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Accoucher après une menace de pré éclampsie

Publié le 07 juillet 2012 par Madameparle

Accoucher après une menace de pré éclampsie

Aujourd’hui le témoignage d’Ingrid.

Si vous voulez envoyez le votre écrivez moi à [email protected]

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Le 10 août 2009 a lieu mon dernier rendez-vous avant l’accouchement. Ce dernier mois a été plutôt pénible, il faisait très chaud et j’avais de grosses migraines. j’avais été plusieurs fois voir les sage-femmes à ce propos parce que ma tension était plutôt élevée et que j’avais lu que l’hyper-tension et les migraines ne faisaient pas bon ménage en fin de grossesse. On m’avait dit de déstresser que je me faisais du mal toute seule etc. Autant vous dire que ma confiance en moi n’était pas au maximum, alors quand j’ai commencé à la sentir bouger de moins en moins, j’ai hésité à les déranger de nouveau. II faut aussi dire qu’elle n’a pas été non plus très vive out au long de ma grossesse.
J’arrive donc ce jour-là à 14h, on prend ma tension qui s’avère encore très élevée et j’ai à nouveau le laïus selon lequel il faut que je me calme. Tout à coup, ses yeux se fixent sur mes chevilles : « oh, mais ce sont des œdèmes ça, et votre tension… mais c’est pas bon du tout ça ! » Il était temps qu’on me croit finalement, je présentais tous les symptômes d’une pré-éclampsie. Il décide de me mettre sous monitoring et nous laisse tranquilles l’Homme et moi pendant une demie-heure. Quand elle revient, elle se rend compte qu’il y a une cassure dans le rythme foetal, elle me demande si je me rappelle avoir bougé à ce moment, mais j’ai la tête complètement vide, il ne me semble pas, mais je ne suis sûre de rien. Elle décide de me décoller les membranes, je suis terrorisée et je n’ose rien dire. Elle me remet sous monitoring et va préparer le dossier. Selon elle, si je n’accouche pas avant demain matin, ce sera la césarienne. Elle revient une demie-heure après, vérifie le monitoring qui est parfait, elle s’excuse, nous dit qu’elle a peut-être fait un erreur en déclenchant l’accouchement et que ça aurait peut-être pu attendre. Moi, je ne dis rien, je préfère être prévenue, je suis à l’hôpital, je suis sûrement plus en sécurité ici qu’à attendre chez moi la perte des eaux. Elle a déjà programmé une échographie en fin d’après-midi pour vérifier la vitalité du bébé.
Elle m’emmène donc dans ma chambre. Je suis ravie de découvrir que j’ai une chambre seule et que tout le matériel est à portée de mains : la baignoire avec un espace qui fait table à langer, une salle de bains pour moi toute seule… Les affaires sont déjà dans la valise parce qu’à chaque rendez-vous depuis que j’ai des migraines, on menace de m’hospitaliser pour me mettre sous perfusion de paracétamol. A 17h30, ma sage-femme vient nous chercher pour nous conduire à l’échographie. Le monsieur qui me fait l’échographie est très désagréable mais la sage-femme est là qui me tient la main. Très vite, il apparaît que ma fille a souffert de mes problèmes médicaux : elle est beaucoup trop petite, elle ferait 2.4 à 2.6 alors qu’on est à 15 jours de la DPA, de plus, il n’y a presque plus de liquide amniotique. Moi qui était certaine d’avoir un gros bébé, c’était raté ! La sage-femme est plutôt rassurée, elle a l’impression de ne pas avoir fait de déclenchement pour rien. Je lui confie que depuis qu’elle est venue me chercher pour l’échographie, j’ai de petites douleurs en haut du bassin du côté gauche, son visage s’éclaire : ce sont des contractions bien sûr ! De retour dans ma chambre, je préviens ma famille et mes amis que je suis sur le point d’accoucher. Certains en profitent pour demander une demie-journée à leur parton pour pouvoir venir me voir le lendemain après midi !
A 20h on m’examine, rien ne laisse supposer que j’accoucherais cette nuit, mes contractions ont à peine ouvert le col et comme c’est un premier accouchement, ça peut encore durer longtemps ! Mon Homme gagne le droit de rentrer chez lui. Une heure passe et les contractions deviennent de plus en plus douloureuses. Je reste dans mon lit, je n’ai pas encore vu la préparation à l’accouchement dans mes si bien nommés cours de préparation à l’accouchement. Je n’ai pas pensé que marcher pourrait m’aider. Pendant ma grossesse, je ne me suis pas beaucoup intéressée à l’accouchement, ça ne me faisait pas peur, contrairement à la maternité en elle-même qui me terrorisait. je connaissais les termes césarienne, épisiotomie, ventouse, mais ça me passait au dessus de la tête. A 23h, je commence à douiller sérieusement, on me met sous monitoring une première fois, on ne voit pas le contractions et pourtant, il y en a ! La sage-femme revient avec un stylo : il semblerait que quand on ait si peu de liquide amniotique, les contractions soient plus difficiles à détecter, elle me donne pour mission d’inscrire moi-même mes contractions sur la bande. Pas évident de se remettre d’une contraction puis de noter sur le bout de papier, mais au bout de 30 minutes, c’est fait. Elle est assez étonnée de voir que j’ai des contractions toutes les cinq minutes et m’examine : col à 3. J’ai le sésame pour aller en salle d’accouchement. Je voudrais qu’elle prévienne mon mari, mais elle m’assure que j’ai encore le temps et que je l’appellerais de la salle d’accouchement. Je reviens donc dans ma chambre attraper mon portable et me perds dans le couloirs ! Ma sage-femme est partie préparer la salle d’accouchement et me laisse me débrouiller seule. A une intersection, je croise un jeune homme pour lui demander mon chemin. Il me regarde bizarrement, n’a pas l’air de me croire prête à accoucher mais m’indique la direction. On m’installe, me fait une perfusion de je ne sais quoi.

J’ai vraiment très mal et je ne comprends plus trop ce qu’il se passe autour de moi. Quand on me laisse un moment seule, j’appelle mon Homme qui est un peu dans le gaz, il finit par comprendre que j’ai besoin de lui et me promet d’arriver vite. La sage-femme revient et me propose la péridurale pour que je puisse me reposer un peu, il est minuit et demi et je suis bien contente qu’on me la propose. J’ai le col ouvert à 5 et je n’en peux déjà plus. Mon Homme arrive à 1h et il est vite jeté dehors par l’anesthésiste. Elle était vraiment minuscule, à tel point qu’elle marchait presque sur sa sur-blouse. La sage-femme m’aide à me mettre en position, je me recouche et je retrouve mon Homme. En me recouchant, je sens comme une envie de pousser, très puissante pour le coup ! La sage-femme en face de moi qui est celle qui m’avait accompagnée en salle mais dont la place était normalement à la surveillance des chambres me dit que je ne devrais pas accoucher tout de suite, attendre plutôt que la péridurale fasse effet. J’ai eu envie de lui dire que oui, après tout, ça pouvait bien attendre, il suffirait que je croise les jambes et puis c’est tout, mais elle préfère sortir de la pièce, elle a du comprendre que sa remarque était un peu idiote. Je reste toute seule avec une aide-soignante sans doute qui me pose des questions: est-ce que je sais si c’est une fille ou un garçon ? Et quel prénom je lui ai choisi, chose à laquelle je refuse de répondre, par superstition.

Du côté de mon Homme et du mien, le premier-né de la famille est mort pendant l’accouchement. le fait d’y penser me met dans une belle colère !

On me met en position et on m’examine, col à 8. Il est 1h30 du matin, la sage-femme éteint la lumière principale pour ne garder que celle qui lui permet de voir ce qu’il se passe. J’ai froid et envie de vomir, on donne à mon Homme un masque à oxygène à me coller sur le nez entre les contractions. Je commence à pousser, une fois, deux fois, mais rien ne se passe. Une personne me dit d’arrêter de crier, je gaspille mes forces. Le gynéco arrive, on sort les ciseaux, la ventouse, la tête est mal engagée, elle a le nez en l’air alors qu’elle devrait regarder en bas. Il me semble que la sage-femme des cours de préparation à l’accouchement avait dit que ça se produisait souvent chez les bébé qui ont le dos à droite, ce qui était le cas de ma fille. La ventouse sans péridurale, ça fait mal, mais elle finit par sortir, le gynéco s’apprête à appeler la réanimation pédiatrique au vu des résultats de la dernière échographie mais la sage-femme l’arrête : ma fille est en parfaite santé. Elle me la montre par dessus les champs stérile et, sans doute un effet de la douleur ou la péridurale qui me fait avoir des hallucinations, elle me semble toute blanche et surtout immense ! Mon premier souvenir d’elle est celui d’un bébé d’au moins un mètre de haut, sacré souvenir !

Très vite, ils me la redonnent pour un premier peau à peau. Le gynéco jette un coup d’œil de l’autre côté des champs stériles et pousse une exclamation, la sage-femme lui répond tranquillement qu’il y a eu une belle hémorragie, mais je n’y prête pas attention puisque j’ai ma fille dans mes bras. Il est 2h15 et elle est née. Mes premiers mots en tant que maman ont été : « C’est ma fille ». Je la garde avec moi le temps de la délivrance, pendant laquelle je ne sens rien tellement je suis aux anges. On me la reprend le temps de suturer l’épisiotomie. Il a fallu beaucoup de coups de spray anesthésiant pour que je ne sente rien. Elle a fini par recoudre quand même, même si je sentais tout.

Je regardais seulement ma fille se faire mesurer, peser, j’ai vu ses premiers pas, mon Homme était à côté de moi et c’était le plus beau jour de ma vie. On me la rend pour la première tétée et on reste seuls à trois pendant deux heures. Tout à coup, tous mes doutes quant à ma capacité à être mère s’envolent et je deviens maman bien plus que ce que je ne l’imaginais.


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