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Passons au Salon

Publié le 29 avril 2012 par Jlk

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Du Salon du Livre et de mon agoraphobie chronique. Du Big Bazar. De cette 26e édition et de l’engagement d’Olivier Morattel. Apostrophé à L’Apostrophe. Des rencontres impromptues. Djian et Stephan Eicher déclenchent l’émeute.

Tard le soir en ville, ce vendredi 27 avril. - Il y a plus de vingt-cinq ans que j’essaie de m’y faire, mais pas moyen ! Pas moyen de me rendre au Salon du Livre l’esprit détendu et le pied léger, alors qu’on est censé y défendre et promouvoir l’objet même de ma passion de toujours. Or à quoi tient cette espèce de réserve mentale qui m’a toujours crispé ? Le côté foire, pour ne pas dire souk qui a caractérisé, depuis ses débuts, la manifestation genevoise dont le fondateur, Pierre-Marcel Favre, tablait sur une offre largement diversifiée combinant la plus grande librairie du pays avec des  expos de toute sorte, des salons dans le salon où se côtoyaient étudiants et mouvements alternatifs, entre autres animations médiatiques de tout acabit ? Sans doute regimbais-je devant l’aspect multipack de l’offre. Et la perspective, comme chroniqueur littéraire, de tomber tous les trois pas sur un solliciteur, éditeur ou écrivain, réclamant un article ; ou, comme auteur, de rester assis à attendre l’éventuel lecteur : tout cela m’aura toujours incité, d’abord, à fuir à toutes jambes, avant d’être pris au jeu des découvertes et des rencontres, et de faire avec de meilleur coeur.

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Or voici qu’un mois avant d’être libéré de mes activités de mercenaire de la plume, à 24Heures, la publication de mon vingtième livre, aux bons soins d’Olivier Morattel, m’implique en première ligne puisque, à mon insu mais de plein gré, mon nouvel éditeur s’est tant démené qu’il a fait inscrire le vernissage de mon livre sur la scène principale, entre un entretien avec Tristane Banon et un concert-performance de Philippe Djian et Stéphane Eicher. Autant dire que c’est avec certaine angoisse que je me suis pointé, tout à l’heure, sur le tréteau de l’Apostrophe où, pendant une petite heure, j’ai dialogué avec Isabelle Falconnier, nouvelle patronne du Salon et fine lectrice au demeurant qui m’a gratifié, déjà, d’une belle présentation de mes Chemins de traverse dans L’Hebdo…  

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Répondant à ses questions bien affûtées et prouvant une lecture en profondeur, j’ai décrit par le détail, pièces en mains – plusieurs de mes carnets remplis de dessins et d’aquarelles, qui ont fait dire à Isabelle, visant Olivier Morattel, qu’il faudrait un jour publier des fac-simile de ces manuscrits enluminés -, ma démarche de grappilleur de pépites poétiques ou d’observations, de traits d’humeur ou de pensées de l’aube, de notes à profusion portant sur une quaranaine d’années, mais je n’ai pas dit ce que je dois relever à l’instant : c’est que ce montage de plus de 400 pages doit son existence  à l’enthousiasme fervent d’Olivier Morattel, contrastant tellement avec l’apathie de ceux qui « freinent à la montée » dans notre pays.  En outre j’ai réitéré ma vive reconnaissance à mon ami Jean Ziegler, reparti ces jours sur les routes du monde,  pour la généreuse lettre-postface dont il m’a gratifié.

Bref, et non sans orgueilleuse allégresse évidemment, j’ai trouvé ce début de Salon tout à fait à mon goût, mon angoisse dissipée, et la suite amicale de la soirée, en compagnie de ma bonne amie,  ne m’a pas déçu. Au moment des dédicaces, j’ai été charmé de rencontrer Marie –Antoinette, femme de l’écrivain tchadien Nétonon Noël Ndjékéry, auteur de premier ordre qui a rencontré cette Vaudoise aux yeux clairs, prof fille de paysans, dans la période troublée de la guerre civile. Des gens qui ont vécu, comme on dit, et qui rayonnent d’intelligence et de malice joyeuse : voilà qui fait du bien ; et ce sentiment s’est répété avec la rencontre des parents de Quentin Mouron, Didier l’artiste et Isabelle l’instite, autres incarnations vivantes d’une humanité de cœur et d’expérience en pleine pâte et en plein vent – ils ont construit ensemble un ranch dans la forêt québecoise, près de Notre-Dame-de-la Merci où se situe le deuxième roman de leur fils que je viens d’achever de lire – une merveille à la Raymond Carver, à découvrir en août prochain...

Et ce n’est pas tout, rien que pour ce premier soir, juste avant l’emeute du concert de Stephan

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Eicher et Philippe Djian – véritable « concert littéraire » des deux compères rejoints par un remarquable jeune guitariste -,puisqu’un brave Monsieur s’est pointé, mon livre sous son bras, pour m’entretenir du formidable Roorda, humoriste de génie et pédagogue anarchisant dont il a épousé la petite-fille, et l’entendre m’évoquer aussi ses croisières en voilier du côté de la Désirade (!) et de la Dominique. C’est là-bas, m’a-t-il raconté qu’il a essayé de payer une course en taxi avec un couteau suisse, à un  jovial chauffeur qui lui en a sorti un tout pareil de sa poche !   


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