Magazine Journal intime

La paille et la poutre

Publié le 04 août 2012 par Anaïs Valente

J'aime sortir cette expression, la paille et la poutre.

Et pourtant, quand je la sors, j'ai la sensation de parler petit chinois.  Comme si personne ne la connaissait. 

Vous la connaissez ?

La paille et la poutre.  L'art de voir la paille dans l'œil de son voisin, en négligeant la poutre se trouvant dans le sien. 

J'aime aussi beaucoup sortir l'expression de l'hôpital qui se moque de la charité, mais ici, je parle de paille et de poutre.

Je ne supporte pas les ceusses qui critiquent sans connaître.  Genre ceusses qui disent détester telle émission, tel film, telle série, sans en avoir vu une minute, juste par principe.  Ceusses qui détestent le foie de génisse sans l'avoir goûté.  Ceusses qui me détestent sans avoir tenté de me connaître.  Détester, ok, mais en justifiant son choix, ma bonne dame.  Et alors, pitiez, quand ceusses qui détestent disent qu'ils détestent, je leur saurais gré de dire "je trouve ça nul, moche, con", et pas "c'est nul", "c'est moche", "c'est con".

Les goûts et les couleurs hein…

Bref, comme disait Canal+, je déteste cela.

Sauf que je fais cela.

Ah ah ah.

Parfois, du moins.

La paille et la poutre, je vous dis.  Vous comprenez le titre du billet, maintenant ?

Et si vous comprenez pas, j'ai un exemple concret, frappant et éloquent, qui m'a sauté aux yeux aujourd'hui.

Depuis toujours, je déteste François Damiens. François l'embrouille.

Sans raison.  Il ne me revenait pas, tout simplement, mais sans que je ne me l'explique.  J'avais dû l'apercevoir deux secondes ici ou là, entendre quelques phrases de sa bouche, voir l'une ou l'autre photo et je n'en suis même pas sûre en plus.

Je l'avais catalogué GCDMPDAAREEV en un tournemain (gros con débile même pas drôle à l'accent ridicule et l'œil vitreux).

J'ai ensuite pu l'observer un chouia plus dans L'arnacoeur, ce qui n'avait fait que conforter mes apriori.

Et puis je l'ai vu sur TF1, lors d'une interview, avant la sortie de La délicatesse.  Et je l'ai trouvé formidable.  Sensible.  Drôle.  Touchant.  Immédiatement, j'ai eu envie de voir le film.  Les acteurs comiques sont souvent formidables dans des rôles plus paisibles, j'ai pu le constater avec Michel Blanc, Benoît Poelvoorde et maintenant François Damiens.

J'ai vu La délicatesse, donc, et j'ai adoré.  Ça a confirmé ma théorie sur les acteurs comiques formidables rôles paisibles blablabla.

Et comme j'évoquais avec quelqu'un ce rôle atypique que joue François Damiens, acteur que, souvenez-vous, je détestais sans raison, on m'a parlé des caméras cachées qui ont fait son succès, que, sans les avoir jamais vues, je trouvais débiles et vulgaires. 

J'ai donc décidé d'en regarder quelques unes.  Et je me suis bidonnée, mais bidonnée, comme un bidon d'huile de coude (cherchez pas à comprendre, chuis fatiguée).

La morale de l'histoire, made by Anaïs : maintenant, j'aime François Damiens.  Et je sais pourquoi.

Avant je l'aimais pas.  Mais je savais pas pourquoi.

C'était la fable de la paille et la poutre.  Et je jure, mais un peu tard, que plus jamais je ne détesterai quelqu'un ou quelque chose sans raison valable.


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