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Le " maître intérieur " , Saint Augustin

Publié le 28 janvier 2012 par Perceval

Saint Augustin refuse de se considérer comme un maître par rapport à son fils Adéodat, qui reçoit son enseignement comme un disciple. Il l’invite à prendre à la lettre la parole du Christ (Mt 23, 10) : « de n’appeler personne notre maître sur la terre, parce que le seul Maître de tous est au ciel » (14, 46)
La pensée d’Augustin, sur ce point, reprend celle de Platon exprimée par le terme de réminiscence : la vérité est en notre mémoire, et c’est en réveillant celle-ci que nous y accédons.
Cette vérité, portée par la voix du Christ, dont il est dit qu’il habite dans l’homme intérieur (Ep 3, 16-17), ne s’ouvre à chaque âme, que selon sa volonté … Augustin, distingue ce qui vien de l’extérieur et ce qui vient de l’intérieur, mais « seul enseigne le Christ, la Vérité intérieure. »
Le dialogue se joue non pas à deux, mais à trois. Toute communication authentique est « triangulaire » : toi, moi, et la Vérité qui nous transcende tous les deux, et dont nous sommes, toi et moi, les « condisciples ». Augustin y reviendra en d’autres occasions, en particulier dans les Confessions :
« Si tous les deux nous voyons que ce que tu dis est vrai, si tous les deux nous voyons aussi que ce que je dis est vrai, où, je te prie, le voyons-nous ? Moi assurément, ce n’est pas en toi, toi, ce n’est pas en moi ; mais tous les deux, dans l’immuable Vérité elle-même qui est au-dessus de nos esprits ( Les Confessions XII ) . »
 
«  … le Maître est à l'intérieur. Ne pensez pas que l'on puisse apprendre quelque chose d'un homme. Nous pouvons attirer votre attention par le tapage de notre voix ; s'il n'y a pas au-dedans quelqu'un pour vous enseigner, ce tapage est inutile. ( … )Autant qu'il est en moi, j'ai parlé à tous ; mais ceux à qui cette onction ne parle pas au dedans, ceux que l'Esprit-Saint n'enseigne pas au dedans, s'en retourneront ignorants. ( … )C'est le Maître intérieur qui enseigne, le Christ qui enseigne, son inspiration qui enseigne. Où ne sont pas son inspiration et son onction, inutile est le tapage des mots au dehors. »
Extrait du Commentaire sur la I° Epître de saint Jean, tr. IV, ch. II, P.L. t. XXXV, trad. R.P. Camelot, in La Vie spirituelle, octobre 1946


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