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Corylus avellana et la protandrie

Publié le 02 mars 2012 par Sambuca

Ce n'est pas la première fois que je vous montre les fleurs de noisetier mais je voudrais approfondir le problème de la production.

Il y a sur mon terrain de Romilly un alignement de noisetiers de très grande taille qui ont été traités en arbres, sur un tronc unique. Non seulement je ne peux attraper les noisettes, à moins d'y grimper, mais les écureuils ne font sans doute pas bombance, leur production n'est pas miraculeuse. Pourquoi ? Sans doute parce que le pas doué (sa vigne produit des raisins absolument immangeables, en région viticole il faut le faire) qui les a plantés n'a planté que des arbres d'une seule variété tous achetés au même endroit, des clones parfaits. De plus l'orientation nord-sud de l'alignement ne tient pas compte des nécessités de la pollinisation.

Voyons un peu la sexualité du noisetier. Il est autostérile, pas tout-à-fait mais presque. La raison en est qu'il est adepte de la protandrie. Cela veut dire que les fleurs mâles arrivent à maturité avant les fleurs femelles. Le pollen est compatible mais, comme il est libéré avant que les fleurs femelles puissent en profiter, cela empêche l'autofécondation. Pour avoir une bonne production, il faut au moins 2 variétés compatibles, pour plus de précisions avant de les choisir, voir ce site.

Vous me direz, presque partout en France il y a des noisetiers sauvages, cela pourrait suffire. Cela suffit rarement parce qu'il y a une autre exigence, ils doivent être très près et les jardins sont rarement entourés de zones sauvages, et ils doivent se trouver dans la bonne direction. En effet le pollen est transporté non par les insectes mais par le vent. On considère qu'au-delà de 25m les chances qu'il atteigne sa cible sont nulles. De plus l'arbre pollinisateur doit être bien placé par rapport aux vents dominants, ici à l'ouest.

Nous allons illustrer par des photos prises le même jour sur le même arbre cette protandrie. D'abord le 27 janvier sur l'arbre du voisin (il ne peut polliniser les miens, il est au nord, il est trop loin, il est plus précoce). Quelques fleurs femelles commencent à peine à sortir leurs stigmates :

1 corylus av romi 27 janv 2012 020 (2).jpg

Les chatons mâles sont très avancés, il semble qu'il reste encore un peu de pollen mais la plus grande partie est déjà évacuée. Sur la dernière photo une flèche montre une zone où il y a encore des étamines pleines.

2 corylus av romi 27 janv 2012 012 (2).jpg

3 corylus av romi 27 janv 2012 012 (1).jpg

4 corylus près romi 27 janv 2012 013.jpg

5 corylus bas romi 27 janv 2012 030.jpg

6 corylus étamines romi 27 janv 2012 pai 014.jpg

Prenons un autre arbre, un des miens cette fois, fin février. Il a un mois de retard, j'ai même vu des fleurs femelles un 16 janvier. En fait le développement des fleurs s'est sans doute figé pendant la période de gel mais elles sont extrêmement résistantes au gel, jusqu'à -15°, peut-être plus pour certaines variétés. On est bien sur le même arbre, le même jour.

Fleur femelle, couverte d'humidité, il n'a pourtant plu depuis plusieurs jours, elle est prête à recevoir le pollen :

7 romi 1 mars 2012 067.jpg

8 romi 1 mars 2012 058.jpg

9 corylus stigmates romi 1 mars 2012 068.jpg

Fleurs mâles, je ne vois plus de pollen :

10 romi 1 mars 2012 063.jpg

11 romi 1 mars 2012 064.jpg

12 corylus m près romi 1 mars 2012 064.jpg

13 corylus étamines romi 1 mars 2012 062.jpg

Il faut donc noter en plus une très grande variabilité dans la maturité selon les années qui ne va pas affecter obligatoirement de la même façon toutes les variétés.

Mes noisetiers pourraient avoir une chance de bonne pollinisation : le petit noisetier pourpre planté avec eux qui est plus tardif. Malheureusement, il faudrait pour cela qu'il soit à l'ouest, mais il est à l'est, et protégé du vent par d'immenses conifères !

Ce noisetier pourpre m'a réservé une surprise, nous le verrons la prochaine fois.


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