Magazine Journal intime

Une vie

Publié le 09 mai 2012 par Sexinthecountry2

Une vie

Une vie.

C’est un fragile assemblage.

Une somme de merveilleux hasards qui rend possible, l’impossible.

Ce sont des os comme une tour Eifel en cure-dents

Ou comme un mât qui porte la grand’voile

Ou comme une pergola envahie par le lierre

C’est un crâne comme un coco Cadbury

Ou comme une boule à neige avec une madame qui nourrit des pigeons dedans

Ou comme un yoyo parce qu’y a du monde mêlé aussi

C’est de la chair comme la pulpe d’une pomme grenade

Ou comme la terre noire de mon jardin après la pluie

Ou comme du Jello aux fraises avec des guimauves dedans

C’est du sang comme du métal en fusion

Ou comme une rivière après la crue

Ou comme une déferlante sur le sable brûlant un jour de canicule

C’est un cœur qui s’agite comme un tite grenouille dans un pot Masson

Ou comme une abeille contre un screen de porte-patio

Ou comme un sexe gorgé d’apaisement qui palpite après l’orgasme

Ça donne des assemblages singuliers comme un coco Cadbury planté sur une tour Eiffel en cure-dents

Ou comme un sexe gorgé d’apaisement surpris par la déferlante

Ou comme une tite grenouille dans un pot Masson plongé dans une piscine de Jello aux fraises avec des guimauves dedans.

Une vie c’est le battement d’aile d’un papillon qui peut provoquer une tempête

Chaque fois qu’on perd une vie humaine, c’est une façon nouvelle de voir le monde qui disparait.

Y’a des soudeurs qui font des graffitis de Calinours

Y’a des policiers qui font pousser d’la camomille

Y’a des comptables qui écrivent des poèmes en secret

C’est minuscule une vie, c’est un tout p’tit souffle, une brise délicate, un fil, une petite flamme.

C’t’un oiseau paniqué pogné dans la grille du foyer qui piaille pour sa liberté parce qu’il est tombé dans l’trou de la cheminée.

Pis là ben c’est toi qui a le pouvoir.

Ou ben donc t’as peur que l’oiseau chie partout sur ta céramique neuve pis t’allumes le foyer en te bouchant les oreilles pour pas l’entendre mourir.

Ou ben donc t’oses ouvrir la grille pis t’attends que l’oiseau sorte.

Tu le laisses se pêter la face contre tes murs, pis chier sur ta céramique.

Tu le ramasses délicatement quand il s’est enfin calmé.

Ton cœur aussi palpitant que le sien.

Tu sens ses p’tites plûmes douces contre tes paumes.

Pis un coup rendu dehors tu le laisses s’envoler dans le bleu.

Pendant que toi, tout énervé tu gouttes le plaisir d’avoir pris un guess.

Le 4 mai à Victoriaville, le gouvernement Charest à crisser l’feu dans l’foyer pis il s’est bouché les oreilles pendant que l’oiseau cramait.

Faique là y’a des crânes fracturés, des dentitions éclatées, des yeux crevés, des oreilles arrachées.

Y’a des enfants qui risquent d’avoir dans l’avenir une aussi bonne qualité de vie qu’un oiseau à qui on aurait brûlé les deux ailes.

Notre gouvernement a sciemment choisi de casser des êtres humains par opportunisme.

Pis j’comprends pas qu’on soit rendu à être obligés de prendre la parole pour rappeler au monde qu’une vie, ça vaut plus qu’une remontée dans les sondages.

Mes mots n’ont pas la même force d’impact que les choix égoïstes

D’un premier ministre

Mais ce soir, je voulais avoir une pensée particulière

Pour une tite grenouille dans un pot Masson qui cherche ben fort son air.



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