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Conversation entre un Cheeseburger Et un Jambon Beurre

Publié le 06 février 2012 par Georgezeter

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Ceci s'adresse aux Anglophones voulant enseigner l'anglais à des Francophones

 Vous allez vous heurter à deux écueils majeurs :

  1. - La langue française ne chante pas. Et est dépourvue d'accent tonique, elle est non musicale, elle est plutôt de tonalité douce et fluide, et sans prononciation finale. Pour arranger tout cela, c’est une langue qui ne s’écrit et ne se parle pas de la même manière… Donc, le français doit en quelque sorte apprendre deux langues en une... Pourquoi faire simple me direz vous? Donc, par extension, le locuteur francophone ne pourra entendre que peu de sons, et surtout ne pourra les reproduire – donc, habité à juste titre d’une grande frustration, il se taira.

  2. Culturellement en France et dès les petites classes, il n’y a pas de place à « l’erreur » ; l’élève dès son plus jeune âge doit : soit donner la bonne réponse, ou sinon en subir les conséquences. Faire parler anglais à un français relève du défi. Il préférera ne rien dire, que « dire mal – ou mal dire »

Les solutions ?

Les français, des latins n’aiment pas le stress, de plus, culturellement par penchant ont moins le sens de la discipline (ils veulent remettre en question le système) que les Germains, Scandinaves et Anglo-saxons. Les français procèdent par « coup de cœur », par, « j’aime, donc je fais » à l’inverse d’autres peuples qui eux pragmatiques « font car c’est dans leur meilleur intérêt », ou pour l’intérêt général. L’affectif entre énormément dans le rapport enseignant/apprenant. C’est une composante qui établira le succès ou le non- succès du processus de transmission. (Se rappeler de ce prof d'anglais que vous avez adoré ou détesté...)

En clair, donnez à vos leçons des airs de fête, comme un bon déjeuner sur l’herbe un dimanche midi. L’hédonisme en ce pays est payant ! Vous serez étonné de voir la transformation de votre/vos élèves si tant soi peu vous réussissez à toucher « la corde sensible ».

Enfin, ne jamais oublier qu’a l’inverse du dicton : « le ridicule ne tue pas », et bien si ! En pays de France il assassine ! Donc, attention chers amis et collègues Anglophones !

Comment s’y prendre ?

Lors des premières leçons établir une relation courtoise et amicale. Parler de choses un peu personnelles afin d’établir un pont de confiance. A l’inverse de la culture anglophone où, « let’s get down to business right away ! » c’est ce qui doit être fait d’entrée de jeu ; le français lui aura besoin d’un temps d’adaptation. Pourquoi ?

Ne jamais oublier que le peuple de France durant des siècles fut un peuple de paysans, (au bon sens du terme, des agriculteurs) donc, des sédentaires, qui comme tous les peuples ayant cette particularité sont de nature méfiante concernant « l’étranger » ; c’est inscrit dans l’inconscient collectif : Il faut d’abord se faire accepter, puis ensuite, tout ira bien dans le meilleur des mondes. De plus, les français n’ont jamais émigrés en masse (sauf pendant la révolution), donc, en France on reste « les pieds dans la terre de France ». Ce que l’on nomme ici « la spécificité française », n’est pas un vain mot ; il est à prendre au premier degré : le français est unique (ou du moins le pense-t-il.) Bien sûr ces observations ne sont que personnelles, non scientifiques et pleine de généralités. Je ne fais que parler qu’au nom de ma propre expérience, de mon point de vue (point of view), mais c’est ce qui en ressort à mon humble avis : si vous devez enseigner l’anglais à un/une français(e), pensez d’abord à « conquérir » cette personne, ensuite, vous serez le plus heureux professeur aux vues des progrès de vôtre/vos élèves.

« Le handicape »

Il est dit que la langue française n’a que deux tonalités. Presque tous les sons en français sont : soit muets – dumb sounds, soit silencieux – silent sounds ; et les terminaisons S, T, D etc sont muettes aussi, ainsi que les pluriels. La majorité des autres langues ont de 5 sons à beaucoup plus ; le record si je me trompe est la langue Russe qui possède tous les sons des autres langues (pas étonnant qu’ils apprennent un langage en 6 mois…)

Les deux seules vraies difficultés de prononciation pour un étudiant étranger apprenant le français sont :

- Les quatre nasales du français :

an (bon an, mal an)

on (on, pronom impersonnel)

in (comme dans chagrin)

un (un, deux, trois)

Amusez vous à faire dire rapidement à un pauvre étranger rapidement: un, on, en, in et vous verrez que cela tourne au cauchemar et à la franche rigolade.

Et le fameux “U” français, ou plutôt le “U” celte, prononcé par le reste de la terre “OU”; confusion ouvrant la porte à plein de jeux de mots paillards et autres balivernes dont le peuple Gaulois raffole Exemple de « virelangue » : Pruneau cuit, pruneau cru à prononcer 10 fois sans respirer.

Bref, des deux cotés ; apprendre une langue c’est aussi bien rire… De soi d'abord!

Lorsqu’un français apprend l’anglais il découvre que son corps, et certains de ses organes doivent y participer ; il doit faire des choses aussi improbables que désagréable telles que : se mordre la langue, et en plus la tirer vers l’extérieur, à moitie cracher, souffler dans la figure de son interlocuteur, avoir l’air de ruminer, rouler sa langue dans sa bouche vers le fond de sa glotte, parler dans son nez et surtout lorsqu’il doit prononcer ces « cochonneries » de H aspiré, doit bloquer son diaphragme pour expectorer l’air de ses poumons. Ne parlons pas des « TH » le fameux « ZEU » et si en plus les deux cauchemars sont réunis dans le même mot comme par exemple : HEALTHY, ben là, notre élève crachote, s’étouffe et jure les mille dieux en français dans le texte… Les « J » se disent « dgé », les « G » se disent « dji », les « E » se disent « i », les « i » se disent « ail », les mots commençant par des « Wo » c’est du pareil au même : work, word, world, et en plus il faut parler à l’envers : maison rouge ; red house… Et la crème de la crème c'est qu'il n'y a pas de règle pour les fameux accents toniques ; donc, les apprendre mot à mot car il arrivent soit sur la 1ère, ou la 2ème ou la 3ème syllabe ; comme ça juste pour vous rendre « crazy »; donc, grande frustration lorsque qu'à Londres tout fier de votre moyenne de 18/20 au lycée vous demander l'heure et que l'on vous accompagne à la station de bus...

Pour un français, communiquer en anglais tourne à la partie de lutte gréco-romaine (qui comme chacun sait vous fait porter un costume de lutteur d’un ridicule achevé). En plus de ça, il y a ces accents, traîtres, toniques à chaque mot, qu’il faut ABSOLUMENT prononcer, « my name is Henri » sous peine d’avoir en face de vous des « what ? Say what ? What did you say ? I don’t get it ? Non ! « May name is HHHHENN - rrryyy »… Et le pire : Are you sure that, is English ? Non, banane ! C’est du Martien ! Alors, c’est là que ce cher élève français se dit ; zont ka parlé français ces Ricains /Rosbifs, m… ! Et vous comme « teacher »… Ben vous avez perdu pour toujours la partie. Votre élève français continuera de payer vos émoluments, mais sans plus jamais prononcer un mot en anglais.

Comment ne pas arriver à ce clash linguistique ?

La première chose est de s’adresser à vos élèves d’une manière claire, de surtout bien détacher chaque mot, en « exagérant » la prononciation, de surtout ne pas utiliser les contactions (I do not au lieu de I don’t), de parler lentement, mais sans avoir l’air d’être retardé mentalement ; c’est un petit entraînement que chaque enseignant devrait s’imposer : pour que ces sons inconnus puissent atteindre le cerveau, ils doivent être distincts, clairs et fluides. C’est une évidence me direz vous… Souvenez vous du dernier cours où au fond de la classe vous ne comprenate que pouic, because : « Ze ticher spic tou fast »

Un autre conseil très important. L’élève français dès la maternelle est un écrivain compulsif, tout, absolument tout, doit être mis noir sur blanc sur papier. Au cours de sa scolarité, le citoyen de ce pays noircie des montagnes, que dirais-je, des Everest de tonnes de feuilles de papier. Qu’il le fasse en classe d’économie ou de mathématiques cela a un sens ; mais dans le processus d’acquisition d’une langue vivante… Me fait penser à un sauteur en hauteur qui aurait comme entraînement la course automobile.

Entrer petit à petit dans l’orchestre

On n’apprend absolument pas à un élève à seulement écouter, entendre et faire confiance à sa mémoire, à sa sensibilité en noircissant des feuilles et des feuilles. Une langue c’est d’abord une musique, avec des notes (des mots) qui reviennent souvent. Au bout d’un certain temps, ces notes, ces mots trouvent leur place dans le contexte de la phrase, qui elle-même à sa place dans une conversation, une action. C’est ce qui s’appelle, faire corps avec l’orchestre. Vous n’êtes peut être pas le meilleur soliste, mais, vous jouez en mesure. Pour une langue c’est pareil ; sentir que petit à petit le « chef d’orchestre », le professeur vous amène vers cela. Jouer en cœur, avoir à cœur de parler, de jouer de cette langue. L’anglais.

La musique c’est du son, et aussi du solfège…

La grammaire solfège

La vraie difficulté de la grammaire anglaise, c’est que l’élève français doit absolument oublier sa grammaire. (Et vis et versa)

Ces deux grammaires se traduisent mal ; les temps des verbes correspondent mal :

Exemples :

Le passé simple français est utilisé aujourd’hui principalement en littérature, c’est l’imparfait qui domine (n’oublions pas le passé composé) Et cet imparfait se situe pour l’anglais entre le Past simple et le Present perfect. De plus, si j’écris en français : hier j’étais affamé, ou hier j’avais sommeil, et bien cela ressemblerait au Past simple continuous

Il y a dans ce pays aussi de la part des enseignants locaux une confusion dans la transmission :

2 mots pour faire la même chose en double emploi : Continuous et Progressive et Past et Prétérit. L'élève pendant très longtemps en bon cartésien pense que ce sont 4 choses différentes... Donc, il serait simple de n'utiliser QUE Continuous. Quant aux deux autres là, nous sommes dans l'erreur totale : le prétérit est la forme passé d'un verbe irrégulier conjugué au passé simple c'est tout ! Donc, pour définir le passé c'est bien le mot Past qu'il faut utiliser.

Enfin, systématiquement dès la 1ere leçon l'élève français lui est bourré dans le crâne les contractions qui ont pour effet qu'il à du mal à prononcer correctement ex : I'm sonne dans la bouche francaise comme ham, jambon... De plus, cet élève ne comprend plus rien à la grammaire car en français pour écrire « je ne veux pas ça !» il n'y a pas deux manières :

I do not want that ! ou I don't want that !

Après ça allez rattraper le coup, and good luck teacher !

Comme vous le voyez, ce n’est pas que la grammaire anglaise soit compliquée avec ses 6 temps grammaticaux, plus ses 6 temps continus ; mais, c’est la correspondance avec les verbes français qui ne va pas. Devenir traducteur professionnel dans ces deux langues est un vrai casse tête.

Les auxiliaires « être » et « avoir » aussi représentent une petite gymnastique cérébrale : Ex : I am 18 year old - je suis 18 ans… Et surtout n’oubliez pas les verbes irréguliers, qui ont un prétérit utilisé dans la conjugaison des verbes simples au passé, et un participe passé dans la conjugaison de tous les verbes perfects… Tout ça à apprendre par cœur (by heart)

Je sais ! Ca a l’air aussi indigeste qu’un Fish & Chips resté quelques heures exposé sous le soleil de Londres… Soleil et Londres est un oxymore.

Comment remédier à cela ? 

Une leçon ne devrait pas excéder 40 minutes. 30 minutes de conversation, où d’abord l’élève débutant suit la voix du professeur qui dira du mot à mot en prononçant distinctement, (patiemment) puis l’élève se lâche seul, corrigé au final par sont tuteur, refaire l’exercice au moins 5 fois. Les supports peuvent être des textes écrits, des bandes sonores ou des vidéos. Elles ne doivent pas être d’une durée de plus de deux minutes. Il est évident que si vous avez un groupe, le diviser en duo, et faire des jeux de rôle. (Dans une classe « normale » française c'est au moins 30 élèves devant vous ; alors oubliez l'anglais car vous ne ferez que de la discipline)

L’élève français doit absolument s’imprégner des sons nouveaux qui passant par ses oreilles vont arriver au cerveau et au fil du temps et de la pratique s’inscriront dans sa mémoire. Ils doivent lui devenir familier, d’où sa désinhibition, d’où son envie de parler. Ensuite, découper l’exercice et mettre en valeur les conjugaisons, les structures.

Et enfin laisser l’apprenant refaire l’exercice par lui-même cette fois ci sans l'aider, car, je crois que le meilleur professeur est d'abord soi-même.

Il est impératif que les débutants écrivent peu ! Ils prendront confiance en leur habilité de mémorisation auditive et visuelle. C’est seulement à un certain niveau que l’écrit pourra intervenir. Et si dans une séance, entre le professeur et son/ses élèves il n’y a pas eu un ou des fou-rire, cela ne présage rien de bon. Une séance crispée est une séance nulle. De la bonne humeur permet au cerveau de dégager de la dopamine, « drogue » naturelle produite par le cerveau qui non content de nous rendre heureux, stimule les neurones et leurs copains les synapses.

Et enfin comme en France le « compliment » se fait rare, ne pas hésiter à encourager, à motiver et surtout, surtout, toujours avoir un accent constructif... Avant d'exprimer ses commentaires.

La bonne nouvelle

30% des mots de la langue anglaise ont pour origine le Français. En lisant, vous en trouverez donc plein, sauf… Que la prononciation est bien différente et aussi souvent le sens en est biaisé...

Tout ce qui est interdit en français est autorisé en anglais…

Quelques exemples parmi tant :

Dans une phrase, les mois, les jours s’écrivent en majuscules. Les chiffres dans une phrase s’écrivent en chiffres. Vous pouvez utiliser autant de répétitions dans un texte que vous le souhaitez, ce n’est pas rédhibitoire. Les point . en anglais deviennent des virgules, et les , des points. Voir aussi l'utilisation nombreuse du ;

Et pour finir, un des grands mystères de cette langue folklorique pour un François :

Zero degrees ; oui, zéro et degrés avec un S !

Trop fort ces Englich!

Georges Zeter/ février 2011

PS : Et un Virelangue en Anglais, et amusez vous bien : 

Three Swedish switched witches watch three Swiss Swatch watch switches. Which Swedish switched witch watches which Swiss Swatch watch switch?


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