Magazine Humeur

Deux pièces mortelles (HAHAHA)*

Publié le 01 juillet 2012 par Jocaste
"La question pressante n'est pas de savoir si l'âme survit à la mort du corps. Elle est de savoir si elle survit à la vie du corps." Leon Wieseltier
Le laboureur de Bohême
Deux pièces mortelles (HAHAHA)*Le Transi de Ligier Richier
La file d'attente, la sonnerie, l'excitation. On choisit sa place, on fait face à ce décors troué et pentu, on patiente. Enfin, le noir. Les murmures se font rares puis s'évanouissent complètement. Silence absolu.
Sur scène, le laboureur. Damien Gouy. D'une voix forte, décidée, haineuse, il déverse son aversion pour la Mort qui a emporté son amour, son unique, sa femme.
Puis la Mort. Clément Morinière. Entre dans la lumière à chaque réplique, retourne dans l'ombre, se déplace en silence, apparaît en haut, à droite, en bas.
Outre le texte superbe de Johannes von Saaz, je suis restée subjuguée par la prestance des deux hommes. Ma préférence revient à Clément Morinière, dont le jeu, les variations de voix et la gestuelle m'ont immédiatement séduite et captivée. J'ai ri alors qu'il déclamait les pires infamies, je l'écoutais et rien n'aurait pu me distraire... Rien, pas même Antoine Besson qui descend du ciel. Il aura fallu un coup de coude de ma voisine pour que je remarque celui que j'étais venue voir.
Comme toujours, nous étions pendues à ses lèvres : nous l'écoutions bien sûr, mais nous guettions surtout avec inquiétude un faux pas : un bégaiement, un accrochage, pire un oubli ! Et puis il est si haut, il va tomber, ça va être affreux, tout gâcher et après ... Non, ouf, c'est fini, rien n'est arrivé, il était parfait.
Un texte somptueux et une mise en scène remarquable : à voir du 12 mars au 5 avril 2013 au TNP.
Deux pièces mortelles (HAHAHA)* Rick Genest

Note ce qu'il faudrait qu'il advint de mon corps
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord
Que sur un seul point la rupture
G. BrassensEgalement à voir Procès en séparation de l'âme et du corps, au TNP.
J'associerais ces deux pièces au livre de Jose Saramago, Les intermittences de la mort.

Parenthèse litté : Nouveau numéro de HYPE avec deux critiques ce trimestre, Amanalat (blog) et Olivia Tapiero avec Les murs. URL disponible ici-même très prochainement.
*Eh ouais, j'suis toujours aussi drôle.

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