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1912: L’exposition du Sonderbund ... 2012

Publié le 03 septembre 2012 par Perceval

 L’événement de l’année 1912 restera sans conteste le naufrage du Titanic et ses 1500 victimes, qui marqua l’esprit de ses contemporains. C'est aussi : l’avènement de la République en Chine et l’indépendance de l’Albanie.

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En 1912,également, se tenait à Cologne l’exposition du Sonderbund, une des expositions les plus importantes du XXe siècle, aujourd’hui entrée dans la légende.

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Elle rassemblait un ensemble exceptionnel de plus de 650 œuvres de Cézanne, Cross, Gauguin, van Gogh, Picasso, Macke, Munch, Nolde ou Schiele, l’événement laissait, tant par la quantité que par la qualité des œuvres exposées, littéralement « bouche bée ». A une époque marquée par le conservatisme du régime impérial, l’exposition du Sonderbund s’apparenta à une révolution et devait constituer une étape décisive pour l’art moderne Outre-Rhin.

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En 1912, les oeuvres sont évidemment déconcertantes pour des visiteurs qui sont encore, pour certains, attachés au réalisme sombre fin XIXe... Déconcertante aussi, la façon de les montrer, tout sauf pompeuse ; et l'idée même d'une telle manifestation.

Six cent cinquante œuvres... ! Cent vingt-cinq Van Gogh et les trente-six Munch … pour affirmer de la façon la plus appuyée qu'ils sont les inspirateurs des expressionnismes en Allemagne - les groupes Die Brücke à Dresde, Der blaue Reiter à Munich, les peintres de Düsseldorf.

Gauguin et Cézanne sont eux aussi en valeur, la raison est cette fois française : sans eux, impossible de comprendre les nabis et les fauves. Or le " Sonderbund ", très clairement, développe un éloge de l'art contemporain français considéré comme le plus expérimental et le plus audacieux. Cette orientation a suscité des protestations ultrapatriotiques et xénophobes, bien peu surprenantes dans le contexte politique du temps.

La manifestation est en effet et sans la moindre équivoque internationaliste et antinationaliste. Si elle insiste dans son titre sur son côté Westdeutscher (rhénan), c'est pour s'opposer politiquement à Berlin, à la Prusse, à un empereur qui proteste contre la place selon lui excessive faite aux peintres français à la Nationalgalerie de Berlin. A Cologne, le parti pris est exactement à l'inverse : Signac, Cross, Denis, Matisse, Derain, Girieud, Vlaminck, Braque sont présents et la place qui leur est réservée dans le parcours démontre que la modernité est principalement de naissance française. Et qu'elle se diffuse dans l'Europe entière.

La vie artistique du moment est proliférante, sans frontières, indifférente aux patriotismes bellicistes, entraînée dans le flux des avant-gardes. C'est le temps où le Russe Morosov vient acheter des toiles de l'Espagnol Picasso à Paris auprès de l'Allemand Kahnweiler, alors que son compatriote Chtchoukine passe des commandes d'oeuvres monumentales à Matisse.

Chacun est alors absolument convaincu que l'art se trouve au début d'une ère différente et que tout est possible. Deux ans après, le pire devenait réel.

Extraits d'un article de Philippe Dagen «  Le monde » sept2012

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Aussi, est-il impressionnant en cette rentrée 2012 que ce rendez-vous organisé par le Wallraf-Richartz-Museum de Cologne .... L’institution s’est donnée pour mission de reconstituer l’une des plus marquantes expositions du XXe : la légendaire Sonderbund,

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qui s’est tenue il y a pile un siècle dans la ville allemande. Petite révolution muséographique (accrochage linéaire et guide du visiteur) et grande concentration d’avant-gardes, elle reste une référence dans l’histoire des expositions internationales. Ici, les superlatifs ne sont pas de trop. Le défi est de taille, et semble avoir été remporté largement. Sur les 650 œuvres présentées en 1912, l’équipe du musée est parvenue à en rassembler 120 appartenant aux divers courants du début du XXe siècle : post-impressionnisme, expressionnisme ou cubisme. Et cerise sur le gâteau, le musée a pu bénéficier du concours de quelques généreux collectionneurs qui ont bien voulu prêter des œuvres de Picasso, Munch ou Nolde présentées pour la première fois depuis des décennies. A voir absolument. 

C'est à COLOGNE - « 1912. Mission moderne » au Wallraf Richartz Museum, du 31 août au 30 décembre 2012

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A noter, pour l'actualité prochaine des expositions:

- PARIS - Edward Hopper au Grand Palais , du 10 octobre 2012 au 28 janvier 2013

- PARIS - Salvador Dali au Centre Pompidou, du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013

- BILBAO - Egon Schiele au Guggenheim, du 2 octobre 2012 au 6 janvier 2013

- LILLE - Bosch, Brueghel, Bles, Bril au Palais des Beaux-Arts, du 6 octobre 2012 au 14 janvier 2013

- BOUSSU (Belgique) - Art et science-fiction au Grand-Hornu, du 18 novembre 2012 au 17 février 2013 ( On y retrouvera  les artistes Larry Bell, Lucio Fontana, Dominique Gonzalez-Foerster,  João Maria Gusmão & Pedro Paiva, Anish Kapoor, Mike Kelley, Kasimir Malevitch ou Chris Marker. )


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