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François Hollande : trop normal pour être honnête ?

Publié le 19 mai 2012 par Muzard

François Hollande a joué la bonne carte en se positionnant d’entrée comme le candidat de la normalité, alors même que son rival était sanctionné fortement pour avoir joué pendant cinq ans au « petit monarque ».

Effectivement Nicolas Sarkozy  a battu campagne en claironnant que l’argent c’était bien et que tout le monde pouvait en avoir, à condition de travailler plus. Et  pour joindre le geste à la parole, il s’est exposé  sans complexe dans des endroits luxueux  : le Fouquet’s ou un yacht au bras d’une femme au top (ex top !!). Qui m’aime me suive tel était son slogan. Et les français l’ont suivi, ils ont voté pour lui.

Une voie toute tracée par son prédécesseur

Mais la crise s’est abattue sur notre vieux continent et patatras. Il a fallu travailler plus pour gagner moins ! Le peuple français a vu ses illusions balayées alors même qu’il continuait à assister impuissant au spectacle donné par le roi et ses courtisans. La fête a continué à battre son plein chez les grands  pendant que les petits, les gens normaux se serraient la ceinture. Nicolas Sarkozy n’a pas compris que même chez les grands singes, le chef est censé donner l’exemple, manger un peu moins dans les périodes de pénurie. Et c’est d’autant plus vrai dans les tribus de singes plus évolués : l’écart de confort de vie entre les dominants et les subordonnés doit être plus réduit que dans les tribus de singes plus évolués. Nicolas Sarkozy a cru gouverner une troupe de macaques quand il dirigeait une tribu de chimpanzés.
Il aurait du s’intéresser à l’éthologie des primates, cela lui aurait évité (peut-être) une cruelle déconvenue !

Ce faisant, il a tracé le chemin de la victoire de son rival.

Peu importait le bilan de Sarkozy en France ou à l’international, une majorité de Français voulait juste s’affranchir de celui qui les avait roulés dans la farine et qui se comportait selon certains en « voyou » sous les traits d’un roitelet : abus de pouvoir, transferts de mallettes, intrigues….

François Hollande n’a eu qu’à revêtir les habits de l’homme normal, simple et sain pour marquer la différence avec son rival. Il lui suffisait de proclamer que l’argent c’est sale,  qu’il n’aime pas les riches, les banquiers et le CAC 40 pour rencontrer les aspirations de la gauche comme d’une certaine droite exaspérée et déçue par le roitelet.

C’est ainsi qu’on a pu apercevoir François Hollande pendant la campagne, dans un supermarché faisant ses courses comme un homme normal, se déplaçant sur un simple scooter, vivant dans un humble 3 pièces à Paris et ayant choisi comme compagne une femme aux origines modestes, dont la mère était  caissière….

Ce souffle de la normalité a balayé tous les doutes qui pouvaient subsister quand à l’épaisseur du candidat. Mieux vaut un président « flamby » mais normal qu’un président "excité  et  "bling bling".

Depuis qu'il est président, François Hollande continue à entretenir la flamme de sa normalité, même si la tâche devint plus ardue : est-il normal de se déplacer avec une armée de gardes du corps, voyager en jet privé et vivre dans un appartement à Paris, sans voisinage et permettant d'assurer la "continuité du feu nucléaire…   ?

Il est si occupé à préserver son image d’homme normal qu’il commet des maladresses : pour la cérémonie d’investiture, il s’est comporté en héros. Quel homme normal aurait accepté de saluer la foule, assis dans une voiture décapotée, sous une pluie battante et quel homme normal aurait accepté de prendre l’avion avec le risque d’être foudroyé !

La normalité à l’épreuve des faits

Comment peut-on rester normal quand on accède aux suprêmes fonctions de l’état ?  Il faudrait que F Hollande change de disque et prenne pour contre-exemple son ancien rival : la recette qui a contribué au succès de Sarkozy en 2007 (son côté décomplexé par rapport à l’argent) lui a couté son trône 5 ans plus tard. Il  faut savoir changer de rôle pour éviter le ridicule à savoir la confrontation à la réalité de la fonction.

Il ne faut pas abuser des bonnes choses, la carte de la normalité a permis à F Hollande de remporter le graal, il faut maintenant qu’il  consacre son énergie à des enjeux un peu plus graves.

C’est d’autant plus recommandé que s’il poursuit dans la voie de la normalité, il est possible que le principe de réalité le rattrape : des aspects moins connus de sa vie ou de celle de ses proches pourraient éclater au grand jour en décevant ceux qui s’identifiaient à cet homme comme eux.
Car en cherchant un tout petit peu, on peut s’interroger sur la normalité de cet homme : est- il normal de posséder un appartement à Paris, une belle villa dans la chic ville de Mougins et deux appartements à Cannes, sans payer d’ISF ? Si François Hollande pouvait donner la recette aux contribuables de l’ISF, cela devrait les intéresser…

Est-il normal  que Valérie Trierweiler qui a grandi a Angers, soit à ce point amnésique pour ne pas savoir qu’elle est la petite fille d’une famille angevine fortunée et dont le patrimoine est d’origine bancaire  …heureusement qu’elle a le courage d’admettre que  « Non, elle n’est tout de même pas Cosette » !

Est-il normal qu’un homme qui a juré mordicus qu'il ne s'entourerait pas d'une personne "jugée et condamnée", choisisse un premier ministre qui a fait l'objet d'une condamnation pénale pour des faits de favoritisme dans le cadre d'un appel d'offres ?

Est-il normal d’annoncer qu' au nom de l'exemplarité, on réduit les salaires des membres du gouvernement  mais d'augmenter significativement le nombre de ministres (avec leur cohorte de conseillers !).

Bien entendu, il n’est pas le premier président et probablement pas le dernier, à ne pas faire ce qu’il a promis, la vie de président n’est pas simple, mais il faut qu’il cesse rapidement de capitaliser sur le filon de la normalité s’il ne veut pas offrir trop facilement sa tête à ses adversaires.

Visiblement François Hollande commence à entendre ce message, il semblerait qu’il marche sur les traces de ses prédécesseurs,  en témoigne le commentaire que lui inspire sa récente rencontre avec Barack Obama « Quand la France et les Etats-Unis sont d'accord, le monde peut avancer » : on ne peut pas dire que la formule relève de l’humilité ! Serait-ce déjà l’effet «  jet Falcon 900 » ?


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