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J’ai pas de titre

Publié le 21 mars 2012 par Dalyna

Depuis plus de 48 heures, toute la France est en émoi après avoir appris la tuerie qui a fait 7 morts en 8 jours à peine ; Moi-même, en me brossant les dents avant d’aller me coucher avant-hier soir, j’ai pensé à cette mère de famille, pour qui la journée s’achevait aussi, mais sans son mari et deux de ses enfants. Je me suis mise à sa place en imaginant que ce soit mes biens aimés proches qui ne soient plus là, comme ça, en à peine quelques secondes. J’ai pensé à la femme d’un des militaires, enceinte de 7 mois pour qui la vie a basculé aussi, quelques jours plus tôt, certes avec moins de fracas médiatique, mais avec la même peine que cette mère de voir s’envoler une vie entière.

Quasiment tous les hommes politiques, qui affirmaient ne plus être en campagne (pourquoi ?), essayaient malgré tout d’avoir le bon mot, la « bonne » attitude qui ne mettrait pas à mal leur fond de commerce électoral. Bayrou et Mélenchon pointait du doigt le discours xénophobe de Sarkozy depuis 5 ans, Marine Le Pen tremblait à l’idée que ce soit un Breivik français qui ruinerait ses chances à l’élection et s’empressait donc, d’annoncer sa présence aux obsèques des militaires d’origine maghrébine et antillaise comme une preuve de son non-racisme. Quant à Sarkozy, comme à son habitude dans son rôle de grand flic, il menaçait tout le monde : le tueur de le payer très cher et les enfants assurant leur minute de silence, en leur donnant des détails sordides (« le tueur s’est acharné sur la petite fille ») les exhortant à avoir peur, très peur, et si possible de bien le dire à leurs parents le soir.

Le tueur était un français d’origine algérienne qui affirme avoir voulu « venger les enfants de Gaza » et « combattre l’action de l’armée française en Afghanistan ». Il se définirait aussi comme un djihadiste. Et brusquement, alors que tout le monde paniquait, pleurait les morts, s’inquiétait de cet individu criminel en liberté, tout est finalement rentré dans l’ordre. C’était donc un djihadiste. Normal quoi.

Les communautés religieuses du pays, en réalité, surtout les organisations juives et musulmanes, ont été conviées à l’Elysée et sitôt sorties, le grand Rabbin, le président du CRIF, et le président du CFCM, de rappeler à l’unisson qu’il ne faut surtout pas, surtout, surtout pas, tomber dans l’amalgame entre ce criminel et l’Islam. Tout de suite les grands mots, les pseudos « bons » mots, combattant la haine, le discrédit de toute une frange de la population… en apparence seulement.

Car si ces représentants le pensaient réellement, il n’aurait pas jugé nécessaire de le mentionner. Est-ce que tous les franco-français ont dû s’excuser lorsque HB a détenu en otage des petits de maternelle ? Est-ce que lorsqu’un certain Breivik, qui assassinait en quelques heures 77 personnes innocentes, les médias se sont empressés de nous demander de ne surtout pas faire d’amalgame entre lui et le peuple norvégien tout entier ? Entre lui et la franc-maçonnerie à laquelle il appartenait ? Est-ce que les norvégiens eux-mêmes, portaient ce fardeau et suppliaient le monde entier de ne pas les assimiler à cet odieux meurtrier de masse ? Non. Car c’était évident. C’est évident que tous les chrétiens du monde ne devaient pas se sentir coupable de ce qu’Hitler à fait. C’est évident que tous les coréens ne devaient pas se sentir responsables lorsque l’étudiant américain d’origine coréenne a tué 32 personnes à l’université Virginia Tech. C’est évident et tant mieux que cela le soit. Mais lorsqu’il s’agit d’un crime dont l’auteur est un musulman, arabe, dont les motivations sont, selon moi, davantage  politique que religieuse au vu de ses premières déclarations, alors là, subitement, ce n’est plus évident du tout. Il faut dire et redire à qui veut l’entendre, alors qu’on ne le pense pas soi-même qu’il « faut éviter de faire un amalgame », preuve qu’il est en réalité déjà fait dans tous les esprits. Et tant pis si 3 de ses victimes ont les mêmes origines et religion que lui.

Il y a cette jeune fille lambda, française, qui poste ce texte-là où elle parle de la honte qu’elle ressent, à l’idée d’être englobée à nouveau dans l’image de la « terroriste », « musulmane », « couscous » et j’en passe à cause d’un fait divers. C’est quand même grave qu’une française ait besoin d’écrire ce texte, le jour de la localisation de ce tueur, au titre explicite : « Je suis arabe et je ne vous veux aucun mal ».  Est-ce vraiment où nous en sommes aujourd’hui ?

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