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La muse

Publié le 27 mars 2012 par Lalla @laptitemarion

"Laisse-moi m'éclater le visage sur l'asphalte pour pouvoir rimer dans tous les sens, je veux que saigne ma peine pour voir s'échapper ma prose, fais-moi te perdre avec haine, ose, je ne sais faire sans souffrance s'il te plaît offre-moi tes doléances..."

Sur ces mots se termina leur voyage.

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'est l'histoire d'un poète qui voulait de l'inspiration, c'est l'histoire de celui qui voulut souffrir, de celui qui ne voulait pas mourir, c'est l'histoire de celui dont la muse le quitta pour ressentir le mal d'aimer, l'histoire de celui qui fit l'erreur d'aimer.

As-tu déjà fait souffrir quelqu'un ? As-tu, un jour, procurer de l'émotion à quelqu'un ? N'est-ce pas son rôle, finalement ? Par tous les moyens, de la lame aiguisée à la brûlure de la mèche consumée d'une bougie, il a pour dessein d'expier ses émotions, et mots et motions... vider son âme noircie de pensées et la plume du calligraphe à la lime de ses doigts... 

La muse était vêtue d'une robe parmée, ses épaules aérées et la peau de porcelaine, elle charmait le poète vagabond tel un haschischin dans l'écume de ses déraisons. Elle marchait avec nonchalance et s'approcha de lui, enveloppa le poète avec son bras léger, les mains se posant, dénudées, sur son buste. Il expirait. Regardait les vagues de la manche parme flotter au-dessus de lui et reprenait une bouffée. 

D'air.De jouissance. De mélancolie orgueilleuse.

Elle retirait son bras et fit le chat baudelairien sur la bergère l'air de rien en velours ocré. Comme la flamme des bougies elle faisait danser l'esprit du rêveur, elle faisait voyager le poète et quand arrivait la tempête se réfugiaient sous son habit de soie. A l'abri de tous les mots ils s'ennivraient d'amour jusqu'au prochain coucher. Il se laissait emporter, elle n'était pas contrainte.

Puis la passion l'éveilla, le surprit et le remplit. Elle revenait chaque soir, telle une fille de joie. Du haut de son élégance elle décorait les feuilles blanches de l'écrivain fougueux, du bas de son ventre elle chevauchait les mots en amazone et il la dessinait vers des chemins aux lignes indociles. Dans ses yeux il puisait un peu d'encre crayeuse et brillante. Dans ses mains blanches elle recueillait ses lèvres par le tabac bistrées, et parfois bruyantes.

Elle était le poème. Il était le poète. Et un soir, sans robe de soie, la tempête.

Marion Breteau

 


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