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Enjeux olympiques

Publié le 12 août 2012 par Guillaumemeurice

Enjeux olympiquesDans le stade, le suspens est insoutenable. Le regard des peuples des cinq continents et ceux des caméras de télévision du monde entier sont braqués sur l’événement majeur de cet été 2012. L’humanité se prépare à enfin à ne plus ignorer quel est le type capable de lancer une boule accrochée à une chaîne plus loin que les autres. Ni quelle fille moulée dans un justaucorps à paillettes fera tourner le plus élégamment un cerceau sur son genou. Ni quel héros fera retentir l’hymne national de son pays, bombant le torse sous les larmes de ses condisciples réalisant à grand peine le cynisme de l’humoriste Pierre de Coubertin et de sa fameuse citation : L’essentiel est de participer.

Car l’essentiel réside bien évidemment dans le fait de gagner. Dans le cas contraire, il existerait autant de médailles que de participants et le dopage serait perçu comme une tentative de suicide par voie médicamenteuse ; reléguant le sprinter Ben Johnson au rang d’adolescente dépressive. Gagner ou, au pire, monter sur le podium. Cet étrange escalier à trois marches, menant uniquement à la couverture du journal L’Équipe.

S’il était uniquement question de participation, il n’existerait aucun classement par nation. Cette étonnante hiérarchie nous permettant d’apprendre que cette année encore, la Chine obtient de meilleurs résultats que le Lichtenstein. Sans jamais prendre en considération le nombre d’habitants des différents pays, ni celui des compétiteurs engagés. L’équivalent d’organiser une compétition d’haltérophilie entre un top model anémique et un bucheron anabolisé. Deux poids, deux mesures.

Enfin, si l’essentiel était réellement de faire acte de figuration, quel fabricant d’instruments d’évaluation du temps prendrait encore la peine de produire des modèles de plus en plus performants pour départager les ex aequo ? Sans ces chercheurs et ouvriers anonymes, que serait le nageur Nathan Adrian, déclaré vainqueur d’un centième de seconde, c’est à dire de quelques millimètres, d’un ongle (négligemment entretenu) ? Avons-nous déjà entendu de sa part des remerciements à l’endroit de ces professionnels de la maitrise technologique, seuls à repousser véritablement les limites du chronomètre ?

Plus vite, plus haut, plus fort se veut la devise d’une compétition internationale qui demeure également plus glamour que le concours de tir interminable en Syrie, plus facile à comprendre que la partie de racket de l’affaire Karachi, plus gracieuse que le plongeon synchronisé des économies européennes.

Ceci expliquant certainement l’engouement médiatique destiné à émouvoir le peuple. Celui que quelques empereurs romains estimaient uniquement friand de deux éléments : Du pain et des jeux. Plus de 2000 ans après, force est de constater que la civilisation est restée bloquée… à ce stade.

Guillaume Meurice

12/08/2012



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