Magazine Humeur

Développement et vitalité de l'Eglise (11)

Publié le 24 février 2012 par Hermas

 

U
ne réaction excessive au sentimentalisme protestant et à ses variations illimitées a conduit à ajouter fort souvent à l’aridité abstraite une immobilité et une insensibilité extrêmes et, avec elles, la propension croissante à résister, comme à des nouveautés pernicieuses, aux nouvelles dévotions et aux institutions qui sont engendrées par la piété chrétienne, lesquelles, légitimes, sont toujours des foyers de lumière et de vie par lesquels le souverain Esprit de révélation et de sanctification renouvelle et rajeunit l’Eglise. Les coeurs purs, dont les yeux sont déjà bien éclairés, sont incontestablement ceux qui peuvent le mieux sentir et pénétrer - unis aux plus augustes et aux plus cachés des mystères qui leur sont réservés (1) - les virtualités latentes du royaume de Dieu, parce qu’ils possèdent pour cela l’Esprit qui sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu (1 Cor. 2, 10). A la lecture fidèle du véritable Livre de vie « en lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse céleste », ils progressent peu à peu dans la connaissance « des suréminentes grandeurs de Jésus-Christ qui ne peuvent s’exprimer par des paroles humaines et dépassent toute science » (Eph. 1, 17-19 ; 3, 16-19). Eux savent « combien sont grandes les ineffables douceurs réservées à ceux qui craignent Dieu » (Ps. 30, 20) et connaissent ces merveilles divines dont saint Thomas dit qu’elles « ne peuvent être vues que de ceux qui les ont déjà savourées ; c’est pourquoi il est écrit : Goûtez et voyez » (in Ps. 33). Ainsi l’amour divin communique aux âmes simples une puissance intuition et une sagesse admirable, dont manquent ceux qui se présument sages et discrets (Mt 11, 25) (2). Elles trouvent dans la sublime folie de la Croix la véritable science et la véritable prudence, devant lesquelles toutes les autres, quelque lumière et quelque secours qu’elles apportent, sont folie et ignorance (3).

_______________ (1) Somme de théologie, IIa IIae q. 171, prologue ; s. Jean de la Croix, Cantique spirituel, 37.

(2) « Quand on aime ce que l’on connaît de quelque manière, le même amour fait qu’on le connaît mieux et plus parfaitement » (Cf. S. Augustin, in Ioan. 18, 7 ; Tract. 96, 4 ; PL 35, 1870).

(3) Cf. 1 Cor. 1, 18-25 ; 2, 6, 8, 14 ; s. Jean de la Croix, Cantique spir., 26.


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