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Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, Président de la République

Publié le 24 avril 2012 par Pierrehk

Monsieur le Président, je vous fais cette lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps......

Non, malgré ce que le titre de cette fameuse chanson pourrait laisser entendre, je ne suis pas un déserteur, et je vous supporte dans cette campagne de second tour, face au candidat socialiste.

Sachez toutefois que, me qualifiant d'homme de droite à tendance sociale, mais non sectaire, il m'est arrivé de ne pas suivre aveuglément les directives de mon camp, comme par exemple en 1981, où j'ai préféré voter Miterrand face à Giscard estimant alors avoir été trahi par le Président sortant, qui selon moi , bien qu'élu par la droite, avait fait une politique de gauche; à tout prendre autant voter pour l'original plutôt que pour la copie selon la formule frontiste, d'autant qu'il me paraissait normal et légitime de donner sa chance à la gauche après tant d'années d'absence du pouvoir.

Je ne referai pas la même erreur cette fois ci, tant l'expèrience a montré que le décrochage de la France trouvait son origine à l'aube des années 1980, et tant la situation actuelle de la France ne permettrait pas de survivre aux erreurs de 1981-1983. Il suffit de revoir le débat entre Giscard et Mitterrand de 1981 pour s'en apercevoir.

Si déjà le chomage était un sujet de préoccupation (les chiffres d'alors nous font sourire aujourd'hui), à aucun moment dans ce débat, les 2 candidats n'ont parlé d'insécurité ou d'immigration, preuve que ce n'était pas un sujet d'inquiétude. Quant aux finances publiques, Mr Mitterrand a reconnu lui même au cours de ce débat qu'il hériterait de finances saines. Quelle descente aux enfers en trente ans de laxisme partagé entre gauche et droite; entre gauche rose foncé et rose pale devrais je dire, tant il me parait évident que Jacques Chirac, radical socialiste de coeur, est plus proche de Mr Hollande que de vous même. D'ailleurs il le dit, il va voter Hollande!....

C'est pourquoi j'ai été conquis par votre campagne de 2007, cher Nicolas. Enfin un homme politique qui assumait d'être à droite, qui n'avait pas honte de vouloir défendre l'autorité et l'ordre et qui revendiquait haut et fort que la Gauche n'avait pas le monopole du coeur. Car il est temps de le crier haut et fort: "C'est dans la jungle que les plus faibles sont éliminés par les forts" . Et comme, malgré tout ce que voudraient nous faire croire les gens de gauche, l'homme est un loup pour l'homme, faire respecter les lois de la République est encore le meilleur moyen de défendre ceux qui sont au plus bas de l'échelle sociale. 

Vous m'avez enthousiasmé en 2007, Mr le Président!.... Vous m'avez vraiment fait croire que tout devenait possible. J'ai même pris ma carte de l'UMP pour vous soutenir dans votre combat pour réformer la France car je savais à quel point cela serait difficile. Malgré les difficultés et les blocages, le pays était en demande de changement, tant le peuple avait compris qu'il faudrait une énergie farouche pour surmonter les corporatismes fermement accrochés à leurs privilèges, au détriment le plus souvent de l'interet général

Quand j'entends Mr Hollande vous reprocher de monter les Français les uns contre les autres, il montre à quel point c'est lui le conservateur, et vous le "révolutionnaire". En effet en 1789,  n'était-ce point une révolte des classes populaires représentées par le Tiers Etat contre les classes privilégiées qu'étaient alors la Noblesse ou le Clergé. Ceux la n'avaient pas honte de cette division. La recherche de la Justice Sociale passe aussi par des remises en question de l'ordre établi, et je ne connais personne qui est prêt à donner de bon coeur ce qu'il croit lui être dû alors que d'autres lui en contestent la jouissance au nom de la morale ou de l'efficacité économique. Aujourd'hui les privilégiés ne sont pas forcément là où on les attend!...

Ainsi, à titre d'exemple, est-il normal de céder lachement devant les dockers du Port de Marseille ou les aiguilleurs du ciel qui défendent farouchement leurs privilèges, au détriment de milliers d'ouvriers d'une économie française qui est victime de leur manque d'efficacité et qui voient partir, sans pouvoir rien faire, vers Rotterdam ou Anvers, les bénéfices que peut engendrer un port actif et compétitif. Tout cela parce que les premiers cités sont organisés pour brandir leur pouvoir de nuisance afin de conserver leurs privilèges qui pénalisent l'entreprise France. Il est temps qu'un pouvoir politique courageux se saisisse à bras le corps de ces problèmes et qu'il prenne enfin les décisions courageuses et de bon sens qui s'imposent si on veut rétablir l'économie et  le bien être de nos concitoyens.

Outre des fautes graves de comportelment personnel, c''est en grande partie ce que vous reprochent vos partisans de 2007. Vous les avez déçus par votre manque d'audace plus que par vos réformes. Nous sommes nombreux à penser que vous n'avez fait que des réformettes là où étaient nécessaires de véritables réformes. Et encore aujourd'hui, vous nous cachez le véritable état de la France.

C'est pourquoi j'ai décidé de voter François Bayrou au premier tour: d'une part, pour manifester mon mécontentement à votre égard, et d'autre part pour soutenir le seul candidat qui nous a tenu un discours de vérité sur l'état de la France, et qui a fait des propositions raisonnables pour y remédier.  Je trouve d'ailleurs incompréhensible et navrant que ce discours de raison et de courage l'ait conduit au dessous du seuil des 10%; c'est un reflet désespérant de la situation de notre pays qui préfère faire la politique de l'autruche, plutôt que de se remonter les manches pour s'en sortir. Comme je l'ai déja écrit , Churchill n'aurait plus sa place en 2012, et en tous cas pas en France...

Pour cette raison, je vous pardonne! Pour réformer, il faut être au pouvoir et il est donc essentiel de mener une campagne victorieuse plutôt que d'être un défait magnifique. Si la bétise des Français impose qu'on leur mente pour leur bien, alors pourquoi pas!... Mais une fois au pouvoir ne vous défilez pas, d'autant que ce sera votre dernier mandat. Osez!...  et réformez ce vieux pays avant qu'il ne sombre. Les Français d'aujourd'hui ne vous aimeront peut-être pas, mais comme De Gaulle, l' Histoire de France et nos enfants vous en sauront gré.

J'ai beaucoup aimé votre discours à Longjumeau auhourd'hui. Vous avez employé le mot qui convient! il est temps de remettre du bon sens, au double sens du terme, dans la conduite des affaires de ce pays. Et sur ce chemin peuplé d'embuches, pour peu que vous fassiez preuve de pédagogie en expliquant vos réformes, et que vous soyez vous même exemplaire, l'exemple doit venir d'en haut, le peuple de France vous suivra!....

Je voudrais conclure sur ce thème de l'exemplarité, car c'est aujourd'hui la plus grande faille que vous offrez à vos adversaires qui à longueur de journées vous attaquent sur votre attitude, vous reprochant qui  le Fouquets ou le yacht de Bolloré, qui votre coté bling bling et votre népotisme et enfin, pour résumer, d'être le président des riches. Ils pourraient ajouter vos fanfarronades qui m'ont tant déplu....

Vous ne pourrez pas faire l'impasse sur des excuses sur votre conduite au début de votre mandat. Il vous suffira de mentionner les épreuves de votre vie privée qui vous ont conduit à, peut-être, ne pas toujours avoir eu la conduite attendue d'un président de la République dans les premiers mois de votre entrée en fonction. Quelle honte y aurait-il aussi à reconnaitre qu'il vous a fallu un certain temps pour enfiler le costume de Président tel que l'attendaient les Français, qui ont pu être déçus de voir leur monarque républicain monter les marches de l'Elysée en short et basket.

Ce serait d'autant mieux accueilli que depuis 2 ans, vous avez su corriger le tir de façon admirable, et qu'il vous est permis de faire valoir que ce temps d'acclimatation, François Hollande ne saura  y échapper lui non plus. Un temps perdu précieux alors que des nuages menaçants assombissent l'horizon de la France. Je crois le temps venu de la sincérité. Quand vous parlez comme aujourd'hui, sans notes, avec votre coeur, c'est à ce moment là que vous nous donnez l'envie de vous confier à nouveau les rènes de notre pays.


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