Coaching et engagement

Engagement et coaching l'un ne va pas sans l'autre

Pour ce nouvel article, j'ai eu envie de vous parler de " l'engagement ".

Je suppose qu'en voyant l'image illustrant cet article vous pouvez être intrigués... mais en l'occurrence, et bien qu'il ne le sache pas, notre jeune ami ci-dessous est au coeur du sujet qui nous intéresse aujourd'hui !

En effet, vous avez peut-être lu ou entendu que dans une relation de coaching, il est nécessaire qu'à la fois le coach et le client soient engagés.

Pour lever le voile sur la présence de notre ami ci-dessus, je vais vous éclairer : ce brave cochon nous parle de l'engagement, certes à son corps défendant ! Pourquoi ? parce qu'une excellente métaphore sur l'engagement est celle de la blague des " œufs au bacon ".

Pour ceux qui ne connaissent pas cette blague, sachez que dans les œufs au bacon, si la poule est " impliquée ", le cochon quant à lui est " engagé ". En effet, si la participation de la poule est indirecte voir anecdotique, celle du cochon prouve qu'être engagé consiste à donner de soi... au sens propre du terme dans ce sens...

Au-delà de cette image amusante (sauf pour le cochon !) la notion d'engagement dans le domaine du coaching revêt une couleur particulière. Je vous invite donc à découvrir le sens que l'on y donne, je l'espère en vous distrayant.

L'engagement, qu'est-ce que c'est alors ?

Dans le langage courant, s'engager parle du fait de participer ou de s'impliquer, voir de prendre une fonction.

Avant de décortiquer cela plus avant, faisons un petit quizz (car je sais que vous aimez cela ;o)).

Dans les exemples suivants, vous allez essayer de déterminer ce qui est du domaine de l'engagement :

Si vous avez :

1. Une majorité de A : intéressant...
   La mauvaise nouvelle, c'est que si vous êtes indéniablement engagé, votre engagement n'est peut-être pas là où vous pensez qu'il est..., la bonne c'est que ce n'est pas grave, car cet article va vous expliquer pourquoi.
2. Une majorité de B : courage fuyons !
   Étonnamment, dans cette situation, vous êtes engagé. Pas de la façon la plus confortable qui soit, certes, car votre besoin de sécurité n'est pas assez rempli pour que vous puissiez faire face, c'est ce qui explique votre fuite.
   N'oublions pas en effet que malgré notre position au sommet de la chaine alimentaire, nous représentons un met succulent pour bien des prédateurs ! La fuite est donc une solution plus qu'acceptable lorsque la situation dépasse notre capacité à agir.
   Essayez donc de ne pas vous enfuir avant la fin de cet article ! je vais vous partager la recette de la potion magique qui vous permettra de transformer une fuite éperdue en retraite salvatrice !
3. Une majorité de C : félicitations !
   Vous êtes vraiment engagé dans la situation. Deux solutions pour vous, aller boire un verre en vous auto congratulant, ou continuer de lire cet article afin de vous repaitre de votre évidente supériorité jusqu'au bout !

L'engagement, ou " se donner en gage "

L'engagement peut être traduit de la façon suivante : " S'engager, c'est se donner en gage ".

Dans tous nos actes, il y a une forme d'engagement, soit envers nous-mêmes, soit envers les autres, soit envers la situation, mais toujours envers nos valeurs.

Bien entendu, le gage est plus ou moins crucial en fonction de mon action. Si je m'engage à appeler quelqu'un, je mets en gage ma parole, mais si j'oublie, je ne vais pas me sentir humilié jusqu'à la septième génération !

De la même façon, le gage n'est pas forcément évident dans l'immédiat et ce n'est pas toujours quelque chose de concret ou même de perceptible.

Par exemple, si je m'engage dans l'armée, je donne en gage ma vie, car je peux être envoyé sur un conflit et y mourir. Ce gage, s'il fait partie du contrat, ne m'oblige pas à payer un prix ou atteindre un objectif, il s'agit simplement de mon acceptation des conséquences implicites au gage que je donne.

Prenons le même exemple sous un autre angle : si je m'engage dans l'armée en espérant ne jamais être dans une situation de guerre, alors je ne m'engage pas : je parie sur l'avenir.

Être engagé, c'est donc avoir conscience du prix à payer et en assumer la responsabilité.

Un exemple. Un ami coach accompagnant des alcooliques, et soucieux de leur éviter la rechute proposa un jour à l'un d'entre eux de l'appeler si un jour l'envie de boire redevenait présente. Il n'avait pas prévu que cette personne l'appellerait à 3 heures du matin.

Dans cet exemple, le coach avait conscience de mettre en gage sa disponibilité, il n'avait pas conscience de mettre en gage sa vie familiale ou son sommeil.

A ce moment, il avait le choix soit d'assumer son engagement envers son client, soit de ne pas décrocher son téléphone afin d'assumer son engagement envers sa famille ou son besoin de sommeil.

Nos engagements, lorsqu'ils ne sont pas clairs ou même lorsqu'ils sont en contradiction les uns avec les autres, peuvent nous mener vers l'indécision, qui est, comme nous le savons bien, le paradis des saboteurs ... d'où l'importance de bien les identifier et de comprendre leur portée !

Et pourquoi pas " s'engager pour soi " ?

Nous avons parlé jusqu'ici de la notion d'engagement, et de l'engagement du coach. Il est temps maintenant de se pencher sur l'engagement du client.

Prenons un exemple. Dans cet exemple je vous parlerai de Pascal. Ce n'est bien entendu pas son prénom, mais continuons.

Nous nous sommes déjà rencontrés pour plusieurs séances. Pascal arrive et s'installe dans le fauteuil en face de moi.

Après quelques minutes passées à prendre de nos nouvelles respectives, un silence s'installe alors que Pascal me regarde d'un air interrogateur, attendant de voir ce qui va se passer comme un spectateur la moustache frémissante devant le rideau qui va se lever.

Je reste donc attentif à ce qui est présent et j'ouvre la séance :

Coach : " Ok Pascal, quel est votre sujet aujourd'hui ? Pascal : Eh bien, disons que j'ai un sentiment de vide. Coach : Vous pouvez m'en dire plus ? Pascal : Je ne sais pas. Je ressens une insatisfaction permanente, je me sens seul. Coach : Pourtant vous avez une compagne en ce moment ? Pascal : Oui, mais cela ne change rien, et quand elle est présente c'est encore pire. Coach : Que se passe-t-il à votre avis ? Pascal : J'ai le sentiment que je ne suis pas amoureux. Coach : Comment le savez-vous ? Pascal : Parce que ce n'est pas ce que j'ai ressenti les deux fois où j'ai été amoureux avant. Coach : Qu'en déduisez-vous ? Pascal : J'ai peur que ce ne soit pas la femme de ma vie... pourtant d'un autre côté, je me dis que cela pourrait être super avec elle et que c'est vraiment dommage... Coach : Qu'est-ce qui est dommage ? Pascal : Elle a tout pour me plaire, mais il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Coach : Quand je vous regarde, il me semble voir de l'agacement. Pascal : Oui, c'est cela, je suis agacé par ma propre indécision, j'aimerais pourvoir prendre une décision, j'essaye de m'investir, mais en même temps je n'y arrive pas. Coach : Un pas en avant, trois pas en arrière ? Pascal : <rires> C'est tout à fait cela ! Coach : Qu'est-ce qu'il vous manque pour prendre une décision ? Pascal : <rires> un outil de mesure ! Coach : Et cet outil de mesure, il mesurerait quoi ? Pascal : Eh bien ce serait un mètre étalon d'investissement. Coach : Et comment fonctionnerait-il ? Pascal : Eh bien il me permettrait de mesurer mes relations au sens large afin de voir celles dans lesquelles je suis vraiment investi, et celles dans lesquelles je me force. Coach : Seriez-vous prêt à expérimenter cet outil ? Pascal : <rires> pourquoi pas ! Nous allons peut-être inventer un nouvel outil et devenir riches ! Coach : Malheureusement non, car cet outil existe déjà, et en plus vous l'avez déjà sur vous. Pascal : <dubitatif> Ah ? Ça m'étonnerait... Coach : Si si, je vous assure, alors, on essaye ? Pascal : <intrigué> ok, allons-y, je m'attends au pire ! Coach : De l'appréhension ? Pascal : Oui, c'est cela, et en même temps vous m'avez intrigué. Coach : <avec un sourire malicieux> Il n'y a pas d'opportunité sans risque, vous le savez déjà. Pascal : Ah oui ! Je crois même que cette phrase est un vrai leitmotiv pour vous, non ? Coach : Oui, n'en parlez pas, c'est la recette secrète du coaching ! Pascal : <rires> allons-y, je suis impatient maintenant ! Coach : Très bien, imaginons que cet outil existe. Imaginons qu'il donne une mesure sur une échelle de 1 à 10 ou 1 serait " pas du tout " et 10 " tout à fait ". Pour plus de facilité, nous l'appellerons le " bidule ". Parlons maintenant de votre relation avec votre compagne. Sur le bidule, quelle serait la satisfaction que vous apporte cette relation ? Pascal : Aujourd'hui, 3 Coach : Par rapport à la femme parfaite, sur le bidule votre compagne aurait quel score ? Pascal : 7... ou plutôt 8 Coach : Sur le bidule, quel est le score de vos efforts dans cette relation ? Coach : Quel est le score de votre satisfaction ? Pascal : 2 Coach : Sur le bidule toujours, quel est votre engagement dans cette relation ? Coach : Enfin, quel serait le score de votre amour pour elle ? Pascal : <gêné>... Question directe... Coach : Ici, dans notre relation de coaching, c'est l'endroit du possible, je suis avec vous, sans jugement, répondez sincèrement, laissez parler votre cœur. Coach : Merci de m'avoir fait confiance, vous êtes courageux, ce n'était pas une question facile. Coach : Comment c'est pour vous maintenant ? Pascal : Je suis ému... Coach : C'est normal, nous sommes allés voir profondément en vous, et je vous félicite encore de votre courage Bien, consultons maintenant le tableau de bord du bidule... c'est-à-dire vous. Qu'est-ce que le bidule vous apprend ? Pascal : C'est étrange, j'ai l'impression de ne rien apprendre de nouveau et en même temps le bidule donne une vision très intéressante. Ce que je constate, c'est que je ne suis pas du tout engagé dans cette relation, et que cela gâche tout visiblement ! Coach : Qu'est-ce qui est gâché ? Pascal : Eh bien c'est une femme formidable et je passe à côté d'elle parce que je suis en train de me préparer à ce qu'elle m'abandonne ! Coach : Pour quoi (je dis bien " pour quoi " et non " pourquoi ") vous engageriez-vous dans cette relation ? Pascal : Pour écouter vraiment mon cœur. Coach : Qu'êtes-vous prêt à y perdre ? Pascal : Je suis prêt à " y laisser des plumes " je crois, c'est-à-dire que je vais peut-être échouer, mais je me dis que j'aurais fait tout ce qui est possible pour réussir, et que si je n'y arrive pas, alors, ce sera un choix conscient et non la conséquence d'un laisser-faire. Coach : Qu'êtes-vous décidé à gagner ? Pascal : L'amour <rires> Plus sérieusement, j'ai envie de vivre cette relation pleinement ! Coach : Je sens que vous êtes positionné maintenant, je vous propose d'en rester là pour aujourd'hui c'est ok pour vous ? Pascal : Oui, merci. "

Ce qui est intéressant dans cet exemple par rapport à l'engagement, c'est que l'on voit ici deux engagements différents : celui de Pascal d'une part dans sa relation personnelle et d'autre part dans sa relation de coaching.

Dans sa relation personnelle, c'est l'absence d'engagement qui ne permettait pas à Pascal d'expérimenter son vécu de façon satisfaisante. On peut dire qu'en décidant de " mettre en gage " sa sécurité personnelle (" y laisser des plumes ") Pascal va s'engager à vivre pleinement sa relation, et qu'il sera récompensé soit par la qualité nouvelle de sa relation, soit par la capacité de faire un choix conscient pouvant le mener éventuellement à une séparation.

Dans sa relation de coaching par contre, c'est son engagement, sa foi pourrait-on dire dans la relation de coaching, qui lui a permis d'expérimenter du nouveau. On peut dire que Pascal a mis en gage son amour-propre et ses sentiments intimes au sein de la relation de coaching, et qu'il a été récompensé par l'accueil et l'absence de jugement du coach.

Pascal a donc démontré la force de l'engagement dans le coaching, en " mettant en gage " son Moi futur, et c'est en travaillant de façon sincère qu'il a pu prendre consciemment les décisions qui modèleront sa vie future.