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"Les agitations déconcertantes des étrangers ne m'intéressent pas beaucoup..."

Publié le 29 mars 2008 par Rogerroger
L’ébauche du roman « Perdus dans Kaboul », abandonnée par Roger Roger quittant précipitamment Kaboul pour le Brésil, au printemps 2008, est tirée d’un fait divers :
à la fin de l’hiver 2004, deux jeunes routards européens avaient été retrouvés morts, violemment assassinés, dans un parc abandonné de Kaboul. Un crime jamais élucidé.
Le policier afghan en charge de l’enquête, le Commissaire Abdullah Qasemi, a répondu, plusieurs années après, aux questions d’un journaliste anglais, Soen J. Thompson, auteur d’un livre d’investigation sur Roger Roger.
"Soen J. Thomson : Commissaire, vous devez savoir que ce meurtre a donné lieu à un projet de roman, resté inachevé ?
Abdullah Qasemi : Vaguement. Les agitations souvent déconcertantes des étrangers dans mon pays ne m’intéressent pas beaucoup…
S. J. T. : L’enquête est-elle close aujourd’hui ? Qu’a-t-elle donné ?
A.Q. : La police afghane n’a pas vocation à mettre toutes ses ressources pendant des siècles sur un fait divers de la sorte. Je vous rappelle que des crimes se commettent tous les jours dans Kaboul. Ces deux touristes ont pris des risques inconsidérés en allant la nuit dans un endroit aussi mal famé…
S.J.T. : Connu pour être un lieu de prostitution ? De trafic d’héroïne ?
A.Q. : C’est vous qui le dites. La prostitution, Dieu soit loué, n’est pas une pratique courante dans mon pays, contrairement …
S.J.T. : Quoi qu’il se soit passé dans ce parc cette nuit-là, est-il prouvé que d’autres étrangers s’y trouvaient ? Je parle notamment de ce restaurateur français, qui a récemment fui le pays…
A.Q. : Je me répète peut-être, mais le comportement des étrangers ici ne cesse de me surprendre. Je sais que leurs rapports avec mes compatriotes sont souvent faussés, par les questions d’argent en particulier, mais aussi par des problèmes culturels, comme la place des femmes dans notre société, mais rendez vous compte, ce mélange de fascination et de répulsion, dans les deux sens, est explosif ! Sur l’affaire elle-même, j’ai peu de preuves, même si certains faits – comportements antimusulmans ; consommation de drogues et d’alcool ; groupe composé de jeunes Afghans des deux sexes et d’étrangers ; baignade collective ; lapidation… - soient quasiment avérés…
S.J.T. : J’ai pu lire le synopsis du roman de Roger Roger, le fameux restaurateur : on découvre que le commissaire afghan chargé de l’enquête travaille en fait pour les services secrets anglais… et sa mission est de surveiller le personnage – un Français, le narrateur de l’histoire – qui enquête lui-aussi sur le meurtre du parc ! Attendez… Pratiquement tout le monde dans cette histoire travaille pour les services anglais… Notamment nombre de personnages louches qui tentent de perdre le narrateur, de le mettre sur de fausses pistes… Le narrateur est un benêt, à qui une espionne, vaguement amourachée, confie une première mission facile, pour le tester (ou pour se débarrasser de lui…) : suivre un citoyen britannique en vadrouille, inoffensif et inconscient… Et le type, le Français, échoue lamentablement - perd l’Anglais dès les premiers jours. Il se sent ensuite coupable, hanté par son échec, par la perte de son amour, et patati…
A.Q. : Je ne lis jamais de romans… Et j’ai beaucoup de travail… Cet entretien est terminé."

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