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Publié le 08 septembre 2012 par Emia

1.

Bonjour

Quel jour sommes-nous ?

Quel temps fait-il ?

Comment t’appelles-tu ?

As-tu un nom ?

Qui te l’a donné ?

Où es-tu ?

le dedans est le dehors : S’il te plaît

parle-moi du temps qu’il fait

2.

… Ensuite on sait

l’île. Le dos noir

de la tortue, les dagues ventées de noir –

voici la fermeture de l’île.

Le port, un buste de Chirico

Le port. L’eau-peau

ondule. Des rumeurs encensent

les coteaux poivrés ; arbres, ifs,

et orgues -

3.

Le matin se lève sur la ville

Le matin se lève l’image m’échappe

Le ciel couperosé

Les ronds que dessinent mon stylo

Douze milliards d’yeux

Mais aucun regard excepté le mien

Hic et nunc

Le jour si beau déjà perd tout son sang

4.

Les cris de joie

La pulsation du ruisseau sur les pierres

Le soir venu

L’haleine de la déesse se répand

dans les sous-bois :

Je suis la différence entre le bien et le mal

Si je me retourne

La lune verte se déverse dans un bruit de pierres

5.

J’ai traversé le pays des monts de glace,

Longé le lac des mille miroirs aveugles

Où les oiseaux disparaissent, gens de papier

sur les plages, immobiles,

nourrissant des feux de cailloux

J’ai vu l’arbre retourner à la terre

et le soir une porte se fermer

jusque sur mes yeux,

L’œil chevauchant l’aile

l’aile parfumant tout ce qu’elle voit

6.

Le pays est immense.

il contient toute ma vie

j’en connais les confins.

la nuit l’emplit entièrement.

Ses teintes varient : chocolat, velours, café,

néon, blanche.

Un soleil neurologique s’abîme parfois

à la limite

où logent les pieuvres, les cachalots,

Lucifer.

Car j’aiguise ma lame.

au milieu des sables,

mon foyer.

L’Amant donnes des escarbilles de silence

en gage.

7.

J’ai vu le grand océan

la terre brune et la tortue

respirer de concert :

La tête blanche  m’a soufflé

sa cachette

sous la paupière,

sous le drap du sommeil

à nouveau

l’océanique vertu.

8.

La nuit

la forêt éponge

les fluides superflus,

le sang

les épices

l’or.

Bleu-nuit envahit les branches.

Des yeux de lait

nagent entre nos membres.

9.

La mort va s’étendre

sur les pentes arides

de tout son long

le  ciel m’enroulera dans sa peau noire

10.

A présent

les montagnes vertes se replient,

et le ciel fond comme du beurre

le pain des routes,

la rosée, le sucre

composent un pays délectable.

La maison merveilleuse ;

La lampe ;

L’oreille interne

Le parquet de bois précieux

Des escarpins qui sentent la vanille

- ma main,

goutte à goutte.

11.

J’ai perdu le Nord

en mer, au large des côtes,

l’immensité me contemple

et je sombre

de l’autre côté du rêve

où m’attendent les feux de la Géhenne,

les doigts tranchés du désir.

Pensifs au fond de l’océan

Ses yeux doucement se balancent

12.

La mort de Béatrice

le Rêve – la Mort

I want to fuck you, Bé – a – tri – ce

Il serait nu couché

la musique viendrait à nous

comme une tierce amante

Nous boirions du brandy

en tremblant de plaisir

l’extase serait longue et lente.

Puis le matin monterait comme un râle

nous pressant de partir,

cendres capricieuses au vent.

13.

Une jeune fille

aux chairs roses et rectangulaires

se cabre

dans le pré fleuri

Le fleuve ! crie l’oiseau

La cicatrice

déverse sa houle noire

14.

De l’autre côté de la montagne

le fleuve s’écoule encore

en direction de la Mer.

Au ciel

luisent les arachnides,

les villes étincelantes,

les ports,

les cornes des navires :

« Ne pouvons-nous

mieux dire

qu’une poupée bavarde

dont les prothèses fardées

transpercent inlassablement

le périnée du Poète ?

Point d’autre compagnie

que celle de nos fantasmes !

Fleurs et fruits gantés

chapeautés bottés

qui déambulent dans le jardin d’Eden,

nagent dans les fontaines,

reposent à l’ombre des tilleuls »

15.

Ce soir j’ai

regardé par la fenêtre

observé la nuit l’hiver

le torrent charriant cymbales

le gel violet pénétrer

l’ossature du monde

Le cheval mort

la vieille couche

le matelas tendu d’une peau de bête mitée

une tête de cheval entre les oreillers blanc cassé

ma figure

un bras par la fenêtre.

16.

Le sentier muet

le ciel muet

l’arbre qui n’existe plus muet

le mort muet

le caillou blanc muet

l’ongle du doigt muet

le visage qui ne rappelle rien muet

la feuille muette dans l’air

du temps le vent muet

17.

Ah mon Amour

J’ai été réveillée en pleine nuit

la lune au-dessus des toits

le parfum du détergent

« Pivoine charismatique »

m’ont tiré de mes rêves

Ah mon Amour

j’empoigne les draps frais

les assiettes creuses

les poupées de porcelaine

qui n’ont plus de anse

Tu n’as jamais existé

Je n’ai jamais dormi

J’ai rêvé d’une lumière blanche

qui s’épanchait en moi

18.

La Nuit avance

Il est toujours couché

bleu-violet

sur le carrelage

dans une flaque d’eau tiède

Fleur d’oranger

Une musique ancienne

passe sous la fenêtre

Sa main rouge

étreint la lumière

19.

La solitude du frigo

la nuit

sans la cuisine.

La vaisselle dans l’évier

sous un rayon de lune.

Le savon glaireux – l’attente déchue des choses.



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