Le cinoche a Jules - Entre le ciel et l’enfer

Dans l’inconscient collectif, les films de Kurosawa sont principalement des films de Samouraïs. C’est oublier un peu vite que le maître japonais a œuvré pour différents genres avec tout autant de brio, comme le polar avec le film qui nous intéresse ici.

Entre le ciel et l’enfer est adapté d’un roman d'Ed McBain et démarre d’un postulat simple mais diablement efficace : que feriez vous si, riche industriel sur le point de faire une grosse opération financière, on vous apprend par téléphone que votre fils vient d’être kidnappé contre une forte somme d’argent ? Vous êtes tenté de le payer bien sûr ! Mais que se passe t’il quand vous découvrez que l’enfant en question n’est pas le vôtre mais celui de votre chauffeur ?

Tourné en 1963 et en noir et blanc Entre le ciel et l’enfer est divisé en deux parties distinctes. La première est un huit clos étouffant où chaque personnage savamment disposé dans le cadre, met en scène le dilemme moral du personnage principal, toujours admirablement interprété par Toshiro Mifune. La deuxième partie, la traque minutieuse du kidnappeur, pourrait constituer le squelette de tous les films policiers qui suivront.

Avec sa construction implacable et sa mise en scène proche de la perfection Entre le ciel et l’enfer est une troublante réflexion sociale sur la soudaine résurrection financière du Japon d’après guerre. Les contrastes y sont exacerbés, les nantis sont filmés comme cloisonnés et coupés du monde alors qu’une multitude vit terrée dans l’obscurité, comme cette scène très impressionnante des bas fonds où les drogués sont filmés comme des zombies.