Même pas mort

C’est officiel : je suis débordé. Mais pas mort. Et si ce blog tourne au ralenti, c’est surtout parce que les rares pensées que je suis parvenu à réunir dans les quelques instants qui m’ont été donnés pour l’alimenter au cours des dernières semaines n’ont pas été dignes de l’intérêt du fidèle lecteur avide de nouvelles nouvelles du nouveau monde, brillamment rapportées sous ma plume électronique mais sagace. Oui lecteur, au delà du reflet de moi-même que m’offre cette tribune, je respecte aussi ton intelligence à toi. Pas de place ici pour la trivialité de mon quotidien qui n’intéresse personne, ni moi-même.

Je n’ai donc pas parlé de ma fabuleuse crème anglaise qui accompagne à merveille la galette des rois fait-maison dont je n’ai pas parlé non plus, la difficulté légendaire à trouver des fèves en Amérique ne suffisant pas à rehausser l’intérêt de la recette. Je n’ai pas non plus parlé de mon nouveau voyage à Paris ce mois-ci (décidément, ils m’adorent sur Air Tahiti), car mon bonheur simple d’un expresso accompagné d’un croissant frais à l’arrivée à CDG et mon aigreur coutumière à voir Paris vieillir plus vite que le monde qui l’entoure aurait semblé déjà-lu. Quant au foie gras poêlé, Dom Perignon Vintage 2002 et Château Gruaud Larose 1989 dégustés dans l’intimité de ce voyage, s’ils auraient sans doute mérité plus d’une mention sur ce blog (voire un tweet ou deux !), ils me classent tant dans la catégorie des 1% que ma plume ne s’est jamais résolue à affronter cette contradiction.

La seule image rescapée de ce récent voyage en France sera donc la majestueuse verrière de la Gare de l’Est, que j’adore. C’est le nez en l’air que j’aime Paris. En baissant la visée de 30 degrés, cette image serait celle d’une borne de compostage d’une couleur aussi incongrue que les deux militaires en uniforme et mitraillette qui en assurent la sécurité. A hauteur d’homme, Paris inquiète.

Je n’ai pas non plus parlé de l’Amérique depuis ces quelques vidéos de nouvel an, et n’ai pas encore trouvé de sens aux débats électoraux des Primaires républicaines où s’affrontent des idées sur la richesse, la morale et l’emploi, portées par des politiciens très riches, hypocrites, et sans réel besoin de travailler. Et puis je n’ai pas parlé de la Californie, où il fait encore beau, et où la seule polémique de ces dernières semaines porte sur le manque de pluie et la différence entre tiède et chaud.

Je n’ai parlé d’aucun de ces sujets, parce qu’ils ne sont pas intéressants. Mais j’ai trouvé intéressant de le dire. Car tout ce qu’on ne dit pas aussi, fait partie de la vie !