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Hong Kong Mysteries: Chapitre 8

Publié le 11 mars 2008 par Fred Boot

Résumé: Le Prof et la Chouette ont volé le portefeuille de Shun et ont proposé à son propriétaire de le lui rendre contre des renseignements sur le mystérieux Lau. Shun et Juan suggèrent une alliance pour retrouver ce dernier, et un rendez-vous est pris pour le lendemain au restaurant "Les Délices d'Edo". Dans l'ombre, Bocho a cependant suivi la conversation et compte en informer notre héros.
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CHAPITRE VIII
Promenade au Center
Le jour suivant, la pluie fit place à un ciel uniforme, recouvrant d’un gris métallique la ville. Les températures étouffantes poussaient la population à se tasser dans les offices, les magasins ou les stations de métro. Dans certains de ces lieux, la fraîcheur laissait imaginer que l’air conditionné tournait à fond : on atteignait parfois la température indécente de 16 degrés, notamment aux alentours des grandes enseignes des buildings commerciaux.
Ailleurs, entre deux plongées dans la fraîcheur artificielle des souterrains, on feignait de ne pas voir les vieillards coiffés de chapeaux en papier journaux qui continuaient de pousser, le dos courbé, des kilos de détritus sur de vieux diables à roulettes. Pourtant, dans la moiteur de cet après-midi d’été, un passant étudiait le contraste de ce spectacle avec les croix christiques et les enseignes souriantes aux alentours. Lau poussa un soupir, se demandant si la vie terrestre n’était habitée que de vaines promesses et de bonheur factice en quadrichromie.
Il tâcha de ne plus trop y penser. Il venait d’arriver en face du Printemps Bleu où, la nuit précédente, il avait dû quitter précipitamment ses deux compagnons.
Il y avait bien peu de monde de l’établissement, malgré l’heure qui offrait des menus à prix sacrifiés. La Vénérable, derrière le comptoir, lui sourit.
« Vous voilà revenu ! C’était plutôt animé, hier, n’est-ce pas ?
-Oui. J’ai dû partir car une course urgente m’appelait. Je suis venu régler les consommations et vous présenter mes excuses.
-Quelqu’un y a déjà pensé, heureusement pour vous !
-Ah bon ?
-Bocho. Faut dire qu’il n’a pas perdu sa soirée, lui. Les poches pleines de billets, le sourire en banane, vous auriez dû le voir ! Il vous a laissé un message, d’ailleurs. Où l’ai-je donc fourré ? Ah ! Le voici ! »
Elle tendit un post-it froissé. D'une écriture mal calligraphiée, Bocho invitait Lau à le rejoindre au New World Center à 4 heures, devant le restaurant "Les Délices d'Edo". Un numéro de téléphone suivait. Lau fut un peu surpris de l’attention dont faisait preuve l’ancien équarrisseur. Cela cachait-il un coups fourré ?
« Vous avez des nouvelles de Jade ?
-Ah celle-là, un vrai spectacle ! Au moment de la fermeture, je la vois arriver complètement trempée dans un état pas possible. Je ne sais pas ce qui lui arrive, c’était pas le moment de poser des questions si vous voyez ce que je veux dire. Je l’ai faite rentrer, j’ai mis à sécher ses vêtements et je l’ai logée chez moi. Oui monsieur ! Chez moi ! Juste au dessus !
-Puis-je la voir ? »
Quelques secondes passèrent où Lau fut étudié des pieds à la tête.
« C’est bon, reprit-elle, vous me semblez clair. Prenez l’escalier derrière la porte juste là, c’est au deuxième étage. »
Lau suivit les instructions. Quelques secondes plus tard, il frappait à une porte arborant un autocollant d’Hello Kitty. La voix de Jade lui répondit. Il se présenta, elle lui ouvrit.
L’appartement de la Vénérable était minuscule, encombré d’appareils ménager, de casseroles et de vieux magazines. Il n’y avait que deux pièces : une cuisine très chiche et une salle principale où un canapé au tissu élimé prenait quasiment toute la place. Un fin matelas était posé au sol.
« Pourquoi êtes-vous ici ?
-Je viens aux nouvelles. Ca va mieux ?
-Oui… Non… J’essaie d’oublier…
-Tu veux parler de cette vieille folle ? Il y a des moyens plus efficaces pour ne plus y penser, tu sais. »
Jade leva un regard interrogateur.
« SHOPPING ! », dit Lau avec un sourire.
Quelques minutes plus tard, les deux se trouvaient dans le quartier de Tsim Sha Tsui. Certes, Jade ne connaissait pas complètement cet homme, mais elle savait tirer bénéfice d’une situation. Ainsi ses pensées s’égaraient entre les étalages des magasins, bondissaient entre les collections de robes aux couleurs vives, se rattrapaient aux chaussures élégantes, se perdaient à nouveau dans les effets de maquillage. Elle n’osait certes pas trop demander à cet homme qui se disait simple retoucheur de photo, pourtant celui-ci la poussait à l’achat lorsqu’elle s’arrêtait plus longuement devant tel ou tel article.
Lau, pour sa part, éprouvait un plaisir certain à voir le bonheur de cette enfant. Elle ne touchait pas sa fibre amoureuse, mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir lié à elle. C’était une adolescente de Hong Kong, dont le seul échappatoire se trouvait dans les temples de la consommation, et qui dégageait une pureté qu’une existence difficile n’avait pas complètement anéantie.
« Jade, tu comptes rester longtemps au Printemps Bleu ?
-Non, c’est pas possible. La patronne a été assez généreuse pour me loger une nuit, je sais que je ne peux pas lui en demander plus. Et puis on me cherche, cela pourrait lui attirer des ennuis.
-Où comptes-tu aller ?
-J’en sais rien…. Peut-être retourner au centre… Ils me passeront un savon pour la fugue, mais bon…
-Je connais un endroit où tu pourrais te faire oublier un moment.
-Eh ! Pour qui vous me prenez ?
-Il n’y a pas d’entourloupe, fais-moi confiance. C’est une résidence de Tin Shu Wai, je connais une dame qui y habite, un vrai cœur d’or ! Je peux te donner son numéro de téléphone si tu souhaites mieux la connaître avant de prendre ta décision.»
Jade n’avait pas beaucoup de choix. Elle ne sentait pas de méfiance envers Lau… Et puis comment expliquer au centre tous ces cadeaux dont elle était affublée ?
« C’est d’accord. », dit-elle d’une petite voix.
Lau cacha sa satisfaction.
« Il est déjà 4 heures. Tu vas rester là un moment : j’ai rendez-vous avec Bocho, mais je ne sais pas si notre « vieil ami » a toujours de bonnes dispositions à mon encontre…»
Sur ce, il s’éloigna en lui faisant un signe de la main.


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