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Lou Doillon aurait-elle enfin trouvé sa voix?

Publié le 06 septembre 2012 par Routedenuit

“Et voilà qu’elle chante.” Cette formule, que beaucoup d’autres ont étrenné avant elle, n’est en rien applicable à Lou Doillon, qui sort cette semaine son premier album intitulé “Places” – onze morceaux produits grâce à la bienveillance et l’envie d’Etienne Daho, qui l’a poussée à franchir le pas de l’enregistrement. Des chansons, Lou Doillon en écrit depuis huit ans sur les tournages ou en quittant les podiums. Actrice, modèle, on ne l’attendait pas sur ce terrain même si sa demie-soeur Charlotte (Gainsbourg), même si sa mère Jane (Birkin)…

Le premier extrait, ICU (I see You), dévoilé il y a quelques temps sur le site des Inrocks, nous avait mis l’eau à la bouche. Un piano lancinant, des percus discrètes mais efficaces, une mélodie envoutante et surtout… une voix. Une vraie voix, un vrai timbre, et une vraie présence dans les morceaux. Dans ce disque de Lou Doillon, les arrangements ne sont pas là pour camoufler quoique ce soit. Ils la mettent en valeur. Elle maîtrise ses élans, ainsi que les subtilités de son grain. Tout cela témoignant de son envie de sortir le disque d’une chanteuse, pas celui d’une actrice, comme certaines l’ont fait avant elle et qui ont contribué à forger le syndrome.

Lou Doillon chante en anglais. Les textes sont autobiographiques, elle livre ses propres mots, ce qui donne un certain poids à sa démarche, l’éloignant a priori d’une quelconque posture. On pense à Karen Dalton, pour cette brisure dans la gorge, à Cat Power pour la langueur et la délicatesse des mélodies.

Il y a certes de belles réussites dans ce disque, comme Same Old Game, Questions and Answers ou encore Places. Mais il y a aussi quelques inaboutissements. Sur le morceau Places justement, elle pose les jalons de quelque chose de plus nerveux, plus violent, moins dans le contrôle. Et ça lui réussit parfaitement. Du coup, on regrette de ne pas l’entendre davantage dans ce registre moins conventionnel en terme de structure, mais plus prompt à la prise de risque, donc à la démarcation. Avec ce premier album, elle s’est prouvée qu’elle avait les armes et l’habit. Et probablement les moyens d’aller encore plus loin dans l’expérimentation.



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