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Le tube d'il y a dix ans : Vanessa Carlton - A Thousand Miles

Publié le 17 septembre 2012 par Vinsh


L'ironie a voulu que, pour la postérité, cette chanson finisse en illustration d'une pub pour les céréales Spécial K, mais en 2002, c'était l'une des dix chansons les plus jouées en radio sur l'année. Et quelle étrange fraîcheur, dans le paysage pop qui se cherchait alors une Dido de substitution (en attendant le second album de cette dernière, un an plus tard), que de voir une jeune femme de 22 ans débarquer sur les ondes mainstream sans avoir besoin de revendiquer une veine rock ou un son teen pop en montrant son nombril, ses seins ou son majeur tendu. Là où toutes les autres étalaient généreusement sur leur image lisse l'une des palettes de clichés supposés convenir aux femmes dans la musique pop (la pouffe, la rockeuse, la féministe rebelle, la jeune fille en fleur aspirant à la romance, la hippie indie, la songwriteuse de choc...), Vanessa Carlton n'aura été qu'une brève représentante de l'easy-listening, peinant par la suite à exister par elle-même ou à travers des chansons écrites pour d'autres.
Car si "A Thousand Miles" a semblé tout balayer sur son passage, il n'en aura pas été de même pour son successeur, le méconnu "Ordinary Day", qui a cruellement renvoyé la jeune Vanessa à son statut de one hit wonder.

Et depuis ? Bah comme bien d'autres : plus grand-chose. Enfin, si, bien sûr : trois albums, sortis dans une globale indifférence du grand public, dont un en 2011. Un quatrième prévu en 2013. Un peu comme une Kate Nash, une Heather Nova, une Beverley Craven ou une Titiyo, un hit single et puis s'en va, même si elles ont su conserver une maison de disque et sortir des albums discrètement par la suite.
Ce qui signifie probablement que, à l'échelle d'un public plus restreint, ces filles-là réussissent à vendre quelques disques et à faire des tournées discrètes des petites salles après leur smash... et que leurs labels ne leur en tiennent pas rigueur, tant qu'elles bossent et qu'elles gardent un public à peu près fidèle. Et puis, je suppose que les labels n'attendent pas la même chose, en termes de vente et de visibilité médiatique prolongée, d'une Jessica Simpson ou d'une Vanessa Carlton. Avec l'une, on a un produit marketé pop-people qui doit intéresser suffisamment le public pour faire vendre des magazines ou des concerts (lol), tandis qu'avec l'autre, on a quand même l'impression de vendre de la musique. Certes, de la musique consensuelle à mort, mais quand même. La preuve, dix ans plus tard, la mélodie accrocheuse du piano de Vanessa lui permet de toucher des royalties en vendant des céréales lyophilisées aux independent women qui ont un peu d'embonpoint et la flemme de faire du sport (comme je les comprends).
Finalement, les pouffes ont plus de pression sur les épaules pour garder leur maison de disques. C'est moche. Regarde Ophélie Winter : aujourd'hui en France, elle vend probablement aussi bien que Vanessa Carlton (c'est à dire euh... vingt disques par an ?), mais comme elle était la super star slut des ados qui lisent Star Club et que le public l'avait assimilée à une sorte de poupée gonflable sympa qui chante, bah elle avait intérêt à se maintenir sur tous les fronts si elle ne souhaitait pas se faire virer par son label : diffusions radios, diffusions de clips en TV, visibilité en presse people, clics, requêtes Google sur ses seins, etc. Ophélie devait finalement remplir les conditions d'un cahier des charges bien plus fourni que celui de Vanessa, à laquelle on demande finalement simplement de s'asseoir dans sa chambre et d'écrire des balades gentilles.
C'est à peu près la seule explication que je vois au fait que la carrière de Vanessa Carlton n'ait pas encore atteint le point mort à l'heure qu'il est, elle dont le dernier album n'a même pas réussi à percer le top 60 des ventes aux U.S. en 2011, et qui pourtant s'apprête à en sortir un nouveau.
Comme quoi, même dans la chanson, il vaut mieux avoir un plan de carrière avant même de se lancer, si tu ne veux pas que ton employeur te jette un jour à la figure ton statut d'ex-strip-teaseuse pour ados fans d'American Pie qui ne fait plus bander les ventes de singles.

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