il n'a pas forcément une voix ni une carrure propice à enrhumer son interlocuteur d’un simple battement de cil d'entrée. En revanche, et probablement comme tout le monde, la fumisterie a tendance à lui procurer l'effet Hulk. Il a donc prié un peu prestement la gente demoiselle, ses ongles et ses talons de huit centimètres de long d'aller demander à notre conseiller d'arrêter de se foutre de notre gueule et de le recevoir. A la lumière des informations données, nous avons fini par apprendre que la somme que la banque nous fait le plaisir de nous avancer tous les mois comme la plupart des ménages moyens, sur laquelle elle se gave de royalties et autres commissions de sous-traitance nous a été supprimée sans sommation. "Mais vous le saviez pas? -Si je l'avais su, j'aurais fait le nécessaire. Depuis plus de quinze ans que j'ai un compte joint chez vous, jamais un seul incident de ce genre ne m'est arrivé. J’ai toujours rétabli la situation. Vous comprendrez pourquoi je suis donc très mécontent des services de votre commerce. -Nous ne sommes pas un commerce. -Pour le client de base que je suis et pour lequel vous êtes en train de me prendre, si, vous vendez des biens et services. Je suis donc votre client, et encore, finalement un numéro de compte puisque vous n'avez pas pris la peine, comme à l'époque où les conseillers prenaient le temps et le soin de nous connaître, de nous avertir ou nous demander quand et comment la situation allait s'arranger. Lorsque ma femme était au chômage, vous nous avez conseillés de déménager afin qu’elle puisse trouver un emploi plus facilement. Si c’est ce que vous appelez nous conseiller… En tant que client, je suis donc très mécontent de vos services non-rendus, je vous demande donc de bien vouloir nous permettre de renégocier le découvert que vous nous autorisez en temps normal, d'annuler les frais du rejet de chèque que vous avez fini par encaisser et de pendant que vous y êtes, arrêter le versement de l'épargne sur trois comptes différents que vous avez ouverts sans notre autorisation à notre fils aîné. Nos deux autres enfants ont un compte chacun, je ne vois pas pourquoi l’aîné serait mieux loti que ses frères. Faute de quoi, mes comptes et actions, mon salaire ainsi que celui de ma femme et nos épargnes, nous changeons de crèmerie. -Faut pas le prendre comme ça. -Vous me permettrez de me laisser la liberté de le prendre comme je le veux. Maintenant, il est quatorze heures et je dois aller travailler si je veux éviter que vous ne me préleviez des frais supplémentaires." Je me rappelle le temps où, jeunes mariés, notre conseillère, qui avait vu grandir Copilote, nous téléphonait pour nous avertir de la situation alarmante de notre compte, nous conseillait pour l'épargne, les assurances et les services qui nous convenaient le mieux. Et je me rappelle aussi qu'avant de partir à la retraite, elle nous avait prévenus que la limonade allait tourner, que la politique commerciale de la banque allait changer et que nous allions devoir surveiller nos deniers de très près et tacher de ne pas commettre d'écart. Je suis tout à fait d'accord sur le principe qu'un établissement financier n'est pas là pour faire l'aumône et que nous aurions dû surveiller notre compte tant que le TGI n'avait pas remboursé Copilote. Mais ne pas avoir été prévenu ni de l'arrêt d'autorisation de découvert, ni de la position alarmante du compte et encore moins du changement de conseiller représente trop d'erreurs de la part de la banque que nous avons décidé de quitter dans les jours qui viennent. Toute façon, c'est la chienlit pour se garer. Stevie Wonder - Free envoyé par Loneildo

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