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Albophobie : Mythe ou réalité ? Ne dites plus jamais “Gaulois” si vous êtes noir.

Publié le 27 septembre 2012 par Menye Alain

Tribune Libre de Jean-Jacques Dikongue

Jean-François Copelovici alias Copé

Jean-François Copelovici alias Copé

Il y a exactement 4 ans et 20 jours, sentant les effets dangereux de la surexposition aux rayons des lumières, je tenais cette réflexion : L’albophobie est-elle une donne chez le noir ? Réflexion qui s’inspira des brillantes tirades philosophico-sociologique des grands pensants de notre époque. Le temps a permis de mettre en évidence le caractère nocif de cette surexposition métastatique à ces lumières… Les métastases ne sont plus localisées dans un coin précis, elles se déplacent, elles deviennent incontrôlables mieux, décomplexées. L’une d’elles pourrait porter le nom « Copé ». Un ersatz de métastase qui voudrait ravir la palme ou qui s’insère dans la droite logique de sa cellule mère ? Le député-maire de Meaux a décrété que dire Gaulois est un acte d’albophobie. Peut-on déporter euh…réduire au rang de racistes toute une catégorie d’individus pour l’utilisation d’un mot qui pourtant correspond à une réalité? Les autres l’ont pensé, Jean-Francois Copelovici alias Copé l’a réalisé.

Peut-on entrevoir la question de discrimination « raciale » ou précisément du racisme anti-blanc chez les noirs comme on aborderait celle de la négrophobie ? Depuis que le juif philosophe Alain Finkielkraut (comme il se définissait lui-même à une époque) a solennellement lancé le mouvement, l’idée a fait du chemin et trouve un certain écho parmi les Nostalgiques. Celui qui déclarait en Israël dans le journal Haaretz que : « Les juifs de France n’ont d’avenir que si la France reste une nation ; il n’y a pas d’avenir possible pour les juifs dans une société multiculturelle, parce que le pouvoir des groupes anti-juifs risque d’être plus important »», validait l’idée d’un racisme des non blancs à l’endroit des blancs par une pétition en 2004 en France. Lorsque l’on analyse la rhétorique du philosophe, on sait d’emblée qui sont visés par cette sortie, tant le philosophe à l’endroit de sa cible, n’est pas du tout avare…

Mais derrière cette attitude, la question qui nous interpelle est de savoir si : Celui que l’on désigne noir, nègre, bougnoule est-il albophobe par réaction ou alors éprouve t-il naturellement/culturellement l’envie d’inférioriser ou de denier toute humanité à son alter ego blanc ? En réaction aux actes et propos de rejet auxquels il a toujours fait face, une littérature négrophobe qui a justifié sa mise en esclavage, la colonisation de l’Afrique, le fait que le noir se refuse dorénavant à se regarder dans le tableau peint pour lui par les autres, le rend t-il albophobe à l’image par exemple de :

Carl Vogt« Transmettre aux autres nations les avantages qui contribuent à notre propre renommée est le seul moyen de légitimer leur possession. Nous devons aux races inférieures les bienfaits et les consolations de la civilisation.» Ou d’un Louis Agassiz qui affirmait à propos des noirs : «Comment pourrions-nous exterminer le stigmate d’une race inférieure si nous commençons par permettre à son sang de se mélanger sans entrave à celui de nos enfants ? ». Ou celle de Victor Hugo à propos de l’Afrique : « Allez, peuples, emparez-vous de cette terre Prenez-la. A qui ? A personne ! Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes. Dieu offre l’Afrique à l’Europe Prenez-la ! ». Ou encore Alfred Michiels qui affirme : «la plus stupide, la plus perverse, la plus sanguinaire des races humaines,…., la couleur noire, la couleur des ténèbres, est vraiment le signe de leur dépravation ».

A la lumière de ces déclarations est-il intellectuellement honnête de parler de l’Albophobie des noirs alors que des recherches sur la théorisation de la notion de race, de son hiérarchisation et de l’infériorisation de l’individu blanc par le noir ne donnent aucun résultat. Il n’est pas questions ici des déclarations tenues ci et là au-détour de quelques manifestations et même dans ce registre encore, on pourrait faire un déballage d’éminentes personnalités sur la place publique telles que le Nobel de médecine Watson qui estime que les noirs sont moins intelligents que les blancs. Rappelons que parler de races humaines encore aujourd’hui relève d’un pur fantaisisme ou d’une pathologie de la part de ceux qui veulent expliquer une avancée technologique sur le fondement de la race.

La véritable question sur l’albophobie ou sur la négrophobie ne devrait-elle pas essentiellement porter sur la théorisation des concepts des races humaines et non sur des comportements et/ou déclarations individuels même si ces éléments peuvent être ou sont révélateurs d’un état d’esprit ? Peut-on dire que le noir a fait la théorisation de la problématique des « races ? Mieux, en a-t-il fait (si on en trouve) pour l’infériorisation voire la bestialisation du blanc ?

Des différents échanges observés ci et là à travers des forums de discussion parcourus, on acquiert la nette impression que : ce que les Nostalgiques* appellent racisme anti-blanc, correspond et c’est bien comme cela, à la fin de leurs petits privilèges, dont le premier et le plus important à mes yeux était l’émerveillement, l’adulation voire l’adoration, que le noir, dans une très forte proportion, vouait au blanc, conséquence d’une idéologie savamment orchestrée et déployée par ses penseurs. D’ailleurs une réflexion avait attiré mon intention : « Ils ne nous respectent plus, ils nous résistent maintenant ; décréter l’égalité des races est une mauvaise chose pour nous »

Le complexe d’infériorité, conséquence des affres de l’esclavage puis de la colonisation, en passant par des clichés dénigrants qui continuent somme toute à circuler dans les médias et autres supports qui alimentent cette idéologie, a conduit à une perte de son identité par le noir, qui ne se voit qu’à travers le paradigme de l’autre, tout en sachant qu’il n’y est pas accepté pour autant. Du sadomasochisme identitaire. Des automatismes et mécanismes se sont installés dans les deux sens. D’ailleurs sans que le blanc ne l’exige, à sa vue, le noir tout naturellement se sent obligé de se faire petit-nègre, en face, son alter ego blanc attend de lui cette attitude et se sent davantage investi d’une supériorité toute aussi naturelle. Un petit exemple illustrant cette attitude est palpable dans le tutoiement facile et quasi systématique du blanc à la vue du noir, pendant que ce dernier se cramponne au vouvoiement; on pourrait ainsi multiplier des exemples. Ce n’est un secret pour personne que les mauvaises habitudes ont la peau dure.

Les temps changent !

Une autre intervention lue dans un forum disait à propos des rapports entre noir et blanc que ce n’est pas le taux de mélanine entre nous qui fait la différence, mais la mentalité, confirmant en quelque sorte une conviction qui habite de nombreuses personnes. Constant auquel, j’ajouterai l’éducation aussi. Oui ! L’éducation que nous recevons nous forge, façonne notre mentalité et nous conditionne dans nos rapports avec l’autre. Les considérations que les uns ont des autres ne sont donc que ce que l’on nous inculque dans les chaumières. C’est elle qui nous apprend le mépris ou de la considération pour les autres, fait de nous des albophobes ou des négrophobes etc.

Le professeur Théophile OBENGA parlant de ces rapports affirme ceci « Je respecte l’Occident, je fais des affaires avec elle mais contrairement à d’autres je ne le fais pas comme un soumis, un nègre esclave incompétent qui a peur de l’Occident, qui est complexé et qui a un sentiment d’infériorité. C’est fini tout cela, s’il faut traiter avec elle, nous devons le faire d’égal à égal. » Cette phrase traduit la mentalité, l’état d’esprit qui aujourd’hui habite le noir, dans son travail de changer la nature de son rapport avec l’autre. Un travail de démythification, de démystification corollaire d’une accumulation d’injustices à répétition, de mépris constant, de rejet systémique qui ont fondé l’essentiel de leur rapport. A l’aune des déclarations des uns et des autres, il n’est pas, sans être dans la rancune, injustifié de dire que de tout temps, l’attitude du Nostalgique vis-à-vis du noir est celle de la négation, de déni d’humanité. Cette négation entraînant chez le noir le rejet de sa propre personne, de sa propre identité, de son référentiel de base, de son histoire.

En Europe et aux Etats-Unis et dans une certaine mesure en Afrique une certaine jeunesse noire ose maintenant plus qu’hier, avec fierté, s’inspirer, étudier les travaux de grands faits par des noirs. Non dans le but de faire du racisme à l’envers, mais pour s’approprier son identité. Les africains étant au regard de l’histoire, des individus culturellement métis. Ce métissage qui est signe de richesse est paradoxalement aussi source de la perte de son identité. Donc l’approche afrocentriste des connaissances ne saurait être le refus, ni le rejet des autres, mais plutôt une meilleure connaissance de soi, par son histoire et ses propres historiens pour un meilleur rapport avec les autres. La démarche est tout le contraire en face chez le Nostalgique. Il est impératif pense l’idéologue blanc, pour le noir d’assimiler, d’intérioriser non pas dans le but de sensibiliser à l’attitude négrophobe, de déshumanisation, d’ensauvagement des gens comme Victor Hugo, Voltaire, Deslozières, Montesquieu, Hegel, Vacher Lapouge, Louis Agassiz, David Hume, Georges Cuvier, Georges Buffon, Ernest Renan etc. (1) mais, de créer un rapport d’adoration, d’idolâtrie vis à vis de cette idéologie avilissante en présentant ces individus comme des humanistes universalistes à qui le noir doit sa liberté et reconnaissance comme nous enseigne un certain courant de pensées dit des lumières.

Encore aujourd’hui, les youloulous et les yalalas et autres scènes de joie qui accompagnent par exemple un Jacques Chirac, un Sarkozy Nicolas, un Rocard Michel ou un Kouchner, Brice Hortefeux lors de leurs déplacements en Afrique, montrent le degré de conditionnement et d’aliénation dans lequel l’africain reste plongé de son plein gré ou de force. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cela parmi lesquels :

1- le premier, un système scolaire [de la maternelle à la classe de Terminale] qui fait l’apologie de la culture que nous qualifieront de « blanche », les auteurs africains relayés au rôle de bouche trous. Un système scolaire autodestructeur pour ne pas le qualifier de génocidaire.

2- La seconde, une éducation reçue des parents influencée par le mythe du blanc. Combien de fois, lorsque plus jeunes, nous éprouvions le sentiment de supériorité lorsque nos actes étaient valorisés par « Il a fait cela comme un blanc », « il est un blanc », « le blanc est un dieu »….Le qualificatif de « blanc » affublait nos actes et désignait notre accès à la civilité, à l’héroïsme, à l’intelligence.

3- La religion et son iconographie. Un Satan noir et un dieu ou jésus blanc pour rappeler au noir à qui il doit son salut ornait des murs d’églises.

4- La troisième est la répression sanglante qui force les individus à orner les rues dans l’attente du prestigieux invité venant d’Europe ou d’ailleurs. Un dévoiement total de l’hospitalité à l’africaine. Là ou l’indignation devrait s’exprimer, c’est la danse, les scènes de joie et les applaudissements qui s’expriment.

5- Les dépendances économiques de nos pays. Chaque grand projet qui n’est financé finalement que par un tel pays de « blancs » ou un autre etc.

Naissance de la rébellion intellectuelle

Une forme de rébellion contre soi même d’abord et contre l’idéologie de l’autre ensuite, du fait du poids des rapports de leur longue histoire commune est en marche. Une espèce d’impertinence du Noir, un changement de repère et de regard qui ne sied guère aux idéologues Nostalgiques voyant leurs privilèges fondre comme neige au soleil. Le référentiel mensonger et aliénant du Nostalgique devient objet de risée, de rejet et de mépris chez le Noir, parce que tissus d’approximations, de contre vérités, de délires négrophobes comme l’illustre « négrologie » d’un journaliste français. Le noir semble, par cette attitude d’acquisition de connaissances de son histoire, de rejet des mensonges idéologiques placer son alter-ego blanc face à un miroir dont l’image lui est insupportable à voir.

La docilité légendaire, l’obéissance aveugle, la pseudo passivité intellectuelle du noir font place à une prise de conscience de ses propres capacités, de sa capacité à dire NON quand il le faut, à valoriser objectivement ses racines pour y trouver les ingrédients de son identité, à refuser l’aliénation dans laquelle on l’a contraint, à récuser le jugement fantaisiste et fallacieux des Nostalgiques qui, aujourd’hui encore, parlent à sa place même lorsqu’il est présent. A la peur de ce nègre que Aimé Césaire qualifiait de « comique et laid » s’est substitué le nègre armé de science jusqu’aux dents comme le recommandait Cheikh Anta Diop. Le génocide intellectuel basé sur l’enseignement de la négation de sa personne est entrain de périr, mêmes si quelques singeries continuent de subsister chez certains.

Le racisme anti-blanc au secours des Nostalgiques !

Cette perspective ne sied pas aux Nostalgiques. Car sa digue cède, la butée qui retenait le ressort a lâché et avec une violence inouïe le nostalgique le prend en plein dans son égo. Comme un fouet, ce refus du noir de ne plus se regarder et regarder son histoire avec les instruments de l’autre, ce refus d’être considéré comme un objet ou un enfant dans la perspective la plus valorisante, flagelle l’idéologue négrophobe conscient et inconscient, qui perçoit cette tangente nouvelle empruntée par le noir comme une atteinte à sa personne, un vrai racisme à son endroit. D’ailleurs c’est la raison pour laquelle, le mouvement de négritude dont on sait qu’il n’a jamais rien prôné d’autre que l’acceptation de soi est, par les Nostalgiques, perçu comme un racisme anti-blanc. De la perte de contrôle et d’emprise d’une part, on assiste à la prise de conscience, à l’appréciation de ce que l’on est par soi et non plus comme l’autre le voudrait d’autre part. Puisque toute l’idéologie négrocide/phobe est fondée sur le renvoi d’une image négative du noir, produisant chez ce dernier un manque d’estime voire un déni de sa personne.

Ce jeu des prismes conflictuels comme je le nomme, par lesquels, la valorisation de tout ce qu’il fait, nécessite l’approbation et la validation du blanc (pour certains gênés par cette attitude et pour le Nostalgique, comblé à plus d’égards) pour que le noir soit convaincu du bien fondé de son action, de se savoir individu à part entière et le Nostalgique idéologue pour se confirmer dans son statut de guide, maître, attend du noir cette allégeance, cette soumission, cette adoration même. Tout ceci, à en juger les gesticulations des Nostalgiques, s’achemine vers son terme bien sûr avec leur malédiction. Acte de félonie devant l’éternel ! Le noir a compris qu’il fallait casser ce miroir, ce faisant briser les chaînes invisibles et visibles qui le maintiennent sous la domination afin de se projeter dans l’avenir et surtout améliorer son rapport avec lui-même et ensuite avec l’autre.

Les atavismes ont la peau dure. Il faut donc inventer quelque chose pour contrer toute tentative de reconstruction de sa personne, de son identité par le noir, quitte à se poser en victime imaginaire. La nouvelle trouvaille de nos Nostalgiques, rappelle à certains degrés des phénomènes tels que ce qui s’est passé dans le monde du football. Lorsque le joueur noir de son vrai nom Edson Arantes Do Nascimento dit Pélé a, par son talent, coiffé toute la planète football, il fallait quelques années plus tard créer un Pélé Blanc dans l’optique de montrer que le génie ne saurait provenir d’un individu dit noir. Cameroun berceau de meilleurs bassistes au monde, a également été la source d’inspiration d’un certain Jaco Pastorius (qui est très souvent venu au Cameroun s’inspirer) que l’on présente comme le dieu de cet instrument. Cela on ne le dira nulle part, car on brise le mythe, la légende. Des exemples sont nombreux. Bref il faut par quelques techniques, faire passer le noir pour un mimétique au plus.

Tout comme Cheikh ANTA DIOP éminent savant dont le travail sur l’historiographie Nègre et dans tous les domaines est sans commune mesure, continue d’être combattu par des égyptologues de pacotille et autres historiens Nostalgiques de petit acabit, dans la seule perspective de montrer la passivité, le non apport du noir dans l’histoire de l’humanité. Dès lors qu’il s’agit de redonner au noir sa place et son apport dans la longue histoire de l’humanité et dans d’autres domaines qui ne nécessitent pas que la force des « muscles » et encore, les Nostalgiques usent et abusent des stratagèmes pour tourner en dérision, incriminer voire annihiler cette démarche. Aidés bien sûr dans cet exercice par quelques individus pour qui la posture assignée au nègre ne dérange pas. Si le monde scientifique mondial a bousculé Cheikh Anta Diop, son noble fossoyeur n’était-il pas le président du Sénégal de l’époque ? On observe encore à ce jour ces comportements chez le noir.

Aujourd’hui, pour continuer à bénéficier de ces largesses, les Nostalgiques font feu de tout bois. Dans cette logique, le communautarisme des noirs et leur racisme anti-blanc sont les arguments pour faire pérenniser une idéologie agonisante, en panne d’arguments et en manque d’inspiration et mensongère. Le Nostalgique n’intègre pas la perspective d’avoir un dialogue, un rapport d’égal à égal avec le noir, il en est incurablement malade et réfractaire. On le voit particulièrement encore, depuis l’accession par exemple d’un afro à la tête des Etats-Unis, les actes de négrophobie prennent de l’ampleur. Tout est prétexte à l’accusation de racisme anti-blanc pour nos Nostalgiques, dès lors qu’un noir se refuse dorénavant à toute soumission à un système qui souhaite le voir à jamais dans une posture abrutissante et avilissante et du coup l’infériorisant comme c’est le cas jusqu’à maintenant.

« Le dialogue véritable suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité » et tant que cette maxime ne sera jamais appliquée, alors les Nostalgiques devront se faire du mauvais sang car le processus en marche s’inscrit dans ceux qui ne s’arrêtent que lorsqu’ils arrivent à leur terme. Alors que vive cette albophobie qui se veut rassembleuse et respectueuse des valeurs humaines quelque soit la couleur de notre peau.

1- La liste ne saurait être exhaustive, mais le lecteur fera ses recherches et la complétera.
2- * : Les racistes et racialistes qui continuent à sombrer dans leur hérésie de supériorité.

Jean-Jacques Dikongue


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