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Audirvana Plus vs. PureMusic : deux lecteurs « Bit perfect » pour OS X

Publié le 15 avril 2012 par Tupperwav @TupperWav

Tandis que la musique dématérialisée connaît un essor certain en termes d’usage, nous assistons au développement progressif d’un écosystème matériel et logiciel destiné à répondre aux exigences qualitatives grandissantes d’un public à la fois audiophile et, par la force des choses, sensiblement technophile. Ce domaine non encore totalement exploité par les différents acteurs, dont beaucoup peinent à suivre le mouvement, offre un terrain propice à des offres diverses, allant des plus pertinentes aux plus farfelues, car la dimension technologique complexe induite par la restitution des flux audios numérisés se nourrit d’un certain nombre de sujets éminemment obscurs pour la plupart des auditeurs.

Deux thématiques sont souvent sources de controverse : les différences audibles (ou non) entre les formats variés d’encodage et la lecture dite “Bit Perfect”. C’est à ce deuxième sujet que nous allons aujourd’hui nous intéresser.

Une idée reçue

Une idée reçue énonce communément que la restitution d’un flux “numérique” composé de bits, fût-il audio et transmis par un média adapté, ne peut être que “parfait”. C’est-à-dire que l’on peut avoir la quasi-certitude que le résultat auditionné sera l’exact restitution des informations d’origine. C’est faire abstraction de toutes les couches qui viennent s’intercaler entre les fameux “bits” stockés sur le disque dur et les oreilles de l’auditeur. Le premier maillon de cette chaîne complexe est constitué par l’ordinateur, qui héberge les flux, et qui aura pour mission de les acheminer vers le composant chargé de le convertir en signal analogique (en “musique”), le fameux “DAC” (Digital Audio Converter).

Tous les ordinateurs disposent d’un DAC interne, généralement de piètre qualité, tout simplement parce que le but premier d’une telle machine n’est pas d’offrir une garantie qualitative quelconque en termes de restitution sonore. Les constructeurs réalisent donc souvent de substantielles économies dans ce domaine en utilisant des composants peu soignés. C’est la raison pour laquelle les amateurs de musique utilisent souvent un DAC externe.

Ensuite, le système d’exploitation en lui-même comporte un ensemble de fonctions chargées de traiter les flux audios de manière plus ou moins “neutre”, c’est-à-dire idéalement sans les altérer. Cette couche logicielle devrait intervenir le moins possible, voir pas du tout, sur les caractéristiques du signal, mais dans la pratique ce n’est généralement pas le cas et au bout du compte, le signal qui arrive au convertisseur risque d’être bien différent de ce qu’il était au départ. A cela s’ajoutent les phénomènes de perturbations divers liés à l’environnement fortement électrique et perturbé de l’ordinateur.

L’idéal serait donc d’être capable d’utiliser un logiciel sachant accomplir trois tâches :

  • Aller récupérer le flux audio au plus près du disque dur, en évitant au maximum de solliciter la couche interne du système pour éviter le plus possible les altérations liées à cette étape tout en maintenant un niveau d’activité faible de la machine limitant ainsi au maximum les perturbations potentiellement induites.
  • Décompresser le flux, s’il l’est, et monter en mémoire, de manière à travailler en PCM (wav) quelque soit le format (de préférence Lossless, bien sûr) de départ
  • Convertir le flux numérique en flux analogique avec le meilleur niveau de qualité possible sans devoir forcément recourir à un DAC externe.

L’offre logicielle

C’est justement ce que proposent les logiciels de lecture “Bit Perfect”. Trois produits principaux pour OS X se partagent actuellement le marché :

  • Amarra Mini (Sonic Studio) – 179€ HT
  • PureMusic (Channel D) – 105€ HT
  • Audirvana – 39€ HT pour la version actuellement officielle « Plus »

Ces trois produits proposent des options diverses, mais ont en commun au moins les fonctionnalités suivantes :

  • La capture du flux audio numérique au plus près du disque dur en faisant intervenir le moins possible la couche “Core Audio” d’OS X.
  • La mise en mémoire RAM du flux décompressé (PCM) afin d’éviter les accès disques durant la lecture ainsi que l’activité CPU liée à la décompression
  • Un DAC logiciel de bonne qualité avec des possibilités d’upsampling
  • Un mode d’accès exclusif au périphérique de sortie afin de court-circuiter complètement Core Audio
  • Une gestion optimisé du changement de volume appellé “dithering” qui permet de maintenir un niveau de qualité constant, et ceci même si le volume est modifié
  • Une intégration avec iTunes pour utiliser le système de gestion de fichiers musicaux Apple comme interface, mais en inhibant totalement la partie restitution sonore.

Un choix ?

Tout cela est très prometteur sur le papier, mais est-ce que les résultats sont à la hauteur des tarifs demandés ?

Amarra ne m’a du tout convaincu, et lors des écoutes en aveugle, je n’ai absolument pas été en mesure de faire une quelconque différence entre les écoutes avec et sans, que ce soit directement au casque ou en mode sortie vers un DAC externe via une interface Hi-Face.

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PureMusic en revanche m’a agréablement surpris. J’ai identifié très clairement une restitution beaucoup plus claire et fluide lorsque le logiciel étant enclenché. Les détails et micro-détails sont bien plus présents et surtout, la scène sonore se trouve élargie. A l’issu de la période d’essai gratuite, j’ai fait l’acquisition de ce produit qui continue de me donner satisfaction.

Quelques temps après, Audirvana est apparu dans sa version gratuite. Développé par un seul homme, Damien Plisson, ce produit a évidemment suscité beaucoup d’intérêt auprès de la communauté audiophile, car il était à la fois convivial, performant et gratuit. Pourtant je l’ai toujours trouvé inférieur à PureMusic sur tous les points évoqués, même s’il offrait l’énorme avantage de pouvoir être utilisé en dehors d’iTunes, c’est-à-dire comme un lecteur traditionnel, remplaçant ainsi l’épouvantable VLC notamment pour la lecture des fichiers Flac.

Actuellement, Audirvana n’est plus officiellement disponible dans sa version gratuite, mais sous forme d’une versions “Plus” disponible à l’essai pendant 30 jours, et vendu ensuite au prix de 39€. Pour être clair, les différences avec PureMusic sont très tenues. La scène sonore est légèrement moins bonne, mais vraiment, c’est un excellent produit qui apporte beaucoup en termes de qualité pour bien peu en terme d’investissement. La justification du prix de PureMusic semble difficile à argumenter même si le produit demeure excellent voir légèrement supérieur avec certains enregistrement particulièrement sensibles à l’étagement de par leur complexité.

Alors faut-il encore acheter PureMusic ? Audirvana Plus est-il la solution définitive au rapport qualité prix imbattable ? Un investissement de ce type est-il vraiment justifié autrement que par des micro différences ?

Audirvana, champion ?

Très sincèrement, je reste prudent dans le fait de recommander PureMusic, et ce malgré le fait que j’en sois plus que satisfait personnellement, en raison de son prix relativement élevé.

En ce qui concerne Audirvana, le gain qualitatif est vraiment significatif et ce pour un prix presque ridicule. L’interfaçage avec iTunes est une vraie réussite, tandis que l’utilisation en mode autonome est une alternative indispensable aux lecteurs habituels disponibles pour les ordinateurs Apple. Le gain se ressent indiscutablement en terme de dynamique et de linéarité. L’étape de conversion est bien plus soignée. C’est propre, plus spatial, on gagne sur tous les plans.

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Le paramétrage est aisé, permettant par exemple de sélectionner un mode exclusif très facilement et qui saura reconnaître et s’adapter aux caractéristiques du périphérique visé en terme de résolution.

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Il embarque par ailleurs l’excellent convertisseur logiciel iZotope qui fonctionne nativement en mode 64 bits. Ce module donne des résultats infiniment meilleurs que le convertisseur hardware du Mac et offre en plus des fonctions d’upsampling tout à fait convaincante et hautement paramétrables. Ce choix constitue probablement l’un des points fondamentaux d’Audirvana.

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L’application est très bien intégrée avec l’environnement OS X et permet d’inhiber un certain nombre de fonctions durant les phases de lecture afin d’optimiser la restitution. Les options sont clairement expliquées.

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Enfin, l’intégration avec iTunes est totale et demeure un des points très forts de la solution. L’outil Apple de gestion de bibliothèque musical est en général apprécié des utilisateurs d’OS X, et le fait de devoir s’en affranchir dans le cadre de l’utilisation d’un lecteur tiers est souvent considéré comme une frustration. Avec Audirvana, le problème ne se pose pas, il est extrêmement facile de passer du mode autonome au mode intégré.

Capture d’écran 2012 04 09 à 22.40.58 300x169 Audirvana Plus vs. PureMusic : deux lecteurs Bit perfect pour OS X

Et PureMusic ?

Il demeure une excellente solution de lecture améliorée sur Mac, en offrant bien plus d’options de paramétrages qu’Audirvana, mais plus complexe à mettre en oeuvre également. A nouveau, en termes d’expériences d’écoutes, si le résultat est légèrement meilleur qu’Audirvana, ce dernier l’emporte selon moi par sa simplicité et ses performances valant bien plus que son prix. Gageons en plus que, porté par le succès de son produit, Damien Plisson continuera de le faire évoluer.

Capture d’écran 2012 04 15 à 01.28.36 300x246 Audirvana Plus vs. PureMusic : deux lecteurs Bit perfect pour OS X

Quoiqu’il en soit, les deux produits offrent une version d’évaluation complètement fonctionnelle, de 15 jours pour PureMusic et d’un mois pour Audirvana Plus. Ce qui est sans doute plus qu’il n’en faut pour juger à la fois si les différences par rapport à une écoute « native » justifient l’investissement, et également lequel des deux produits est le plus adapté à vos attentes.

En ce qui me concerne, je passe de l’un à l’autre au gré de mes envies, mais j’avoue que ma préférence va peu à peu vers Audirvana principalement pour sa capacité à être utilisé en mode autonome sans iTunes, ce qui me permet d’écouter des fichiers que je n’ai pas encore forcément intégré dans le gestionnaire de bibliothèque Apple.

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