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Hong Kong Mysteries: Chapitre 1

Publié le 04 mars 2008 par Fred Boot

Sur ce blog, une version modernisée et transposée sur Hong Kong des "Mystères de Paris" d'Eugene Sue ! Un nouvel épisode tous les... euh... On verra.

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Chapitre 1 Un menu en guise de nom
Hong Kong est un monde dans le Monde. Des années d’indépendance teintée de colonialisme ont laissé un territoire où l’espace se paie un prix d’or, où les tours dessinent une fausse uniformité : dans les ruelles de la cité, où les supermarchés et les petits magasins forment comme une partition redondante, il faut savoir regarder pour déceler les différences et les particularismes. Nous invitons le lecteur à nous suivre dans ce périple : ce qu’il va découvrir au fil de ces pages est une cité bigarrée et âpre, à l’image de ces ruelles de Kowloon . Il se perdra un peu, oubliant l’Hotel Eaton qui affiche son luxe comme un phare incongru, et il trouvera le chemin de l’athlétique homme qui traversa ce dédale pour rejoindre un estaminet de la cité par un soir pluvieux de Juillet.
Lorsque le gaillard entra dans le lieu, l’un de ces minuscules restaurants qui affichent leurs menus en guise de nom, les têtes un peu trop curieuses reprirent bien vite leurs positions initiales. Les plus malins profitaient des miroirs crasseux au mur pour contempler le solide garçon l’air de rien. Une jeune fille au regard vague se tenait à une table devant un thé glacé. L’homme s’en approcha.
« Eh pétasse, t’as pas 10 dollars à me filer. »
Le fille sembla se réveiller, et son regard se teinta aussitôt d’un certain effroi.
« C’est à toi qu’je cause.
-J’ai un nom, Bocho… »
Il la gifla sèchement. Dans la pièce, personne ne broncha, on se mit à considérer avec encore plus d’intérêt la petite télé au fond de la salle qui diffusait des publicités de biscuits pour enfants. Le slogan abrutissant n’aidait cependant pas à détendre l’atmosphère de l’endroit.
« Ton nom à la con, tu peux te le garder pour tes SMS.
-C’est Jade ! C’est mon nom d’artiste ! »
Il s’apprêta à la frapper de nouveau lorsqu’une main entoura fermement son poignet, arrêtant net son geste.
Un inconnu un peu plus jeune que lui se tenait à ses côtés, le regard froid. Bocho n’eut pas le temps de lever son autre poing : l’individu le prit à la gorge et le bloqua violemment contre le mur. Il fut surpris de la force du nouvel arrivant.
« Tu vas m’lacher où je t’éclate la cervelle… Tu sais pas à qui qu’t’as affaire… Qui t’es d’abord ? Le nouveau boy-friend de cette traînée ?
-Non. Je ne la connais pas plus que toi. Bocho, c’est ton nom ? T’es japonais ? »
Derrière, Jade prit la parole d’une voix rapide :
« Il a rien d’un japonais ! Bocho, c’est un nom de couteau de travail. On l’appelle comme ça depuis qu’il a utilisé le sien pour tenter de suriner un type qui l’avait regardé de travers ! Ca lui a valu un peu de taule. Ch’uis bien contente que vous lui faîtes une leçon à cette ordure ! J’étais prête à lui arracher un œil, mais la force m’a manqué. »
Voyant qu’il devenait l’attraction du lieu, l’inconnu tira le gaillard jusque dans la petite ruelle derrière le restaurant, envoyant valser les seaux de riz et les bouteilles vides posées sur les tables. Une fois dehors, il projeta Bocho à terre. Ce dernier tenta de se relever, mais il fut accueilli par une douzaine de coups de poings. Le visage ensanglanté, il jeta un œil à Jade qui se tenait en retrait. Celle-ci soupira et s’adressa à l’inconnu.
« C’est bon, calmez-vous, il a eu son compte. »
L’homme obéit. Bocho tenta de se relever, titubant sous la pluie fine qui lavait son visage tuméfié.
« Personne m’a jamais mis une pareille raclée… Tu vas être une star dans le quartier, bonhomme, toutes les filles vont être à tes pieds... »
L’inconnu et Jade l’aidèrent à marcher.
« Pourquoi tu passais par ici ? Tu venais voir Baron ?
-Je ne connais pas de Baron à Hong Kong… Je passais par hasard. Allez, assois-toi et boit un verre, ça te nettoiera un peu le visage et calmera ta mâchoire.
- Non j’ai pas envie qu’on me voit dans cet état ici. Allons plus loin. »
Jade, qui avait disparu, rejoignit à pas de course le duo. Un parapluie d’un rose électrique protégeait son joli visage. Un peu plus loin, une silhouette qui s'était jusque là dissimulée les suivait discrètement.


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